L’ONU interpelle la France sur les enfants assistant aux corridas !

Une étape capitale pour nous vient d’être franchie. Après avoir invité le Portugal, la Colombie et le Mexique à tenir les mineurs à l’écart de la corrida, le 13 et 14 janvier 2016, le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU vient de renouveler cette recommandation pour le Pérou ET… POUR LA FRANCE !

Voir tous les détails dans l’article extrait du blog du Collectif de psychiatres et de psychologues PROTEC.

La Fondation 30 millions d’amis, membre de la FLAC, relaie également cette information de la plus haute importance grâce au travail de la Fondation Franz Weber. En 2003, Le Crac Europe avait participé à l’une de ses conférences.

Etant basée à Agde, la FLAC avait interrogé dans sa région, entre autres, les 4 candidats aux dernières élections régionales au sujet de cette problématique enfants/corrida. Il s’agit de la Région Languedoc Roussillon/Midi Pyrénées (Région très taurine…). Nous avions obtenu une réponse de celle qui fut élue à la tête de cette région : Carole DELGA. L’ancienne ministre nous avait répondu reconnaître les très vraisemblables traumatismes pour les enfants assistant à une telle barbarie. Et si, elle était élue, serait favorable à une information objective sur tous les aspects de la corrida, sans la censure, destinée aux parents souvent ignorants…

Ces conclusions de l’ONU ne pouvaient pas mieux tomber !

Espagne : la corrida en chute libre !

Les chiffres de l’année 2015 ne laissent planer aucun doute sur le nombre de spectacles tauromachiques organisés en Espagne : c’est l’effondrement !

De 2014 à 2015, le nombre de spectacles d’actes de cruauté et sévices graves sur bovins a diminué de 13 %, passant de 1512 en 2014 à 1418 cette année.

Selon les catégories la chute est plus ou moins marquée, mais reste toujours importante. La corrida « classique » baisse de 6 %, la corrida « de rejon » (à cheval) dépasse elle les – 13 %, les novilladas mettant en scène le supplice de très jeunes taureaux vont jusqu’à chuter de plus de 28 % !

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(source : “la economia del toro”)

Le mundillo espagnol désigne clairement la multiplication des interventions politiques abolitionnistes comme responsable de ce déclin spectaculaire. C’est un fait que cette année 2015, avec l’entrée sur la scène politique espagnole d’un mouvement tel que Podemos et la décision de nombreuses municipalités de mettre un terme aux subventions publiques versées à la tauromachie a nécessairement pesé sur ces chiffres dont nous nous réjouissons. Mais ce n’est pas tout, puisque ce résultat vient confirmer le déclin constant engagé depuis plusieurs années (depuis 2007 plus précisément) : seule l’année 2014 avait vu se produire un modeste sursaut taurin avec un nombre de spectacles en augmentation légère depuis 2013. La « reprise » fantasmée par le lobby tauromachique aura été de très courte durée et 2015 vient rappeler les adeptes de la torture animale à la réalité des chiffres. En 8 ans, le monde de la corrida a du se résoudre à voir disparaître plus de la moitié du nombre de ses spectacles sanguinaires !

L’annonce de ce recul spectaculaire du nombre de spectacles vient également renforcer le récent rapport diffusé en Espagne, qui met à terre le mythe de la corrida « créatrice d’emplois » en démontrant que la filière de la corrida n’est en rien la source d’emplois et de richesses pour la communauté que le lobby taurin tente de mettre en avant. La très grande majorité des professionnels n’a aucune activité régulière, voire pas d’activité du tout. Maintenue la tête hors de l’eau en Espagne à grands coups de subventions publiques (de la part de l’État, et également de la part de l’Europe), la corrida n’est pas un “plus ” pour la société : elle est en réalité une charge supplémentaire, à laquelle s’ajoutent son caractère de plus en plus impopulaire et sa crauté archaïque…

L’Espagne nous montre la voie !

Depuis l’annonce de l’abolition de la corrida en Catalogne en 2010, la lutte contre la barbarie tauromachique n’a pas faibli en Espagne. Depuis quelques temps les résultats deviennent enfin palpables, et les dernières élections municipales et provinciales sont venu renforcer cet état de fait.

De l’autre côté des Pyrénées le principal soutien de la corrida est essentiellement le Partido Popular, au pouvoir, qui depuis des années veille sur le maintien et la protection de la corrida face à la montée en force de ses opposants. De plus en plus critiqué pour sa politique d’austérité (mais bien moins économe des fonds publics dès qu’il s’agit de subventionner la tauromachie avec l’argent des contribuables) et impliqué dans de multiples malversations et scandales de corruption, les récentes élections de mai 2015 ont vu le PP, sa politique et son goût pour les « affaires » se faire lourdement sanctionner. De nouvelles formations et coalitions se sont imposées, particulièrement le parti Podemos, et ont ainsi ouvert le champ à la mise en place de politiques plus libres et éthiques, notamment concernant la question animale, et la tauromachie en particulier.

