Lettre ouverte : réponse de Hubert Montagner à M. William Lucas

 Monsieur,

Je ne peux accepter votre texte “Pour en revenir aux propos de Monsieur Montagner” car il est fondé sur des amalgames désobligeants, malhonnêtes et diffamatoires. Quant au docteur PON, votre référence, il a triché et commis un faux. On verra les conséquences.

Tout d’abord, je n’ai jamais évoqué votre “état d’esprit complètement ravagé par la mafia taurine”, et je n’ai jamais insulté vos parents pour vous “avoir amené… voir un spectacle barbare qui forme les enfants à la violence”.  Ces mots et jugements ne font pas partie de mon vocabulaire, de ma personnalité, de ma mentalité ni de ma philosophie. En outre, je ne vous connais pas et j’ai à priori le plus grand respect pour vos parents… plus généralement pour tous les parents et toutes les familles. C’est aux personnes qui vous ont écrit qu’il faut répondre.  

Tant mieux si votre “vie d’adolescent” n’a pas été perturbée par “aucunes peurs, aucuns blocages affectifs, états d’anxiété, angoisses et désordres psychophysiologiques” (je cite). Mais, que vous le vouliez ou non, le spectacle de la souffrance animale est très insécurisant, anxiogène et/ou angoissant pour de nombreux enfants, surtout les plus fragiles et vulnérables (je vous renvoie à mes publications et livres). En conséquence, j’ai décidé de combattre toutes les formes de violence qui sont infligées aux animaux et qui peuvent générer ou renforcer les difficultés psychologiques des enfants, y compris la tauromachie. J’ai vu des enfants traumatisés par les blessures dues aux  banderilles, par le sang qui coule et par la mise à mort de taureaux dans l’arène. Tous n’étaient pas accompagnés par un adulte rassurant et sécurisant… c’est le moins qu’on puisse écrire.

Vous me calomniez et vous m’injuriez quand vous écrivez que je suis le “chef d’orchestre de cette nouvelle campagne de propagande qui vise à manipuler l’opinion des gens à travers des écrits mensongers qui sont fondés sur de faux arguments sortis d’on ne sait où”. Cette accusation mensongère est grave. En réalité, j’ai accepté de faire partie du comité d’honneur de la FLAC parce que son combat contre la violence de la corrida rejoint le mien contre les violences de toutes “natures”, que la victime soit un humain ou un animal. Pour moi, il n’y a pas de violences qui seraient acceptables et “nobles”, et  et de violences qui ne le seraient pas. Je ne saurais me substituer aux dirigeants de La FLAC, ni à ses militants. Parfaitement responsables, ils prennent leurs décisions en toute indépendance dans un combat qui les honore. Ils n’ont pas besoin d’un “chef d’orchestre”.

Quant à mes écrits qui seraient mensongers, c’est une accusation grave. Je vous mets au défit d’étayer un tel jugement. En fait, vous essayez de vous dédouaner par des amalgames aberrants et insensés en dénonçant les spectacles télévisuels “avec tous ces jeux 0ù les candidats sont sélectionnés suivant leur niveau de débilité ou d’agressivité, les chaînes espérant ainsi le clash qui fera “péter l’audimat” ou comme on dit maintenant le “Buzz”. Quelle vulgarité ! Pourquoi regardez-vous ces spectacles ? Il suffit de changer de chaîne, de lire un livre, de participer à un jeu de société, de jouer avec vos enfants ou d’autres… Pourquoi ne protestez-vous pas auprès des directeurs de chaîne ?  Faites comme moi… ne les regardez pas. Mais, apparemment, vous êtes un spectateur assidu de ces émissions “débiles “ et “agressives”, et aussi, semble t’il, “des tueries collectives organisées par des gosses influencés par leur console de jeu”. Je ne vous ai pas attendu pour m’élever contre les tueries en SYRIE et ailleurs, contre l’exploitation des enfants et contre les violences aux personnes de tout ordre dans la société française (et ailleurs). Je pense que je connais mieux que vous ce qui se passe en classe et à l’école. Je n’ai jamais hésité à dénoncer les différents facteurs et événements qui peuvent engendrer des conduites violentes chez les enfants dans leurs différents lieux de vie. Décidément, vous mélangez tout quand vous posez la question “allaient-ils aux corridas ?” au sujet des enfants qui ont commis des actes de violence. Je ne vois pas la pertinence d’une telle interrogation. Elle n’a aucun sens. Je vous suggère de poser la question “allaient-ils aux corridas ?”  pour les “enfants-soldats” qui font la guerre et tuent (que l’on contraint à faire la guerre et à tuer), notamment à l’UNICEF.

