10e sommet international anticorrida au Pérou !

Le 10e Sommet international antitauromachie s’est tenu à Lima, Pérou, du 25 au 28 novembre 2016. Il s’agit d’un sommet annuel organisé depuis 2007 par le Réseau International Antitauromachie (RIA), qui regroupe une centaine d’organisations anticorrida dans le monde. Les intervenants, originaires de tous les pays concernés par la tauromachie, ont présenté les avancées obtenues depuis le précédent Sommet (Lisbonne, juin 2015). Des sujets de fonds ont également été traités, tels que les mesures de protection de l’enfance, les liens entre violence envers les les animaux et violences envers les humains, le rôle de l’Eglise et les stratégies globales et coordonnées à mettre en place pour l’année à venir afin de progresser le plus efficacement possible vers l’abolition générale de la corrida dans le monde.

Le financement du Sommet de Lima était assuré par divers sponsors de plusieurs pays : Animal Guardians (USA), Fondation Assistance aux Animaux (France), PETA (USA), SNDA (France), World Animal Protection (GB) et Tyto Alba (Portugal).

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L’article qui suit regroupe les avancées de la cause anticorrida depuis un an, dans les huit pays tauromachiques du monde. L’ordre dans lequel apparaissent les différents pays est celui dans lequel les présentations ont eu lieu.

Mexique (Elideth Fernandez, Movimiento Consciencia)

dsc00388pLa situation est complexe, mais évolue clairement vers l’abolition générale. Il existe un parti animaliste, ainsi que d’autres partis qui se positionnent contre la tauromachie et/ou contre l’accès des corridas aux mineurs. Les recommandations de l’ONU ont un poids mais doivent être intégrées à la Constitution pour devenir effectives.

Une initiative récemment présentée a été de mettre en avant le fait que la tauromachie est un vecteur de corruption pour les mineurs. Le parti d’opposition Morena (Movimiento Regeneracion Nacional) a clairement dénoncé le pouvoir de la mafia qui soutient la tauromachie et a lancé une campagne en ce sens.

L’appui du RIA est précieux. Les stratégies d’action doivent être interconnectées. En 2014, l’État de Veracruz a considéré que la cruauté envers les animaux était un crime, puis en 2015 une loi de protection de l’enfance a été adoptée, suivie de l’interdiction d’accès aux mineurs et de la protection complète des animaux. La corrida a été abolie dans l’État de Coahuila en août 2015. De même, la corrida a été interdite aux mineurs en 2015 au Michoacan et abolie début 2016 à Tzintzuza. D’autres actions sont en cours dans diverses autres villes.

Équateur (Carlos Campaña, Movimiento Ecuador Abolicionista)

dsc00389pLe recul de la tauromachie se poursuit. Le soutien du RIA s’est avéré crucial. De nombreuses actions ont été entreprises vers les villes moyennes et petites, en utilisant tous les motifs légaux possibles. Un exemple récent a été celui d’une corrida interdite pour non respect de certains règlements administratifs. La prohibition pour les mineurs de moins de 16 ans a un effet majeur. Lorsque les enfants ne peuvent pas entrer, ce sont souvent les familles entières qui renoncent à aller voir une corrida.

Un mouvement animaliste national a été créé. Il est représenté par plusieurs personnes, sans leader afin d’éviter tout problème d’égo. Le point fondamental est de combattre la violence sans utiliser la violence. Cette dernière ne doit être que du côté des procorrida, jamais des anti.

Le travail est collectif, il s’agit principalement de faire de l’information et de maintenir la population au courant de ce qui se passe, spécialement à Quito. Les actions sont variées, en particulier les happenings. Les trois-quarts de la population sont anticorrida.

Colombie (Carlos Crespo, Resistencia Natural)

dsc00401pUne tentative pour obtenir l’abolition vient d’échouer à cause d’une décision de la Cour Suprême. Le maire actuel de Bogota est anticorrida.

Une consultation a été lancée sur la question de l’accès aux mineurs des corridas. Les corridas ont été déclarées illégales dans plusieurs villes.

Le lobby tauromachique s’est organisé en consortium. Il met en avant des arguments basés sur la liberté d’expression et le statut de minorité opprimé. Il présente les anticorrida comme des fascistes qui essaient d’empêcher cette liberté et qui se comportent en oppresseurs.

Les narcotrafiquants soutiennent la tauromachie et rendent le combat antitauromachie difficile et périlleux.