La mise en parallèle des situations françaises et espagnoles est d’ailleurs particulièrement significative du caractère manipulateur et mensonger du discours tauromachique : tandis qu’en Espagne la promotion de la corrida est une arme du pouvoir central destinée à s’imposer aux identités provinciales et locales et à uniformiser ces communautés dans un culte commun de la corrida, vaille que vaille et à n’importe quel prix, en France, la corrida est à  l’inverse, présentée par le lobby taurin comme l’expression de particularismes régionaux menacée par l’uniformisation ! Un discours d’ailleurs souvent nauséabond tant il tire sur les grosses ficelles identitaires et communautaristes et s’en prend régulièrement à tout ce qui est autre, étranger, « pas de la ville », « pas de la région » en n’hésitant pas à pointer du doigt les « locaux » opposés à cette barbarie désignés comme des citoyens de seconde zone qui auraient tout intérêt à aller habiter ailleurs…

En Espagne, un changement important consiste en la volonté d’un nombre grandissant de municipalités de mettre un terme aux subventions versées à la tauromachie. Certaines villes refusent désormais que les arènes municipales soient utilisées pour des spectacles impliquant des actes de cruauté et sévices graves sur des animaux. D’autres ont décidé de mettre en place des référendums afin de soumettre au vote de la population la possibilité d’interdire la corrida. Nous n’allons pas ici dresser une liste exhaustive de toutes les communes concernées, mais nous allons plutôt détailler quelques cas particulièrement marquants de cette évolution de la société espagnole et de ses citoyens et élus vis à vis de la corrida.
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Madrid : la capitale espagnole s’est dotée d’une nouvelle équipe municipale lors des dernières élections. C’est désormais une figure du mouvement des « indignés », Manuela Carmena, qui est à la tête de la ville. Et parmi ses premières annonces figure l’arrêt de toutes les subventions publiques liées à la tauromachie, ainsi qu’aux écoles taurines ! Un coup dur pour la corrida car c’est là la voix de la capitale, la plus grande ville du pays qui abrite aussi les principales institutions politiques, dont le siège du gouvernement, le parlement espagnol ou même le palais royal ! Un symbole très fort qui ne s’arrête pas à la seule tauromachie puisque Manuela Carmena a également annoncé sa volonté de faire de Madrid une ville officiellement “amie des animaux”…

La Corogne  : il s’agit là d’un cas particulièrement exemplaire. Une longue et courageuse campagne a été menée depuis plusieurs mois par les abolitionnistes en Galice. Pétition, rassemblement de protestation, manifestations, rencontres avec politiques et médias… L’énergie et le temps dépensés sans compter ne l’ont pas été en vain. La nouvelle municipalité a rapidement annoncé après son élection avoir pris la décision de mettre immédiatement un terme au contrat passé pour l’organisation de corridas. La rupture du contrat a été immédiate, et dès cet été, la ville se voit libérée de ces sanglants et tristes spectacles !

Majorques : la communauté autonome des îles Baléares semble elle aussi en bonne voie vers la fin totale de la corrida. Là aussi c’est une longue campagne abolitionniste qui se voit enfin couronnée de succès. Plus de 20 villes majorquines se sont déclaré en quelques mois « villes anti-taurines », et le 30 juillet dernier c’est la capitale, Palma, qui s’est officiellement déclarée elle aussi “ville anti-taurine”  ! Il s’agit là d’un événement particulièrement significatif car même si depuis quelques années les corridas de Majorque ne sont plus auréolées de la « gloire » du passé, elles ont longtemps été considérées comme faisant partie des plus importantes d’Espagne… Cette année malheureusement encore la barbarie des arènes sera à l’oeuvre : les arènes sont privées et les contrats déjà conclus pour les corridas de l’été. L’année prochaine verra peut être la fin de la corrida à Palma : la ville logiquement ne renouvellera pas la licence accordée aux propriétaires. La municipalité entend d’ailleurs proposer au parlement des Baléares d’interdire purement et simplement la corrida dans tout l’archipel.

