JE SUIS CHARLIE !

C’est avec une immense tristesse que notre Fédération apprend l’effroyable carnage dont a été victime Charlie Hebdo.

Il faut savoir que ce courageux magazine est le seul hebdomadaire à interdire dans sa charte la promotion de la corrida qu’il qualifie d’indigne d’un pays civilisé. C’est également le seul journal à consacrer une rubrique chaque semaine à la cause animale grâce à sa journaliste Luce Lapin à qui nous pensons beaucoup dans cette terrible épreuve.

Avec ce lâche attentat, c’est l’essence même de notre démocratie qui est gravement atteinte par la faute du fanatisme : la liberté d’expression !

Charlie Hebdo, connu pour sa défense des plus faibles, avait, pour le CRAC Europe (voir la une du jour), association membre de la FLAC, fait réaliser par ses plus illustres dessinateurs des cartes postales dénonçant la corrida. Nous nous faisons un plaisir de vous les faire découvrir. Ces talentueux artistes savaient se rendre disponibles pour les causes humaines comme animales. Et évidemment celle de l’abolition de la corrida retenait leur attention, ce qui a valu à plusieurs associations leur soutien sincère. Parmi les artistes qui avaient dessiné ces cartes postales, 5 ont perdu la vie dans cette tragédie : Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et Honoré.

Bien évidemment, nous n’oublions pas les autres membres de ce journal ni les deux policiers qui ont été tués lors de cette fusillade. Nos pensées vont aussi vers leurs proches, leurs familles et leurs amis, ainsi que vers les blessés et toutes les personnes présentes lors de cette tuerie, profondément choquées.

Ci-dessous, dans l’émission L’Arène de France diffusée en direct sur France 2, Cabu était à nos côtés pour dénoncer la corrida (de 9,50 à 12 mn).

Sur cette photo, vous pouvez reconnaître Cabu, l’ancienne présidente du CRAC Europe, Patricia Zaradny, et l’actuel président de la FLAC, Thierry Hély.

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On ne vous oubliera jamais !


 

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Le 11 janvier, La FLAC était présente à Béziers, 2ème ville française taurine, afin de représenter cette cause qui était si chère à la rédaction décimée de Charlie Hebdo. Sous le regard noir d’aficionados biterrois… Ce qui n’aurait pas déplu à Cabu, Charb, Wolinski, Tignous, Honoré et tous les autres. 

Patrick FIORI, le revirement ?

En octobre 2006, lors d’une émission télévisée de Michel Drucker, membre du comité d’honneur de la FLAC, le chanteur Patrick Fiori signe avec conviction la pétition du CRAC pour l’abolition de la corrida. Voir l’article de La Provence.

Avant d’apposer sa signature, le chanteur fait le commentaire suivant : “C’est tellement évident que je signe !  C’est trop horrible !”.

Mais voilà, il y a quelques semaines, Patrick Fiori sort un clip afin d’illustrer sa chanson “Choisir”. Et, surprise, que voit-on dans ce clip tourné dans les arènes de Béziers ?  Une véritable apologie de la corrida…

Alors question : Pourquoi, malgré sa signature, Patrick Fiori a-t-il choisi comme métaphore à sa chanson, la corrida ?  N’y avait-il donc pas d’autres exemples pour exalter le courage quand, au cours de sa vie, on est amené à faire un choix crucial ? Et en plus, sans doute le plus grave, les images de ce clip sont particulièrement édulcorées et ne montrent que des scènes outrageusement esthétisées. Rien à voir avec les atrocités des corridas !

Compte tenu de la notoriété de ce chanteur à succès, cet amalgame est très choquant. Surtout auprès des jeunes…

Nous allons contacter les attachés de presse de Patrick Fiori afin d’avoir une explication et de les sensibiliser sur l’image désastreuse qui sera désormais accolée à leur chanteur.

Le producteur de Patrick Fiori répond dans le Midi Libre. C’est tout de même un clip très maladroit qui laisse un goût amer…

 

Gilbert Collard relève le défi de la FLAC !

A la veille des toutes prochaines Ferias qui se dérouleront à Arles et à Nîmes, le député aficionado Gilbert COLLARD et le criminologue Jean-Pierre BOUCHARD, membre du comité d’honneur de la FLAC, acceptent de débattre médiatiquement sur la corrida. La date reste à fixer.