Venezuela (Roger Pacheco Eslava, Animal Naturalis)

dsc00402pDans ce pays, le recul de la tauromachie est majeur. En vingt ans, le nombre d’États dans lesquels la corrida se pratique est passé de 23 à 6.

En mars 2016, un procès a abouti à la prohibition des traitements cruels des animaux, visant spécifiquement l’arène de Valencia qui est la deuxième plus grande arène du monde après celle de Mexico.

Il ne reste plus aujourd’hui que trois États qui pratiquent encore des corridas au Venezuela.

Caracas est la première capitale de la planète à s’être déclarée anticorrida.

Pérou (Rita Oyague et Luis Berrospi, Peru Antitaurino)

dsc00432pL’agglomération de Lima regroupe près de 10 millions d’habitants. La ville est en permanence engorgée par des embouteillages, il faut quatre heures pour aller d’un bout à l’autre. En conséquence, cinq secteurs autonomes ont été définis rien que pour la capitale : Centre, Sud, Nord, Est, Ouest. A cela s’ajoutent onze autres associations anticorrida qui agissent dans les autres régions du pays. Ces différents mouvements sont regroupés en un réseau péruvien antitauromachie.

Une difficulté vient de l’utilisation fréquente de petites arènes transportables qui sont installées n’importe où, y compris dans les écoles.

Un axe important utilisé dans ce pays est celui de la religion, mettant en avant que la cruauté envers les animaux, et plus spécifiquement les taureaux, est opposée à la foi chrétienne. Une enquête d’opinion menée au niveau national a montré en 2013 que 78 % de la population était opposée aux corridas.

France (Roger Lahana, SNDA – FLAC – No Corrida)

En France, le mécanisme de l’ILP (initiative législative populaire) n’existe pas. Le seul moyen d’obtenir l’abolition est de faire voter par les parlementaires l’abrogation de l’exception à la loi réprimant les sévices graves et actes de cruauté sur des animaux.

dsc00429pLes bonnes nouvelles viennent de l’aspect économique : la fréquentation des arènes a décru de 25 % en 2016 par rapport en 2015, les fraudes à la TVA ont été rendues publiques et les redressements fiscaux en cours peuvent conduire à la banqueroute certains des plus importants organisateurs de corridas en France. De plus, la radiation de la tauromachie du patrimoine culturel immatériel de la France en 2015 a fait l’objet d’un recours en 2016 devant le Conseil d’État, qui l’a rejeté.

Un point très important est la prise de conscience croissante du grand public sur les souffrances infligées aux animaux, grâce entre autres aux actions menées par L214, la FBB, la SNDA, la SPA, 30 Millions d’amis, One Voice, etc. Le problème majeur du combat antitauromachie est que les corridas se pratiquent sur 10 % du territoire, ce qui veut dire que 90 % du pays ne se sent pas concerné. Un exemple typique est l’impact médiatique des recommandations de l’ONU d’interdire l’accès des mineurs aux arènes rendues publiques en janvier 2016 pour le Pérou et la France. Au Pérou, plusieurs dizaines de journaux en ont parlé, alors qu’en France, seul une brève dans le Midi Libre s’en est fait l’écho.

Il est donc crucial d’augmenter la prise de conscience spécifique sur cette barbarie auprès des populations qui ne s’y intéressent pas. La seule façon d’y parvenir est d’agir de façon globale et unie, au travers de la FLAC en France (200000 adhérents fédérés) et du RIA dans le monde. A cela s’ajoutent deux événements politiques majeurs en 2016 : la naissance du Parti Animaliste français et la plateforme Animal Politique lancée par 26 ONG de protection animale françaises (dont la FLAC et la SNDA, toutes deux représentées à ce sommet). Le lancement de No Corrida s’inscrit dans cette logique, en donnant des informations sur les avancées internationales du mouvement anticorrida pour le grand public, au-delà des cercles militants qui sont, eux, déjà convaincus. Le but de toutes ces initiatives est le même : avoir à terme une influence réelle sur les parlementaires et donc sur l’évolution de la loi.

Portugal (Sergio Caetano et Rita Silva, Animal)

Au Portugal, la tauromachie est officiellement représentée au sein du ministère de la Culture. Récemment, un anticorrida a obtenu de siéger également dans la même section.

dsc00483pLe premier congrès vétérinaire anticorrida portugais s’est tenu en 2016. Des plaintes systématiques ont été déposées lorsque les corridas ne respectaient pas la réglementation en vigueur, afin de les faire interdire. Une diminution importante du nombre de corridas a été observée. Des millions de téléspectateurs ont demandé à ce que les corridas ne soient plus retransmises par la télévision nationale. Beaucoup d’organisateurs de corridas sont à la limite de la liquidation.