Villafranca de los Caballeros : cette petite commune de la région de Tolède a pris une décision très remarquée. La municipalité vient en effet de faire le choix de privilégier l’éducation des enfants plutôt que des spectacles mettant en scène la torture animale ! Les subventions à la tauromachie sont supprimées, et les sommes qui y étaient affectées seront désormais consacrés à l’acquisition de matériel scolaire, et notamment de livres pour les enfants de la commune. Cette annonce a rapidement dépassé le cadre local et provincial pour être relayée internationalement dans de nombreux médias. La publicité faire à cette décision constructive et généreuse est une nouvelle preuve du rejet généralisé de la corrida.

Les communes prenant le partie de mettre un terme au soutien à la tauromachie en Espagne sont encore peu nombreuses face à toutes celles où cette horreur continue non seulement à sévir, mais aussi à le faire en puisant dans les fonds publics. Mais le vent du changement et de l’évolution a commencé à souffler et les cas cités (ainsi que tous ceux dont nous n’avons pas parler mais qui sont également courageux) ont force d’exemple et nous ne doutons pas que d’autres villes suivent cette voie, en prenant ainsi conscience qu’elles peuvent elles aussi en finir avec les pressions du lobby taurin, et ce avec le soutien de nombreux citoyens, d’organisations actives et reconnues, de politiques et de médias ! D’autant plus que le mythe d’une corrida créatrice de nombreux emplois a été récemment totalement démonté dans un rapport détaillé et diffusé par une organisation de vétérinaires espagnols…

Il est grand temps qu’en France aussi des élus prennent enfin leur courage à deux mains et se désolidarisent de la corrida, une pratique toujours plus contestée et qui dans notre pays également pèse sur les finances publiques tant par le biais des subventions, que des « petits cadeaux » faits aux organisateurs, ou même à l’implication de plusieurs figures importantes de la corrida dans des affaires de fraude à la TVA !

Au nom de l’éthique et d’une grande majorité de français favorable à l’abolition des corridas, sud de la France compris, il faut que cela cesse !

Le patrimoine fantasmé de la tauromachie

L’enjeu patrimonial, culturel et philosophique a toute son importance pour la corrida, dont les spectateurs sont souvent avides de légitimité et de reconnaissance face à une opinion publique très majoritairement hostile à ces sinistres spectacles qualifiés d’ « actes de cruauté et sévices graves » par notre code pénal.

La grande majorité des historiens et spécialistes s’entendent désormais pour trouver la naissance de la corrida au 16ème siècle, à Séville, où des bouchers commencent à présenter à la population le spectacle de pauvres bovins pourchassés et harcelés avant d’être mis à mort. Les animaux paniqués chargent leurs agresseurs, qui les esquivent. Ainsi « viennent au monde » les premiers toréros sous les encouragements d’un public avide de spectaculaire brutal et sanguinaire. Au fil des ans, des règles vont se mettre en place progressivement, jusqu’à aboutir à la présentation au public de spectacles codifiés se déroulant dans des arènes et qui constituent par eux-mêmes un commerce lucratif.

Pendant longtemps, le plus gros du monde taurin ne s’encombrera pas de considérations à prétentions artistiques ou intellectuelles et présentera sa cruauté et sa violence en pleine lumière : chevaux éventrés, accidents parfois mortels des toréros à pied ou à cheval, tentatives de faire s’affronter les taureaux avec d’autres animaux. On donne à la foule tout le sang qu’elle réclame, et on n’hésite pas à annoncer par voie d’affichage les pires cruautés afin de remplir les gradins !

C’est en très grande partie au 20ème siècle que va se mettre en place un mouvement destiné à apporter à la barbarie des arènes un vernis intellectuel qui pourra apporter l’illusion d’une légitimité culturelle et masquer partiellement la réalité de la sauvagerie tauromachique derrière l’illusion et le fantasme…

A ce jeu, tout est bon. Comme l’écrit très justement Marc Fabre dans son ouvrage “Les mythes tauromachiques”, « confondant analogie et filiation, les spéculations affluent ». Tout y passe, jusqu’au culte de Mithra !

Récemment, une nouvelle étape a été franchie par un lobby taurin qui au 21ème siècle continue fébrilement à se chercher une respectabilité qu’à ses yeux aveuglés par la notion de « tradition , seule l’invocation de racines millénaires pourrait apporter. Incapable de se défendre sur le plan de l’éthique et de la morale, la corrida a besoin de s’imaginer une filiation à très long terme pour y puiser sa défense. Nous l’avons déjà signalé, c’est désormais Lascaux qui est la cible d’une tentative de récupération d’un des plus magnifiques pans de notre patrimoine commun. Alertés par la FLAC sur ce sujet, de nombreux spécialistes et intervenants directement concernés ont découverts avec effarement la dernière lubie tauromachique : s’inventer une origine préhistorique de la corrida !