Nous précisons que c’est la FLAC qui demande ce débat et non Jean-Pierre BOUCHARD.

Voir ci-dessous les échanges de mails de ces deux personnalités à propos de ce débat contradictoire qui sera, sans aucun doute, compte tenu de leur fonction et de leur tempérament, particulièrement intéressant…


 mercredi 3 septembre 2014

Chère Madame,

Comme convenu ce jour avec vous au téléphone, je vous confirme la volonté de la FLAC de vouloir débattre médiatiquement avec Monsieur le député Gilbert Collard au sujet de la corrida.

Dans ce but, le criminologue Monsieur Jean-Pierre Bouchard, membre du comité d’honneur de la FLAC serait d’accord pour confronter ses idées avec celles de Monsieur Gilbert Collard sur ce sujet dans un débat contradictoire télévisé, par exemple.

Dans cette perspective, en fonction des plannings respectifs, Monsieur Gilbert Collard pourrait-il nous donner son accord de principe ?

Merci à l’avance pour votre réponse.

Bien cordialement

Thierry Hély
Président de la FLAC


 vendredi 5 septembre 2014

Cher Monsieur,

J’ai soumis votre demande à Monsieur le Député qui n’y est pas opposé.
Toutefois, en raison de son planning , cet échange ne pourra se faire dans l’immédiat .
Cordialement.

Annie LLORET pour
Gilbert COLLARD
Député du Gard, 2ème Circonscription


vendredi 5 septembre 2014

Chère Madame,

Merci pour votre réponse.

J’en informe Monsieur Jean-Pierre Bouchard en lui transférant votre courriel.

Cordialement

Thierry Hély


Bonjour,

Pour moi c’est pareil, ça ne peut pas être dans l’immédiat car je suis actuellement à l’étranger. On se tient donc au courant pour la suite.

Bien cordialement.

Jean-Pierre Bouchard

Le criminologue Jean-Pierre BOUCHARD intègre la FLAC !

Jean-Pierre BOUCHARDJean-Pierre BOUCHARD, psychologue et criminologue (docteur en psychologie et en droit), spécialiste des agresseurs et des victimes, intègre le comité d’honneur de la FLAC. Voir sa fiche sur Wikipédia.

Jean-Pierre BOUCHARD, rencontré aux dernières Journées d’été d’EELV qui se sont déroulées à Bordeaux est très aguerri aux interventions médiatiques.

Au nom de la FLAC, un grand merci à Jean-Pierre BOUCHARD !

Un célèbre photographe taurin interdirait les corridas.

Enrique VillasenorLe photographe Mexicain Enrique Villasenor a été un grand aficionado et maintenant  il est abolitionniste, ou comme il préfère évolutionniste : “J’en suis arrivé à un moment de ma vie où je ressens plus la douleur d’un animal qui souffre que le plaisir que j’ai pu avoir”.
Entre 1933 et 1994 Villasenor a réalisé dans les célèbres arènes de Mexico un essai en photographie intitulé “Toute la vie et toute la mort”Selon ses mots « une évocation de la fête du courage à la limite de l’art, de la beauté, de la culture et de la barbarie.

Nous publions quelques photos de cette série et une interview de son auteur. Nous mettons en valeur la possibilité d’évoluer depuis la culture d’origine reçue vers l’honnêteté de la remise en question.

Enrique Villasenor est un photographe, journaliste et architecte Mexicain. Il a été président du Conseil.

Mexicain de la photographie. Il a fondé et développé l’exposition bisannuelle de photo-journalisme à Mexico, qui a déjà connu six éditions. Il est le promoteur du forum ibéro-américain de photographie, dont il a été le directeur académique. Comme représentant du SELA (Système Economique Latino-américain et caribéen) il a réalisé des reportages et des documentaires sur toute l’ Amérique latine. Il a également participé à des expositions individuelles et collectives sur les cinq continents, et a représenté le Mexique dans de prestigieux concours internationaux de photographie. Il prépare actuellement une série de publications multimédia sur la photographie, l’architecture et le multimédia avec l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM)

Pourquoi votre essai photographique Toute la vie, toute la mort  ?