Avant d’écrire n’importe quoi, vous seriez bien inspiré de vous informer et, si possible, de réfléchir un peu sur la condition humaine. Même si vous ne lisez pas de publications ou de livres, vous pouvez consulter les sites internet appropriés ou simplement, puisque je suis concerné, former mon nom dans la fenêtre google ou yahoo de votre ordinateur. 

Vous ne manquez pas de souffle en m’accusant “d’utiliser votre statut de psychologue pour donner des leçons” et en m’intimant de me proclamer  “défenseur des animaux”. Au nom de qui, de quoi et de quel droit voulez-vous m’enfermer dans une telle case  ? Si vous étiez mieux informé et plus honnête, vous sauriez que je défends à priori toutes les formes de vie, y compris la vie animale (ma discipline, la psychophysiologie, fait partie des neurosciences), sans éprouver le besoin de “’donner des leçons”.

Quant à “laissez nos enfants tranquilles”, je ne suis pas de ceux qui portent atteinte à la tranquillité des enfants. Vous feriez mieux de vous préoccuper des enfants qui fréquentent les écoles de tauromachie 0ù on leur apprend à tuer, surtout quand ils n’ont rien demandé, et plus encore quand ils ont été contraints de s’y rendre. Il serait étonnant qu’ils soient tous tranquilles. 

Quant à ma réponse à Monsieur HINTZY, je l’ai informé que je ne l’avais pas attendu pour apporter ma contribution, certes modeste mais entière, non pas seulement à “l’aide alimentaire dans la corne de l’Afrique” et au “droit à l’éducation pour tous les enfants”, mais aussi au droit à la santé, à la sécurité affective et à un toit, non seulement dans cette région, mais aussi dans d’autres pays africains et ailleurs. J’ai contribué à la formation d’étudiants africains, brésiliens… dans les domaines du développement de l’enfant, de ses conduites, de ses systèmes de communication, de ses rythmes et de ses capacités d’adaptation non seulement en France mais aussi en Afrique, au Brésil…

Monsieur, je pourrais demander réparation à la justice pour diffamation et injures. Je ne le ferai pas, car votre écrit est pathétique. Apprenez à respecter autrui et vous serez alors digne de respect.

Je vous plains.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués

Hubert MONTAGNER    dr ès-sciences

Professeur des Université en retraite

ancien Directeur de Recherche à l’INSERM

ancien Directeur de l’unité “enfance inadaptée” de l’INSERM

 

  >> téléchargez la lettre de M. Hintzy, directeur de l’UNICEF, qui, en réponse à Hubert Montagner, annonce que l’UNICEF ne participera plus à la « féria des enfants » et reconnait ouvertement que la lutte contre la cruauté de la corrida est un « honorable combat ».

 

 

 

Méfaits de la corrida sur les enfants : le Pr Montagner hausse le ton.

De plus en plus isolés sont ceux qui persistent à nier que la corrida est un spectacle cruel et violent.

Il est maintenant largement admis -particulièrement dans le milieu psychiatrique- que ce spectacle, en plus de sa cruauté envers les animaux, est générateur de traumatismes importants chez l’enfant.

Seuls quelques psychiatres -aficionados- préfèrent protéger leur coupable distraction au détriment de leur crédibilité, de leurs engagements moraux et du bon développement des enfants. Les échanges de courriels ci-dessous, que la FLAC est autorisée à publier par le Pr Montagner, parlent d’eux-mêmes.