Le lobby taurin français est dans sa majorité contrôlé par un « observatoire » qui s’est signalé à plusieurs reprises par ses méthodes douteuses, avec à sa tête un président, André Viard, au discours tout aussi douteux. Pour exister et continuer à se voir reconnaître par ceux qu’il entend représenter, il est évident que André Viard et son « observatoire » ont besoin de faire du bruit, de gesticuler. En appeler à une grotesque origine pariétale de la corrida fait de toute évidence partie de cette stratégie.

Mais le grotesque peut lui aussi s’avérer vicieusement dangereux. N’oublions pas que c’est notamment en s’avançant parée de sa mythologie philosophico-culturelle largement fantasmée que la corrida a pu un moment se voir inscrite à l’inventaire de notre Patrimoine Culturel Immatériel. Une inscription elle aussi opérée dans des circonstances douteuses, et à l’initiative de l’ONCT…

Récemment, les autorités ont par la voix de la Cour d’Appel Administrative de Paris, établi officiellement que la corrida avait été retirée de l’inventaire du PCI. Inscrite presque en catimini, derrière le dos du ministre de la Culture de l’époque (Frédéric Miterrand), la corrida a été désinscrite dans la plus grande discrétion… L’arrêt rendu par la justice fait même remonter sa désinscription à 2011 ! Décidemment, quelques soient les parties concernées, il semble que la corrida soit implicitement ou explicitement considérée comme une « pratique honteuse » !

Avec le retrait de la corrida de l’inventaire du PCI, c’est le rêve taurin d’une hypothétique inscription au patrimoine de l’UNESCO qui disparait. Et avec lui un des axes de communication de l’ONCT. Si on y ajoute le grotesque de cette tentatve de récupération de Lascaux, le comble est atteint. 

La corrida patrimoine de l’humanité, la corrida multimillénaire de Lascaux, le taureau « machine à combattre » honoré de se voir supplicié dans l’arène… Les sociétés évoluent mais les « valeurs » de la tauromachie restent engluées dans le fantasme, l’illusion manipulatrice et le mensonge.

Finalement, ces mythes que le ridicule ne semble pas arrêter ne seraient-ils pas la plus grande faiblesse de la corrida ?

La corrida n’est plus inscrite à l’inventaire du Patrimoine !

Le 4 juin, une décision de la Cour Administrative d’Appel de Paris a été rendue publique et est venue modifier de manière importante la situation de la corrida en France. Dans un arrêt daté du 1er juin et émis au terme d’une longue bataille juridique, les juges de cette autorité administrative venaient confirmer ce que certains savaient déjà, ce que d’autres envisageaient dans l’attente d’une décision et ce que l’immense majorité des abolitionnistes et des défenseurs des animaux et de la justice espéraient : la corrida radiée de l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel de la France !

Inscrite en 2011 à l’inventaire du PCI dans des conditions douteuses (le Ministre de la Culture de l’époque, Frédéric Mitterand, n’ayant pas été consulté) par des fonctionnaires du Ministère de la Culture ayant notamment à leur tête Philippe Bélaval (aficionado membre fondateur  de l’ONCT, un organisme de pression tauromachique). Cette inscription avait à l’époque été à l’origine de très nombreuses réactions scandalisées.

Plusieurs actions en justice menées par des associations de défense des animaux et anticorrida ont été menées, et au final la procédure entamée et très intelligemment menée par le CRAC Europe (association membre de la FLAC) et Droits des animaux a permis d’obtenir un arrêt officialisant le fait que la corrida n’était plus inscrite à l’inventaire du PCI.

Comment la corrida peut-elle être désinscrite ? Par la « disparition » de ce qui constitue la nécessaire publicité de son inscription : une « fiche d’inventaire », ou à défaut sa mention dans une liste officielle mise à disposition par le Ministère de la Culture et de la Communication (cette procédure fait partie des indications données par l’UNESCO aux états engagés dans un recensement de leur patrimoine culturel via ces inventaires). Mise en ligne au moment de l’annonce de cette inscription, cette fiche a ensuite rapidement disparue du site officiel destiné à rendre publics et disponibles les différents inventaires du patrimoine national. Amené à s’exprimer à plusieurs reprises sur cette étrange disparition, les représentants du MCC ont multiplié les déclarations floues : problème internet, refonte du site (pendant 4 ans !), voire volonté de ne pas diffuser cette fiche afin de ne pas subir l’ire de citoyens outrés par cette inscription ! Cette confusion n’a pas plaidé en faveur du lobby tauromachique (représenté dans cette procédure par l’ONCT et l’Union des Villes Taurines Françaises. Au vu de l’ensemble des éléments présentés, la Cour Administrative d’Appel de Paris a conclu à la désinscription de fait de la corrida, et ce depuis mai 2011 ! Car c’est bel et bien en mai 2011 que la fiche d’inventaire qui constituait la seule preuve et trace d’une inscription au PCI a disparue…