– La photographie est avant tout un moyen de communication. Elle communique ce que tu vis. Je ne peux concevoir de photographe dont la photographie est séparée de sa vie. Quand c’est ainsi il s’agit d’une photographie non aboutie, qui s’est arrêtée à mi chemin , car c’est ce que tu es qui se connecte avec le public. J’ai toujours considéré la tauromachie comme l’expression d’une culture, d’un art, d’un témoignage de ce qu’est la société dans l’histoire.

Au delà des couleurs, de la musique, ces images m’ont donné beaucoup de plaisir.

Allez-vous toujours aux corridas ?

– Non, je n’y vais plus.

Pourquoi ?

– Parce que je suis arrivé à un moment de ma vie où je ressens plus la douleur d’un animal qui souffre que le plaisir que j’ai pu avoir.

Parlez-moi de ce plaisir…

– C’est un mélange d’éléments qui donne un résultat esthétique et émotionnel. J’ai profité de ces contradictions : la beauté et la cruauté, la culture et la barbarie, tant et si bien que dans mon adolescence j’ai voulu être torero. Je n’y suis jamais arrivé.

J’ai toréé des vachettes et cela n’a pas été une source de plaisir. Cela a constitué une étape où j’ai senti que la tauromachie était pour moi liée à un rêve qui m’a amené à bénéficier d’une série de valeurs esthétiques : la danse, la musique, la poésie, la peinture. Il y a aussi un lien entre l’histoire et les conflits sociaux : A l’époque de l’Espagne franquiste par exemple la corrida servait à calmer la violence du moment, d’une certaine manière.

Avec les corridas canalise-t-on une violence qui, si non, pourrait se tourner contre les humains ?

– Je en sais pas. J’ai beaucoup pensé à la violence naturelle de l’homme. D’une façon ou d’une autre l’enfant est violent dans son innocence. Il dépasse peu à peu cette violence que nous, adultes, transformons en une pensée plus rationnelle. A un moment j’ai pensé que la tauromachie pouvait exprimer ces impulsions naturelles, mais j’ai des doutes.

Que pensez-vous des enfants qui assistent à ce spectacle ?

– Ce n’est pas un spectacle pour enfants. On ne doit pas inciter un enfant à y aller.

Seriez-vous pour l’interdiction de l’entrée des mineurs aux arènes ?

– Oui, je suis d’accord qu’ils n’y assistent pas, bien sûr. Donc s’il faut qu’on l’interdise, qu’on le fasse.

Que pensez-vous des écoles taurines où très jeunes des enfants apprennent à toréer des animaux aussi très jeunes ?

– Je crois que les écoles taurines frisent le ridicule . Il est impossible qu’un enfant puisse comprendre la tauromachie, qui ne se résume pas à prendre sa petite cape et faire un petit tour. La tauromachie est liée à ce qui se passe dans ton milieu, dans ton pays, dans ta famille. L’enfant est forcé à faire quelque chose à quoi il n’est pas préparé. Cela me paraît une aberration.

Si on n’apprend pas à toréer enfant est-il possible d’apprendre à l’âge adulte ?

– Bien sûr. Mais si cela change, si cela évolue, les enfants ne voudront plus faire cela, ils feront d’autres choses : de la musique, de la peinture… Mettre en évidence la conscience évolutionniste envers ces enfants est une bonne chose. Car nous les adultes nous sommes déjà empoisonnés comme disent les aficionados : je ne pourrai jamais plus faire des cabrioles et sentir le plaisir du combat avec le taureau à travers ces « revoleras” (passes à une main), « medias veronicas » (passes à deux mains pour faire changer le taureau de place). Je mourrai avec cela, je me fais à l’idée que je devrai renoncer à cela. C’est comme l’idée que je ne peux pas manger de crevettes, même si je les adore, parce qu’elles me donnent des allergies

Que croyez-vous que nous devons faire maintenant ?

– La situation du monde est en train de changer. Mon pays par exemple est en train d’être détruit par la violence. Dans la “fiesta brava” comme dans d’autres aspects de la culture mexicaine (les combats de coqs, les combats de chiens) il existe une grande violence. Et je crois que c’est le moment d’en terminer avec toutes ces manifestations de violence, quelles qu’elles soient.

Doit-on interdire les corridas ?

– Oui, mais il ne s’agit pas de rompre. On ne devrait pas considérer cela comme une disparition, mais comme une évolution. C’est pourquoi je ne dis pas abolitionniste mais évolutionniste. Comment ? Avec l’interdiction, car les choses évoluent à travers les lois.