Voyez de quel côté est la raison et l’intelligence, et de quel coté se situe la sauvegarde d’intérêts personnels au détriment de la protection de nos enfants.

 

COURRIEL à Monsieur Mocrane ABBAR, chef de service au CHU de NIMES et Monsieur Philippe COURTET, chef de service au CHU Lapeyronie de MONTPELLIER

Monsieur, cher collègue,

ayant appris que votre nom figure sur la liste des pédopsychiatres et psychiatres qui auraient signé le communiqué du 11 février 2012 de l’ONCT en faveur de la corrida, je vous envoie en pièce jointe ma réponse à ce communiqué.
Il n’y a pas de doute que la très grande majorité des enfants soit affectée par la souffrance animale comme l’attestent les études et les témoignages sur les perturbations des comportements, émotions, affects et perturbations du rythme veille-sommeil chez ceux qui ont vécu la souffrances d’animaux malades, stressés ou blessés, mais aussi leur mort (les paroles et les écrits des parents sont particulièrement émouvants, surtout quand ils doivent aider leur enfant à faire “son” deuil, même si l’animal n’était pas le “sien”). Je ne comprends donc pas l’engagement de quelques psychiatres ou pédopsychiatres dans la défense du “spectacle” sanglant de la corrida espagnole. Je ne comprends pas davantage “l’argument” selon lequel elle contribuerait à la “formation” des jeunes (formation de quels aspects du psychisme ? formation à quelles compétences ou au développement de quelles ressources morales, intellectuelles… ?).
Je vous informe que, après vérification, y compris par des journalistes, de nombreux psychiatres ou pédopsychiatres dont le nom figure sur la liste des signataires du communiqué du 11 février 2012 en faveur de la corrida, n’ont pas signé ce texte et/ou ont retiré leur signature alors qu’ils ne s’étaient pas engagés ou qu’ils y étaient opposés.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, cher collègue, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
 
Hubert MONTAGNER
Docteur ès-Sciences
Professeur des Universités en retraite
ancien Directeur de Recherche à l’INSERM
 
REPONSE DE MONSIEUR PHILIPPE COURTET
 
Monsieur,
 
Merci de cette information qui m’intéresse.
Il est évident que cette polémique n’a aucun sens puisqu’il n’existe pas d’étude. Comme d’habitude chacun y va de la sienne sans fondement.
Par ailleurs, les opposants au mauvais traitement à enfants, devraient selon moi s’intéresser à de vrais problèmes : abus de toute sorte extrêmement fréquents, y compris les négligences affectives et carences éducatives qui sont elles nuisent à la santé.
 
Bien à vou
 
Pr Ph Courtet
Université Montpellier
Département d’Urgences &  Post-Urgences Psychiatriques, Pôle Urgences, Hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier, 34295 Cedex 5
INSERM Unité 1061 « Neuropsychiatrie : Recherche Epidémiologique et Clinique »
 