Le précédent sommet antitauromachie a tenu l’une de ses sessions au sein même du parlement à Lisbonne, incluant des rencontres avec plusieurs députés de partis différents. Sara Oviedo, vice-présidente du Comité des Droits de l’Enfant à l’ONU, est venue présenter son action. Tous les parlementaires ont été contactés sans exception sur deux thèmes : la protection des mineurs et l’arrêt des subventions à la tauromachie, qui a fait l’objet d’un débat au parlement.

Les leaders anticorrida ont participé à des débats télévisés. Grâce au RIA, de nombreux documents, dont des photos de mineurs assistant aux corridas, ont été transmis aux parlementaires.

Espagne (Alessandro Zara, La Tortura No Es Cultura)

Le recul de la corrida en Espagne a commencé dans les années 80. D’un point de vue politique, le PP (droite) est largement procorrida, le PSOE (PS) est partagé et l’extrême-gauche est largement anticorrida. La situation a rapidement évolué avec l’arrivée de Podemos en 2011, qui est devenu un acteur important de la vie politique espagnole.

dsc00448pLe parti animaliste PACMA reste trop faible pour peser, même s’il joue un rôle important comme il a pu le montrer lors de mobilisations massives contre le toro de la vega. Une autre organisation agit de façon importante, l’association des vétérinaires anticorrida (AVATMA).

La stratégie actuelle des taurins est de tenter de faire croire qu’ils sont persécutés. Le but est d’obtenir un statut de minorité, ce qui leur permettrait d’être plus protégés par la loi. La pratique des corridas « de charité » est courante.

La pratique du toro de la vega a connu un fort recul, avec l’interdiction de mise à mort en public. Récemment, le tribunal constitutionnel a annulé l’abolition de la corrida votée par la Catalogne en 2012. Dans les faits, cela ne change rien grâce aux nombreuses voies permettant de rendre toute corrida impossible à organiser dans cette région. De plus, cette décision est perçue comme étant avant tout politique de la part du pouvoir central, ce qui provoque d’autant plus d’opposition de la part des Catalans.

Roger Lahana
Secrétaire fédéral de la FLAC

Le manifeste Animal Politique

Les 30 propositions de 26 organisations de protection animale

Communiqué de presse, 22 novembre 2016 – Dans la perspective des échéances électorales de 2017, vingt-six organisations de protection animale, dont la FLAC, se sont rassemblées au sein du Collectif AnimalPolitique, mutualisant ainsi et de manière totalement inédite dans leur histoire, leurs expertises et leurs expériences. L’objectif est clair : contribuer, à travers trente propositions concrètes, réalistes et immédiatement applicables, à imposer la question animale au cœur des préoccupations des politiques français.

Ces propositions, regroupées en six thématiques dans un Manifeste, sont destinées aux candidats à l’élection présidentielle et aux élections législatives pour qu’ils prennent position publiquement, et démontrent ainsi leur implication et leur intérêt pour une question qui ne doit plus rester le parent pauvre du débat citoyen. Le Collectif se mobilisera dans les semaines à venir pour que la cause animale soit incontournable dans le débat présidentiel.

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De l’engagement des politiques français dépend le sort de plusieurs milliards d’animaux utilisés pour leur chair, leur peau, leur pelage, leur plumage, pour l’expérimentation scientifique, l’enseignement, le divertissement, ou encore leur compagnie. La qualité du lien entre l’humain et l’animal est un des enjeux majeurs de nos sociétés et de notre pays. La tradition humaniste de notre pays doit s’étendre au respect de la vie animale.

Il est aujourd’hui du devoir de chaque acteur de la vie politique de s’engager pour améliorer rapidement et durablement les conditions d’existence des animaux.

Télécharger le manifeste en cliquant ici.

Le Collectif AnimalPolitique

Le collectif AnimalPolitique a été fondé par 26 organisations de protection animale suite à des rencontres organisées pour répondre au décalage entre la préoccupation croissante des citoyens pour les animaux et l’engagement insuffisant des politiques. Ces rencontres, qui ont aussi donné lieu à un colloque le 2 juin dernier, ont été initiées par les députées Laurence Abeille et Geneviève Gaillard, membres du groupe d’études sur la protection des animaux à l’Assemblée nationale.