Croyez-vous que la tauromachie du XXIème siècle soit une tauromachie de musée, qu’elle doive rester dans les musées ?

– C’est une possibilité pour cette évolution. J’imagine une tauromachie virtuelle, digitale, ou peut être représentée. La tauromachie de salon (avec un taureau imaginaire) est très belle. Moi qui n’ai plus ni la taille, la prestance ou l’allure d’un picador je me mets à combattre avec un taureau imaginaire et j’en profite. Je crois qu’au Portugal on leur met des petits coussins au garrot pour leur planter des banderilles. Mais la base de la tauromachie se perd car elle est liée à ce rythme, à ces étapes des banderilles, du picador.

Si on éliminait les banderilles ou le picador, le taureau ne s’affaiblirait pas et ne serait pas si vulnérable.

– Toréer serait alors impossible.

Savez-vous ce qui est en train de se passer en Espagne avec le gouvernement actuel qui encourage et exalte la tauromachie à travers des lois, des mesures de protection et des subventions ? Ils vont jusqu’à envisager que l’UNESCO puisse déclarer la tauromachie comme Patrimoine Immatériel de l’Humanité.

– Il y a 2 facettes. On peut comprendre comment à partir d’une analyse professionnelle, de la signification historique parce que l’Histoire est un patrimoine (si tu écoutes un poème de Gabriela Ortega sur la mort de Manolete, c’est un patrimoine historique évidemment). Mais si tu le fais pour attirer les touristes ça devient un outil économique qui n’a plus de sens. Je ne connais pas les détails, mais je peux supposer que la motivation du gouvernement espagnol est liée en grande partie au patrimoine économique que détient ce monde de la corrida. Que se passerait-il en Espagne s’il n’y avait pas de corridas ? Où emmènerait – on  les touristes ?

Il y a des gens qui paient une cotisation pour protéger les baleines, les pandas… Ces gens deviendraient-ils fondateurs d’un sanctuaire de taureaux de combat ?

– Oui, bien sûr. Mais les éleveurs devront-ils élever et faire se reproduire les taureaux de combat de la célèbre race « miuras » pour que les touristes puissent les voir ?

Vous n’iriez pas voir des taureaux dans les pâturages s’il s’agissait d’espaces protégés ?

– Si. Ce sont de très beaux endroits. Mais je n’irai jamais plus voir des taureaux dans des manifestations taurines. Le taureau de combat est un animal construit artificiellement par l’homme pour finir son existence dans les arènes. Son comportement doit être très différent de celui qu’il devrait avoir naturellement dans les pâturages. Ce comportement est impressionnant.

C’est le comportement de quelqu’un que l’on provoque violemment ?

– Oui, évidemment.

Croyez-vous que cette violence de la tauromachie vienne d’une visions du monde machiste ?

Je connais le monde taurin et le machisme et l’ignorance sont ses principales caractéristiques. Il y a énormément d’ignorance. Il y a très peu d’analyse, et de la superstition à outrance. Mais on ne peut pas juger sans savoir car dans le peuple il y a beaucoup d’ignorance également, mais aussi beaucoup de sagesse. Le paysan n’a pas besoin d’aller à l’université pour être sage. « Je t’achèterai une maison quand j’aurai réussi » disait El Cordobés à sa mère, ou, « tu porteras le deuil pour moi”.  C’est quelque chose de profond et de très intense.

Le titre de mon essai photographique “Toute la vie, toute la mort”, est une phrase de Louis Spota, auteur du roman “La faim donne plus de coups de cornes”, qui raconte l’histoire d’un piètre torero.

Les chevaux sont les grands oubliés de la douleur de la tauromachie. Nous nous référons toujours à la souffrance des taureaux. Est-ce la raison pour laquelle vous aviez voulu photographier des chevaux ?