 
REPONSE DE HUBERT MONTAGNER A MONSIEUR PHILIPPE COURTET
 
Monsieur Philippe COURTET,
 
je n’avais pas l’intention de réagir à une éventuelle réponse de votre part. Mais, je ne peux accepter votre reproche, critique ou accusation implicite et “sans fondement”… en fait, une injure. En effet, pendant quarante ans, et à partir des données de la recherche fondamentale combinées aux observations cliniques, je n’ai cessé, avec des équipes pluridisciplinaires, de travailler sur “de vrais problèmes” de l’enfance afin de contribuer à réduire “les négligences affectives et les carences éducatives qui nuisent à la santé”… ce que je n’ai pas toujours constaté chez les cliniciens, notamment à MONTPELLIER (j’en ai la preuve audiovisuelle avec les milliers de vidéos réalisées). Ayant en permanence le souci de mieux comprendre le développement, les processus d’attachement, les conduites, les systèmes de communication et les rythmes de l’enfant dans ses différents lieux de vie (famille, crèche, école…), je n’ai pas de leçon de morale ou professionnelle à recevoir de vous.
Je vous renvoie à mes livres et à mes publications, parues le plus souvent dans des périodiques et ouvrages internationaux à comité de lecture, c’est-à-dire jugées et validées par des pairs, ce qui n’est pas le cas des pédopsychiatres gourous, notamment ceux qui paradent dans les médias français en affirmant tout et son contraire…
“sans fondement” (qu’ont-ils apporté à la connaissance de l’enfant ? tout n’est que bla bla, suffisance et égocentrisme). Vous devriez apprendre ou revoir la bibliographie.
Je vous renvoie aussi à mes réalisations, en particulier les crèches et les écoles que j’ai aidé à conceptualiser en France et à l’étranger (un nouvel exemple sera bientôt porté à la connaissance du public). Et vous, qu’avez-vous fait et que faites-vous… concrètement ?
Cela ne m’empêche pas de combattre l’ensemble des “formes de mauvais traitements à enfants” que vous dénoncez, et donc le “spectacle” sanglant de la corrida qui est aussi un “vrai problème”, et non une polémique. Ne vous en déplaise, la plupart des enfants sont très touchés, parfois traumatisés, par la souffrance animale, sans compter les écoles de tauromachie 0ù les enfants apprennent à tuer ou à former l’idée qu’ils sont autorisés à tuer. Au nom de qui et au nom de quoi un pédopsychiatre pourrait-il accepter ces réalités ? Avez-vous déjà vu un enfant en détresse devant un animal qui souffre ? Vous devriez lire les publications internationales dans lesquelles cette question est développée. Je ne crois pas que les “mauvais traitement à enfants” que sont la corrida et l’apprentissage à tuer dans les écoles de tauromachie, soient compatibles avec la déontologie et l’éthique de tous ceux qui oeuvrent à la protection de l’enfance, et à la préservation des équilibres psychoaffectifs et biopsychologiques des enfants. La très grande majorité de vos collègues partagent mon avis.
Vous écrivez qu’il “n’existe pas d’étude”, sous-entendue sur les effets ou méfaits de la corrida. C’est une imposture. En vous abritant derrière ce prétexte, comme l’ONCT, vous montrez en effet que n’avez pas la moindre idée de la faisabilité d’une étude qui ait du sens, c’est-à-dire réalisée au moyen d’une méthode et de protocoles reproductibles qui peuvent conduire à des données vérifiées et vérifiables, et donc fiables. Tout vrai scientifique vous dirait qu’une telle investigation est impossible à mener, tellement les variables et paramètres sont nombreux, fluctuants et volatiles, passés et actuels. Il n’est pas interdit d’avoir un minimum de culture scientifique.
 
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
 
Hubert Montagner
 
 
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Hubert MONTAGNER interpelle l’UNICEF à son sommet

Un scandale absolu trop méconnu

Comment accorder à Arles ou Nîmes le label « UNICEF – Ville amie des enfants », quand ces villes accueillent des écoles taurines où l’on initie des enfants, apprentis toreros, à se faire la main à l’arme blanche sur des veaux hurlants de douleur ?

Le Pr. Hubert Montagner, ex-directeur de recherche à l’INSERM et spécialiste mondial de pédopsychiatrie, a interrogé Anthony Lake, le directeur exécutif de l’UNICEF à New York, sur cette incohérence.

Vous découvrirez sa réponse en cliquant sur le lien ci-dessous.

>> Lire la réponse de l’UNICEF

Dans cette lettre, Mme Gharagozloo, directrice des partenariats, dénonce clairement que ce classement constitue une « ambigüité » pour « défendre le droit des enfants », et que la demande sera « prise en considération ». Nous espérons que cette démarche portera ses fruits et que nos villes du Sud seront bientôt libérées de la cruauté de ces écoles taurines. Au nom des enfants traumatisés et des taureaux suppliciés.