Les membres du collectif sont : Alliance Anticorrida, Antidote Europe, ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages), Association Stéphane Lamart, C’est Assez !, CIWF France (Compassion In World Farming), CNSPA (Confédération Nationale des SPA de France – Défense de l’Animal), Code animal, CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida), FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas), Fondation Assistance aux Animaux, LFDA (La Fondation Droit Animal, éthique et sciences), Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d’amis, FUDA, IFAW France (Fonds international pour la protection des animaux), L214, OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), One Voice, PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), Pro Anima, Sea Shepherd, SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux), la SPA (la Société Protectrice des Animaux), 269 Life France, WELFARM.

Communiqué de La Tortura No Es Cultura au sujet de l’annulation de l’abolition de la corrida en Catalogne

Le tribunal constitutionnel espagnol vient d’annuler l’abolition de la corrida en Catalogne

20 octobre 2016 – La plateforme La Tortura No Es Cultura (LTNEC, rassemblant une quarantaine d’associations de protection animale en Espagne) estime que cette décision du Tribunal constitutionnel (TC), dont l’impartialité des membres a été mise en cause à de nombreuses occasions, est basée sur des considérations politiques. La preuve en est que dans les îles Canaries, les corridas ont été supprimées il y a de nombreuses années et que cela n’a posé aucun problème constitutionnel à personne, ni qu’aucun recours en justice n’a été lancé.

Cette décision est profondément malheureuse en ce qu’elle affecte la plus haute expression démocratique, une initiative populaire législative, qui n’est pas contestable. Un recours devant des courts internationales est prévu pour défendre ce droit fondamental.

Les corridas ne seront pas de retour en Catalogne à court et moyen terme pour trois raisons principales :

1 – L’arène Monumental est régie par une ordonnance qui n’autorise aucune corrida, comme vient de le confirmer la maire Ada Colau ; les deux autres arènes possibles, Olot et Tarragona, ne sont pas aux normes, ce qui signifie qu’elles devraient demander une rénovation.

2 – La réglementation des corridas reste définie par les Communautés Autonomes, qui peuvent modifier les règles de sorte à rendre cette pratique sans intérêt pour les spectateurs.

3 – Le Gouvernement Catalan a déjà fait savoir qu’il n’appliquerait pas une telle décision.

Le Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies a explicitement requis dans ses rapports concernant plusieurs pays tauromachiques de protéger les enfants et les adolescents des violences physiques et mentales des corridas.

La plateforme LTNEC travaillera en coordination avec le mouvement animal catalan PROU, à l’origine de l’initiative législative populaire qui a abouti à l’abolition de la corrida en Catalogne.

« Nous trouvons extrêmement grave que le juge Encarna Roca et le TC aient ignoré les intérêts des enfants et les recommandations spécifiques de l’ONU. Nous sommes convaincus que Barcelone, reconnue par l’Unicef ville amie des enfants depuis 2007, restera une pionnière dans les politiques publiques sur la protection des animaux et l’enfance, et prendra les décisions nécessaires pour continuer à rester un exemple en la matière. » a déclaré le Dr Núria Querol, Professeur à l’Université de Barcelone et conseillère experte sur la violence pour le FBI.

La présidente de LTNEC, Marta Esteban, a déclaré : « Ceci est une attaque contre la plus haute expression de la démocratie, ce qui est une honte pour nous au niveau mondial. Il s’agit d’une décision prise par un tribunal dont l’impartialité a été mise en cause à de multiples reprises. Le temps montrera que la volonté du peuple ne peut pas être sapée et que les corridas ne reviendront jamais en Catalogne. »

Le responsable des relations institutionnelles de LTNEC, Sergio Torres, pense que « si l’opinion de la population, qui a librement exercé son droit démocratique par une ILP (initiative législative populaire) afin de supprimer des spectacles cruels, est remise en cause, la protection de la culture imposée par l’Etat central ne peut pas être une excuse pour protéger cette industrie rejetée par une majorité sociale. »

LTNEC va prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer que s’imposeront la volonté du peuple, qui exige chaque jour partout en Espagne toujours plus de protection contre les sévices subis par les animaux lors de spectacles, ainsi que la protection de l’enfance de la violence des corridas comme requis par le Comité des Droits de l’Enfat de l’ONU et la dénonciation de l’utilisation de fonds publics pour subventionner cette activity cruelle et malfaisante.