– Non. J’étais un journaliste graphique, je rédigeais des nouvelles sur la “fiesta brava” et j’ai essayé de faire un essai visuel. Je n’avais même pas les noms des toreros, je ne m’en suis jamais inquiété. C’est un très long essai comportant des milliers de photos. Les essais sont des travaux qui demandent beaucoup de temps à penser, méditer, planifier, comme celui que j’ai réalisé sur la paralysie cérébrale, qui m’a pris quinze ans de préparation. Par contre c’est l’essai sur les chevaux qui a été le plus court. Il ne m’a pris que quinze à vingt minutes. J’étais dans les arènes quand j’ai vu qu’on arrosait ces chevaux avec une lance à incendie dans une cour intérieure et on leur jetait de l’eau et de grosses gouttes leur tombaient dessus. Le soleil les illuminait d’une telle façon que je pensais que c’était merveilleux. J’ai oublié les taureaux, la corrida, j’ai oublié les chevaux et j’ai tout oublié. Ce qui était merveilleux c’était les gouttes d’eau et le soleil.

Pourquoi vos photos sont-elles en noir et blanc ?

– Tout mon essai sur les corridas est en noir et blanc, car le noir et blanc est une forme de communication qui n’apporte pas la distraction que procure la couleur. Il semble que la couleur soit très importante mais je profite de la beauté du noir et blanc. Je vois depuis le début les photos en couleur ou en noir et blanc. Maintenant avec le numérique on peut faire une photo couleur et la passer ensuite en noir et blanc, mais on doit l’avoir vue en noir et blanc.

C’est curieux car avec le noir et blanc on ne voit ni les couleurs de l’habit de lumière ni le sang du taureau…

– Non, mais on voit l’essentiel : le soleil et l’ombre, la lumière et l’obscurité, la beauté et l’horreur. Si je vois les couleurs de la cape, qui sont très belles, je me laisse distraire et ne vois pas ces contrastes.

Croyez-vous que le moment est venu où les aficionados et anti-corridas puissent s’assoir ensemble et parler de façon raisonnable ? Est-ce que cela servirait à quelque chose ? Il y a deux camps, et il y a une guerre.

– On doit partir d’un rapport commun. Chacun de son côté a des armes très puissantes contre l’ennemi mais on ne va pas en arriver à une quelconque conclusion car l’arme la plus puissante est l’économie. On ne va pas changer les choses par idéologie. Difficile aussi de trouver une conciliation. Si nous recherchions le dialogue, cela serait très productif dans le domaine social, idéologique et émotionnel. Mais à partir du moment où les camps ne sont plus d’accord et qu’un d’entre eux commence à perdre de l’argent, l’accord est terminé. Le problème est que les intérêts économiques sont plus forts que les intérêts idéologiques.

Quelle est la situation de la tauromachie au Mexique ?

– Les groupes de pouvoir sont en train de faire plus pour la disparition de la “fiesta brava” (la corrida) que les évolutionnistes. Avec la commercialisation et la corruption, Herrerias (Rafael Herrerias Olea, directeur des Arènes Monumentales de Mexico depuis 1992) est en train de blesser à mort la tauromachie. Seuls ces groupes vont mourir.

En Espagne la tauromachie vit des subventions et les plus grands cas de corruption sont liés de façon plus ou moins importante au commerce de la corrida : Malaya, Gurtel.

– Si nous faisions des recherches sur l’économie de la corrida, nous aurions de grandes surprises sur la provenance de son argent. Personne ne peut expliquer comment il est possible de garder cette armée d’employés dans les Arènes de Mexico, qui sont vides car les affiches ne donnent pas envie d’y aller. L’aspect économique est un point d’analyse important pour l’évolution. Economiquement parlant les pro corrida sont très puissants. C’est pourquoi j’insiste sur la nécessité de fermer les arènes aux enfants. C’est une nécessité et une stratégie : interdire l’accès aux mineurs.

Comment votre entourage vit-t-il votre évolution personnelle ?

Je reçois des attaques très violentes. Certains de mes amis taurins me disent que je suis en train d’adopter une position pratique, politiquement correcte, dans un lieu où je n’ai pas de problèmes.

Cependant je suis en train d’ouvrir une voie car d’autres amis , y compris des photographes taurins, me donnent raison et me disent qu’ils ressentent la même chose concernant la souffrance des animaux. La tauromachie est une source d’inspiration, une source de jouissance, de plaisir. Mais aussi, sans doute, une source de douleur. Le dilemme se trouve dans l’union de l’esthétique et de l’éthique : si au mot esthétique on enlève quelque lettres ce mot devient  éthique ; et au contraire si on ajoute quelques lettres à éthique on obtient simplement esthétique.