UNICEF & corrida : Le Pr. Montagner ne lâche rien

Suite à la réponse fort peu courtoise que le directeur de l’UNICEF M. Hintzy a fait au professeur Montagner via l’intermédiaire du journal « Le Monde », le Pr. Montagner réagit en tapant encore plus fort du poing. Visiblement, M. Hintzy, qui a le pouvoir de faire évoluer les choses, a pris le parti de laisser la violence envers les enfants s’installer dans le sud de notre pays : il ne condamne pas les écoles de tauromachie ! Il protège l’appellation « Ville amie des enfants » décernée par l’association qu’il dirige aux villes de Nîmes et Arles qui sont les plus actives dans l’apprentissage de la cruauté aux enfants.

Lettre du Pr. Montagner à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF à New-York

Vous trouverez ci-dessous la lettre que le Pr. Montagner vient d’adresser à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF à New-York

Secretary of the Executive Board Assistant Secretary, Executive Board
Mr. Nicolas Pron Ms. Christine Muhigana
Phone : (212) 326 7084 Phone : (212) 824 6880
Email : npron@unicef.org Email : cmuhigana@unicef.org

Administrative Assistant Administrative Assistant
Ms. Jodi Piccolomini-Geary Ms. Françoise Coupet
Phne : (212) 326 7519 Phone : (212) 326 7091
Email : jpiccolominigeary@unicef.org Email : fcoupet@unicef.org

Hubert MONTAGNER, docteur ès-Sciences, Professeur des Universités en retraite, ancien Directeur de Recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), ancien Directeur de l’Unité “Enfance inadaptée” de l’INSERM à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF

Cher Monsieur Antony LAKE,

Je vous écris en tant que Professeur retraité de l’Université française, ancien Directeur de Recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), ancien Directeur de l’Unité “Enfance inadaptée” de l’INSERM, mais aussi en tant que citoyen du monde engagé dans la protection des enfants, la satisfaction de leurs besoins fondamentaux (alimentation, soins, sécurité affective, sommeil…), le respect et la défense de leurs droits (droit à l’éducation, droit de vivre à l’abri de la violence, droit d’être reconnu comme personne à part entière, droit d’être aimé…).

Avant d’être en retraite, j’ai eu l’honneur et le plaisir de diriger pendant près de quarante ans plusieurs équipes scientifiques dont les recherches ont porté sur le développement, les processus d’attachement, les conduites, les systèmes de communication, les rythmes biopsychologiques et les processus d’adaptation de l’enfant, depuis ses premiers jours, semaines ou mois postnataux à la pré-adolescence. Mes collaborateurs et moi-même avons donc pu suivre l’évolution des “constructions enfantines” d’un mois à l’autre et d’une année à l’autre (voir mon CV en pièce jointe). Particulièrement attentif aux violences subies par les enfants, à celles qu’ils font subir aux autres, et aux conséquences, je suis très concerné et préoccupé par les “spectacles”, événements et environnements violents qui peuvent générer et renforcer les peurs, blocages affectifs, états d’anxiété, angoisses, inhibitions et désordres psychophysiologiques, surtout chez les plus fragiles et vulnérables. Je vous remercie d’avoir dénoncé vous-même la violence psychologique dans votre discours du 11 octobre 2011 au cours de la table ronde sur la violence à l’encontre des enfants.

Organisés dans plusieurs villes du sud de la FRANCE, les “spectacles” de la corrida dite espagnole peuvent être, avec la mise à mort d’un taureau, particulièrement traumatisants, déstabilisants et psychologiquement destructeurs en provoquant la détresse des enfants et en les plongeant dans l’insécurité affective, mais aussi en entraînant des désordres psychiques et des troubles du sommeil.

J’ai donc écrit à Monsieur Jacques HINTZY, Président de l’UNICEF France, pour lui demander de ne plus cautionner les férias qui, dans le sud de la France, se terminent habituellement par une “corrida espagnole”, donc par la mise à mort d’un taureau au moins, et de retirer le label UNICEF “ville amie des enfants” aux villes qui ont des “écoles” de tauromachie, c’est-à-dire des “lieux éducatifs” 0ù les enfants apprennent à manier le poignard (une arme sacrificielle) dans la perspective de devenir toréador, et donc de tuer avec une épée un animal sans défense et sans possibilité de fuite. En pièce jointe, je vous envoie la lettre adressée à Monsieur Jacques HINTZY.