Après une première salve de réactions insultantes venant des taurins (qualifiant de « menteurs » les abolitionnistes et par extension les juges de la CAA), le lobby tauromachique a pris en toute urgence la décision de se pourvoir en cassation auprès du Conseil d’Etat. Ce qui ne constitue pas une surprise puisque le président de l’ONCT l’avait d’ailleurs annoncé par avance sur son site, tant la décision de la CAA de Paris semblait logique ! Dans l’attente de la décision du Conseil d’Etat, l’arrêt rendu par les juges le 1er juin est à effet immédiat et non suspensif : cela signifie qu’à compter de cette date la corrida est officiellement considérée radiée de l’inventaire du PCI !

Le fait que la corrida ne fasse plus partie de l’inventaire du PCI a des conséquences multiples et importantes :

La plus évidente est bien sûr d’ordre moral et éthique. Il semblait insupportable à beaucoup qu’une pratique aussi cruelle et barbare, aussi critiquée et sujette à polémique, aussi impopulaire, soit présentée comme un élément de notre patrimoine national ! Cette inscription (désormais révolue) était brandie par les aficionados comme une reconnaissance et une justification culturelle officielle de la mise au supplice d’animaux innocents.

L’appartenance présumée de la corrida à l’inventaire du PCI représentait également un frein important auprès de politiques pourtant peu attirés par ces spectacles sanguinaires. Il semblait difficile voire inenvisageable pour beaucoup de s’engager en faveur de l’abolition d’une pratique présentée comme un élément du patrimoine national ! Le changement de statut de la corrida va très certainement faire bouger les lignes de manière importante sur ce point. D’autant plus que plusieurs propositions de loi abolitionnistes ont été déposées par des parlementaires et qu’une campagne d’information menée par des militants anticorrida est actuellement en cours afin de recueillir le soutien du plus grand nombre de députés possible.

Le fait que la corrida ne puisse plus être considérée comme inscrite à l’inventaire du PCI met également un terme immédiat et définitif aux fantasmes de certains taurins qui espéraient utiliser ce statut pour présenter un jour ou l’autre une demande d’inscription au patrimoine de l’UNESCO !

Sur le plan économique, c’est aussi un coup très dur pour plusieurs importants organisateurs de corrida impliqués dans des affaire de fraude fiscale fondées sur une utilisation abusive d’un taux réduit de TVA.  La ligne de défense des responsables impliqués dans ces malversations reposait sur le fait de présenter ces détournements d’argent destinés à la communauté comme un acte « militant » devant amener les autorités à autoriser la corrida à bénéficier du taux réduit de TVA destiné aux spectacles culturels. Une défense qui tombe à l’eau et va obliger rapidement les fraudeurs à affronter leurs responsabilités pour des sommes particulièrement importantes (des centaines de milliers d’euros)…

Le dernier recours du lobby tauromachique est désormais le pourvoi en cassation de l’ONCT, un organisme qui s’est déjà distingué par des méthodes particulièrement douteuses. On se rappellera que l’ONCT avait été à l’origine d’une liste falsifiée de psychiatres devant soi-disant démontrer les vertus « éducatives » de la corrida sur les enfants ! Son président, André Viard, est à l’origine de multiples polémiques par des déclarations scandaleuses à l’encontre de personnalités opposées à la corrida (telles que Simone Veil, ou l’ancien avocat et conseiller d’Etat Arno Klarsfeld, même des élus aficionados de très haut niveau s’en étaient indignés ou suite au terrible attentat de Charlie Hebdo. On imagine sans peine que suite à l’annonce du retrait de la corrida de l’inventaire du PCI, André Viard qui s’était fait le champion de cette inscription est désormais en situation particulièrement délicate à la tête de l’ONCT…

Le retrait de la corrida de l’inventaire du PCI est une victoire importante. Notre fédération tient à saluer ici les efforts et la pugnacité de toutes celles et tous ceux qui se sont impliqués dans cette action. Et notamment les associations CRAC Europe et Droit des animaux qui ont été en première ligne devant les autorités et dont les avocats et juristes ont su réunir toutes les informations nécessaires à obtenir un résultat qui représente une véritable avancée pour notre cause.