Suite à la réponse fort peu courtoise que le directeur de l’UNICEF M. Hintzy a fait au professeur Montagner via l’intermédiaire du journal « Le Monde », le Pr. Montagner réagit en tapant encore plus fort du poing. Visiblement, M. Hintzy, qui a le pouvoir de faire évoluer les choses, a pris le parti de laisser la violence envers les enfants s’installer dans le sud de notre pays : il ne condamne pas les écoles de tauromachie ! Il protège l’appellation « Ville amie des enfants » décernée par l’association qu’il dirige aux villes de Nîmes et Arles qui sont les plus actives dans l’apprentissage de la cruauté aux enfants.
Lettre du Pr. Montagner à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF à New-York
Vous trouverez ci-dessous la lettre que le Pr. Montagner vient d’adresser à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF à New-York
Secretary of the Executive Board Assistant Secretary, Executive Board
Mr. Nicolas Pron Ms. Christine Muhigana
Phone : (212) 326 7084 Phone : (212) 824 6880
Email : npron@unicef.org Email : cmuhigana@unicef.org
Administrative Assistant Administrative Assistant
Ms. Jodi Piccolomini-Geary Ms. Françoise Coupet
Phne : (212) 326 7519 Phone : (212) 326 7091
Email : jpiccolominigeary@unicef.org Email : fcoupet@unicef.org
Hubert MONTAGNER, docteur ès-Sciences, Professeur des Universités en retraite, ancien Directeur de Recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), ancien Directeur de l’Unité “Enfance inadaptée” de l’INSERM à Monsieur Anthony LAKE, Directeur exécutif de l’UNICEF
Cher Monsieur Antony LAKE,
Je vous écris en tant que Professeur retraité de l’Université française, ancien Directeur de Recherche à l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), ancien Directeur de l’Unité “Enfance inadaptée” de l’INSERM, mais aussi en tant que citoyen du monde engagé dans la protection des enfants, la satisfaction de leurs besoins fondamentaux (alimentation, soins, sécurité affective, sommeil…), le respect et la défense de leurs droits (droit à l’éducation, droit de vivre à l’abri de la violence, droit d’être reconnu comme personne à part entière, droit d’être aimé…).
Avant d’être en retraite, j’ai eu l’honneur et le plaisir de diriger pendant près de quarante ans plusieurs équipes scientifiques dont les recherches ont porté sur le développement, les processus d’attachement, les conduites, les systèmes de communication, les rythmes biopsychologiques et les processus d’adaptation de l’enfant, depuis ses premiers jours, semaines ou mois postnataux à la pré-adolescence. Mes collaborateurs et moi-même avons donc pu suivre l’évolution des “constructions enfantines” d’un mois à l’autre et d’une année à l’autre (voir mon CV en pièce jointe). Particulièrement attentif aux violences subies par les enfants, à celles qu’ils font subir aux autres, et aux conséquences, je suis très concerné et préoccupé par les “spectacles”, événements et environnements violents qui peuvent générer et renforcer les peurs, blocages affectifs, états d’anxiété, angoisses, inhibitions et désordres psychophysiologiques, surtout chez les plus fragiles et vulnérables. Je vous remercie d’avoir dénoncé vous-même la violence psychologique dans votre discours du 11 octobre 2011 au cours de la table ronde sur la violence à l’encontre des enfants.
Organisés dans plusieurs villes du sud de la FRANCE, les “spectacles” de la corrida dite espagnole peuvent être, avec la mise à mort d’un taureau, particulièrement traumatisants, déstabilisants et psychologiquement destructeurs en provoquant la détresse des enfants et en les plongeant dans l’insécurité affective, mais aussi en entraînant des désordres psychiques et des troubles du sommeil.
J’ai donc écrit à Monsieur Jacques HINTZY, Président de l’UNICEF France, pour lui demander de ne plus cautionner les férias qui, dans le sud de la France, se terminent habituellement par une “corrida espagnole”, donc par la mise à mort d’un taureau au moins, et de retirer le label UNICEF “ville amie des enfants” aux villes qui ont des “écoles” de tauromachie, c’est-à-dire des “lieux éducatifs” 0ù les enfants apprennent à manier le poignard (une arme sacrificielle) dans la perspective de devenir toréador, et donc de tuer avec une épée un animal sans défense et sans possibilité de fuite. En pièce jointe, je vous envoie la lettre adressée à Monsieur Jacques HINTZY.
Les “spectacles” de la “corrida espagnole” et les écoles tauromachiques ne me paraissent pas compatibles avec les principes, positions éducatives, valeurs morales et engagements humanistes de l’UNICEF, quels que soient les régions du monde, les peuples et les cultures. L’UNICEF ne peut en effet cautionner le “spectacle” sanglant de la “corrida espagnole” et l’existence “d’écoles de tauromachie” 0ù les enfants apprennent à tuer, “même si” la victime est “seulement” un animal. Est-ce qu’on peut condamner les “enfants-soldats” qui “apprennent” à tuer des humains, et ne pas condamner les tueries de la “corrida espagnole” et la violence ainsi faite aux enfants ?