Les “spectacles” de la “corrida espagnole” et les écoles tauromachiques ne me paraissent pas compatibles avec les principes, positions éducatives, valeurs morales et engagements humanistes de l’UNICEF, quels que soient les régions du monde, les peuples et les cultures. L’UNICEF ne peut en effet cautionner le “spectacle” sanglant de la “corrida espagnole” et l’existence “d’écoles de tauromachie” 0ù les enfants apprennent à tuer, “même si” la victime est “seulement” un animal. Est-ce qu’on peut condamner les “enfants-soldats” qui “apprennent” à tuer des humains, et ne pas condamner les tueries de la “corrida espagnole” et la violence ainsi faite aux enfants ?

Monsieur Jacques HINTZY n’a pas daigné répondre à ma lettre. En revanche, il a accordé une interview au journal français LE MONDE, parue le 22 janvier 2012. Il déclare que “entre la crise alimentaire dans la corne de l’Afrique et le droit à l’éducation pour tous les enfants”, l’UNICEF a des problèmes plus graves à régler que la corrida. Ces propos constituant une réponse à ma lettre, je suis directement visé. Ils sont très irrespectueux et irresponsables, voire injurieux, alors que ma lettre était courtoise. En effet, je n’ai pas attendu Monsieur Jacques HINTZY pour défendre “le droit à l’éducation pour tous les enfants”, et je n’ai pas de leçon à recevoir dans ce domaine. C’est en effet ce que j’ai fait tout au long de ma carrière. Par exemple, alors que j’ai donné au BRESIL (BRASILIA, RIO DE JANEIRO, SAO PAULO, PORTO ALEGRE…) des cours et conférences sur le développement de l’enfant, l’aménagement du temps, les structures d’accueil, d’éducation et de soins… pour les enfants de tous âges (voir mon CV), je suis allé “sur le terrain” à la rencontre des enfants et des familles, notamment dans les favellas, à la demande de mes amis brésiliens, et après l’accord des personnes concernées. Ayant “visité” dans les favellas et ailleurs des structures d’accueil et d’éducation démunies (crèches, écoles maternelles), et à la demande des autorités concernées, j’ai rédigé des textes et des projets pour que les différentes structures soient rénovées et mieux équipées, et pour que les professionnels de la santé, de l’éducation et de l’enseignement reçoivent une formation renouvelée, aussi complète et appropriée que possible. Les projets ont été conçus pour que tous les enfants y reçoivent une éducation qui leur permette de développer leurs différentes “composantes” corporelles, affectives, comportementales, relationnelles, cognitives, intellectuelles et biologiques, en interaction avec leur famille et les autres acteurs éducatifs, dans le respect des particularités sociales, culturelles et écologiques de leurs lieux de vie. Je précise que j’ai également donné des cours et des conférences en AFRIQUE 0ù j’ai également aidé au développement de projets éducatifs et autres pour les enfants.

En comparant la corrida et le “droit à l’éducation”, ou en les mettant “en concurrence” ou en opposition, Monsieur Jacques HINTZY tient des propos démagogiques.

Quant “à la crise alimentaire dans la Corne de l’Afrique”, les propos de Monsieur Jacques HINTZY sont encore démagogiques. Il ne s’agit pas en effet de comparer ou de mettre “en concurrence” ou en opposition la corrida et les programmes d’aide alimentaire, sanitaire… Comme de nombreux collègues français et étrangers, je n’ai jamais hésité à prendre mes responsabilités et à dénoncer la famine, les carences alimentaires, l’abandon des êtres et des populations qui ont faim, et l’incapacité du monde dit développé à promouvoir des projets durables pour nourrir et soigner les humains en souffrance sur toute la planète. Je n’ai jamais hésité à soutenir les programmes qui assurent une alimentation suffisante, mais aussi des soins corporels et hygiéniques, des protections contre les agressions climatiques, les maladies et les parasites, et des conditions qui permettent aux personnes de sortir de leurs peurs, de leurs blocages affectifs et de leurs inhibitions, et de s’installer ainsi dans la sécurité affective, en particulier les enfants.