La plateforme LTNEC est composée des organisations suivantes : ADDA, ALBA, ALMA ANIMAL, ANAA, ANDA, ANIMANATURALIS, APAP ALCALÁ, APADAT Toledo, ASOCIACIÓN ANADEL, ASOCIACIÓN ANIMAL, ASOCIACIÓN CIUDADANA DE DEFENSA DE LOS DERECHOS DE LOS ANIMALES (ACDDA) ASOCIACIÓN UNIVERSITARIA CONTRA EL ESPECISMO (AUCE), ASOCIACIÓN LAS NIEVES, ASOCIACIÓN RESCATE DE CABALLOS WINSTON, ASSOCIACIÓ ANIMALISTA DE MANLLEU, AVATMA, CAS INTERNACIONAL, CEPA, ECOLOGISTAS EN ACCIÓN, EQUO, EVOLUCIÓN, FUNDACIÓN DE AYUDA A LOS ANIMALES (FAA), FAADA, FEDERACIÓN DE ASOCIACIONES DE PROTECCIÓN ANIMAL DE LA COMUNIDAD DE MADRID (FAPAM), FEBA, FUNDACIÓN ALTARRIBA, GALGOS SIN FRONTERAS, GEVHA, JUSTICIA ANIMAL, LA VOZ ANIMAL, MIS AMIGAS LAS PALOMAS, PERRIGATOS EN APUROS, PLAGDA, PLATAFORMA DIGNIDAD ANIMAL, PLATAFORMA DEFENSA ANIMAL EXTREMEÑA, PARTEI MENSCH UMWELT TIERSCHUTZ, PROA, SOS GALGOS Y SPAP MADRID.

Traduction en français : Roger Lahana

Arles : le naufrage financier tauromachique

Au sein du monde des amateurs de torture animale, il est de notoriété publique que Nîmes, Béziers et Arles font partie des places fortes de la tauromachie.

On y est surtout très fort pour frauder le fisc en pratiquant la rétention de TVA.

Plus d’une fois nous avons dénoncé les pratiques des organisateurs de sévices graves et actes de cruauté de ces communes qui, depuis des lustres, nous expliquent que la corrida est un moteur indispensable au tissu économique local.

S’il est vrai que des bénéfices peuvent apparaître, c’est uniquement grâce à l’argent public, versé sous forme de subventions par des élus aficionados, ou tout simplement détourné des caisses du Trésor public.

Et quand ces deux sources substantielles disparaissent, c’est le naufrage assuré pour celui qui en bénéficiait. Les frères Jalabert, à Arles, en sont devenus, en 2015, l’exemple parfait. Une année noire dont ils risquent de se souvenir pendant longtemps, tant les tuiles se sont accumulées (dont une était, comme nous allons le voir, plus que prévisible).

Le chiffre d’affaires a pourtant augmenté de 72 000 € par rapport à l’année précédente, ce qui se révèle prodigieux lorsque leurs compères de Béziers ou Nîmes ont connu, sur la même période, un recul respectif de leurs recettes de 12 % et 20 %.

Le souci, c’est que là où habituellement les collectivités territoriales arrosaient abondamment la société des frères Jalabert d’argent public (83 000 € en 2013, 91 000 € en 2014), elles ont, en 2015, annulé quasi-intégralement leur traditionnelle générosité (5 700 € « seulement »). À ce stade, on pourrait se poser la question de savoir si l’embellie des recettes susmentionnée ne correspondrait pas, au moins en partie, à un remplacement des subventions habituelles par des achats de places. Un classique subterfuge utilisé dans le monde de la corrida : pour ne pas choquer l’opinion publique en distribuant des subventions destinées à financer la torture, les élus achètent, sur le compte des collectivités qu’ils représentent, des places à l’organisateur. L’aide est ainsi noyée dans une ligne budgétaire autre que celle des subventions, et le résultat financier pour le bénéficiaire est exactement le même (les fameuses places achetées étant par la suite offertes gracieusement, quand elles ne vont pas directement à la poubelle).

Ainsi, le résultat d’exploitation de la société (c’est-à-dire le résultat dégagé uniquement par l’activité habituelle) se présente sous la forme d’une perte de 41 000 €.