En outre, les propos de Monsieur Jacques HINTZY sont très réducteurs. Malheureusement, la “Corne de l’AFRIQUE” n’est pas la seule région du monde touchée par la crise alimentaire. En FRANCE et en EUROPE, et aussi en ASIE et en AMERIQUE, il y a également des crises alimentaires, même si elles n’ont pas la même gravité qu’en SOMALIE ou que dans d’autres pays africains. S’agissant de la République française, il serait sain et honnête que Monsieur Jacques HINTZY se rende “sur le terrain”, par exemple en GUYANE, notamment dans la région de SAINT LAURENT DE MARONI 0ù des groupes de personnes vivent dans un profond dénuement, dans des conditions déplorables et misérables, 0ù des enfants et des familles ont faim, 0ù les enfants n’ont pas accès aux soins et ne bénéficient pas d’un vrai “droit à l’éducation”. J’y ai vu des enfants “patauger” pieds nus dans la boue, habillés de hardes et sans protection contre les maladies, les infections, les parasitoses… J’y ai vu des enfants “accueillis” dans des écoles 0ù les classes étaient des “containers”, épuisés par une très longue journée, génératrice de stress et de souffrance… ainsi victimes de la violence psychologique que vous dénoncez à juste titre, malgré des enseignants pourtant compétents et humanistes.

Est-ce bien le rôle de Monsieur Jacques HINTZY d’être aussi suffisant et discourtois ? Remplit-il ses missions en considérant comme négligeables la violence objectivement véhiculée par le “spectacle” de la “corrida espagnole” et la violence de l’apprentissage de la mise à mort des taureaux dans les écoles de tauromachie ?

Monsieur le Président, je vous demande donc d’examiner la possibilité d’inscrire la corrida au programme d’une prochaine réunion de l’UNICEF, et de prendre position sur la “corrida espagnole” ainsi que sur les écoles de tauromachie 0ù on apprend aux enfants à tuer. La tolérance de ces réalités est-elle compatible avec les devoirs moraux et humanistes de l’UNICEF ? Pourquoi une telle complaisance ?

En espérant que vous voudrez bien prendre ma demande en considération, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma plus haute considération et d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.

Hubert MONTAGNER.

La corrida néfaste pour l’enfant : Hubert Montagner rejoint la FLAC

Hubert Montagner, psychophysiologiste, éthologue et spécialiste de la relation enfant-animal, rejoint la FLAC, estimant que ce spectacle « est une forme de violence néfaste pour l’enfant ». L’ancien directeur de recherche à l’INSERM a intégré notre comité d’honneur.

Hubert Montagner « souhaite voir interdire l’accès aux corridas aux enfants de moins de 16 ans ». Il explique très clairement ses motivations : « Les blessures portées au taureau avec les banderilles puis l’épée, le sang qui coule, les conduites désespérées du taureau pour échapper aux souffrances menant à la mort de l’animal perturbent de très nombreux enfants, en particulier ceux qui sont émotifs, anxieux et angoissés. » Selon lui, « la mort d’un animal s’accompagne toujours chez l’enfant d’un trouble du sommeil et les blessures infligées au taureau peuvent être ressenties comme un véritable traumatisme ». Hubert Montagner a par ailleurs écrit au président d’UNICEF France pour demander « de mettre fin à leur présence à la Feria des enfants de Nîmes et de reconsidérer l’attribution du label « Villes amies des enfants » ». Selon lui, le choix de cette ville de soutenir les écoles tauromachiques est incompatible avec les principes éducatifs et humanistes de l’ONU, de l’Unesco et du Conseil de l’Europe.

>> Lire « La corrida serait néfaste pour l’enfant » sur lequotidiendumedecin.fr, 11 janvier 2012
>> Lire « Le professeur Hubert Montagner rejoint les anti-corrida », Romandie News 11 janvier 2012