Ce qui est déjà loin d’être fameux. Mais tout de même beaucoup mieux que le résultat final de la SAS Jalabert Frères, qui affiche, lui, une perte de 512 000 € ! Oui, vous avez bien lu : un demi-million d’euros.

Quelle est donc cette charge exceptionnelle qui est venue multiplier par 12 le déficit de la société ? On vous le donne dans le mille : les 481 000 € de TVA que les frères Jalabert avaient illégalement conservés et que le fisc vient désormais récupérer. Tous les recours ont en effet été épuisés et le 30 novembre 2015, la société a reçu un commandement de payer, d’où la prise en compte de la rectification de la fraude dans les comptes 2015.

Là, on se dit qu’enfin, contrairement à ce qui se passe à Nîmes ou Béziers, l’administration fiscale n’a pas accordé de régime de faveur et a appliqué comme il se devait les règles de la République. Pas tout à fait, car si la somme évoquée a bien été recouvrée, les frères Jalabert ont quand même pu bénéficier d’un échelonnement de remboursement de six mois. Étonnant quand les sommes dues devraient être dans les caisses de l’État depuis deux à quatre ans.

Toujours est-il que, pour la société, ce redressement sonne comme le glas. Son commissaire aux comptes ne s’y est d’ailleurs pas trompé en déclenchant, le 2 avril 2016, une procédure d’alerte. Comme les textes légaux et réglementaires l’indiquent, cette dernière est une obligation d’alerter les dirigeants et le Président du tribunal de commerce dont la société dépend qu’il existe des faits de nature à compromettre la continuité d’exploitation.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision du commissaire aux comptes ? Le piteux résultat de l’année 2015 et le niveau catastrophique des capitaux de la société qui en découle. Mais également le fait que la SAS Frères Jalabert n’est plus bénéficiaire de la délégation de service public attribuée par la commune d’Arles dans le cadre des organisations de corrida, pour la période 2016-2019.

Est-ce à dire qu’il n’y aura plus de corridas à Arles ? Non, une autre société a remporté la délégation : la SAS Ludi Arles Organisation. Structure où parmi les associés, on retrouve Jean-Baptiste et Lola… Jalabert. Nul doute qu’ils pourront bénéficier des bons conseils de gestion de Papa.

Un choix de délégataire qui, d’ores et déjà, soulève une remarque : alors qu’il a été acté, de l’aveu même des associés de la SAS Ludi Arles Organisation, par une délibération du conseil municipal du 24 juin 2015, ladite société n’a été immatriculée au registre du commerce et des sociétés que le 29 octobre 2015.

Autrement dit, le conseil municipal a attribué sa DSP à une structure qui n’avait pas encore d’existence légale. Pourquoi se gêner, après tout… Ce n’est ni la première ni la dernière fois, dans le monde de la tauromachie, que les lois et les règlements, c’est pour les autres.

David Joly
Vice-président de la CVN et membre de la FLAC

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Francis Cabrel sur la corrida : « Tout ça pour aller à la torture et en public »

Interview de Francis Cabrel par Nikos Aliagas au sujet de la chanson « La corrida » (émission 50′ inside, TF1)

Francis Cabrel : Celle-là, je la chante toujours avec autant de conviction.
Nikos Aliagas : Et de plaisir.
FC : Oui, de plaisir.
NA : Elle vient d’où, cette chanson ?
FC : Je passe tous mes étés sur la côte landaise et je ne vais donc pas aux corridas sauf qu’un jour quelqu’un me dit « mais quand même, viens avec moi, je vais t’expliquer ».
NA : La tradition…
FC : La tradition… Donc je suis allé dans cette arène, à Bayonne, et en sortant j’étais quand même assez troublé, vraiment mal à l’aise et quelques heures après, la chanson est arrivée.
NA : Est-ce que ce monde est sérieux, c’est une question qu’on peut toujours se poser ?
FC : Ah oui, c’est sûr, mais l’animal, là, du coup, se la pose vraiment parce que c’est à n’y rien comprendre. On l’a élevé dans les meilleures conditions, on en a fait un champion, tout ça pour aller à la torture, et surtout en public, qui plus est.
NA : Vous avez reçu des lettres, des gens qui n’étaient pas contents, j’imagine ? Parce que la tauromachie a aussi ses partisans.
FC : Oui, j’ai eu tous les opposants, les gens qui n’étaient pas contents. Bon, j’admets, on peut en discuter, il n’y a pas de problème. Mais je la chante toujours.