Monsieur Jacques HINTZY n’a pas daigné répondre à ma lettre. En revanche, il a accordé une interview au journal français LE MONDE, parue le 22 janvier 2012. Il déclare que “entre la crise alimentaire dans la corne de l’Afrique et le droit à l’éducation pour tous les enfants”, l’UNICEF a des problèmes plus graves à régler que la corrida. Ces propos constituant une réponse à ma lettre, je suis directement visé. Ils sont très irrespectueux et irresponsables, voire injurieux, alors que ma lettre était courtoise. En effet, je n’ai pas attendu Monsieur Jacques HINTZY pour défendre “le droit à l’éducation pour tous les enfants”, et je n’ai pas de leçon à recevoir dans ce domaine. C’est en effet ce que j’ai fait tout au long de ma carrière. Par exemple, alors que j’ai donné au BRESIL (BRASILIA, RIO DE JANEIRO, SAO PAULO, PORTO ALEGRE…) des cours et conférences sur le développement de l’enfant, l’aménagement du temps, les structures d’accueil, d’éducation et de soins… pour les enfants de tous âges (voir mon CV), je suis allé “sur le terrain” à la rencontre des enfants et des familles, notamment dans les favellas, à la demande de mes amis brésiliens, et après l’accord des personnes concernées. Ayant “visité” dans les favellas et ailleurs des structures d’accueil et d’éducation démunies (crèches, écoles maternelles), et à la demande des autorités concernées, j’ai rédigé des textes et des projets pour que les différentes structures soient rénovées et mieux équipées, et pour que les professionnels de la santé, de l’éducation et de l’enseignement reçoivent une formation renouvelée, aussi complète et appropriée que possible. Les projets ont été conçus pour que tous les enfants y reçoivent une éducation qui leur permette de développer leurs différentes “composantes” corporelles, affectives, comportementales, relationnelles, cognitives, intellectuelles et biologiques, en interaction avec leur famille et les autres acteurs éducatifs, dans le respect des particularités sociales, culturelles et écologiques de leurs lieux de vie. Je précise que j’ai également donné des cours et des conférences en AFRIQUE 0ù j’ai également aidé au développement de projets éducatifs et autres pour les enfants.
En comparant la corrida et le “droit à l’éducation”, ou en les mettant “en concurrence” ou en opposition, Monsieur Jacques HINTZY tient des propos démagogiques.
Quant “à la crise alimentaire dans la Corne de l’Afrique”, les propos de Monsieur Jacques HINTZY sont encore démagogiques. Il ne s’agit pas en effet de comparer ou de mettre “en concurrence” ou en opposition la corrida et les programmes d’aide alimentaire, sanitaire… Comme de nombreux collègues français et étrangers, je n’ai jamais hésité à prendre mes responsabilités et à dénoncer la famine, les carences alimentaires, l’abandon des êtres et des populations qui ont faim, et l’incapacité du monde dit développé à promouvoir des projets durables pour nourrir et soigner les humains en souffrance sur toute la planète. Je n’ai jamais hésité à soutenir les programmes qui assurent une alimentation suffisante, mais aussi des soins corporels et hygiéniques, des protections contre les agressions climatiques, les maladies et les parasites, et des conditions qui permettent aux personnes de sortir de leurs peurs, de leurs blocages affectifs et de leurs inhibitions, et de s’installer ainsi dans la sécurité affective, en particulier les enfants.
En outre, les propos de Monsieur Jacques HINTZY sont très réducteurs. Malheureusement, la “Corne de l’AFRIQUE” n’est pas la seule région du monde touchée par la crise alimentaire. En FRANCE et en EUROPE, et aussi en ASIE et en AMERIQUE, il y a également des crises alimentaires, même si elles n’ont pas la même gravité qu’en SOMALIE ou que dans d’autres pays africains. S’agissant de la République française, il serait sain et honnête que Monsieur Jacques HINTZY se rende “sur le terrain”, par exemple en GUYANE, notamment dans la région de SAINT LAURENT DE MARONI 0ù des groupes de personnes vivent dans un profond dénuement, dans des conditions déplorables et misérables, 0ù des enfants et des familles ont faim, 0ù les enfants n’ont pas accès aux soins et ne bénéficient pas d’un vrai “droit à l’éducation”. J’y ai vu des enfants “patauger” pieds nus dans la boue, habillés de hardes et sans protection contre les maladies, les infections, les parasitoses… J’y ai vu des enfants “accueillis” dans des écoles 0ù les classes étaient des “containers”, épuisés par une très longue journée, génératrice de stress et de souffrance… ainsi victimes de la violence psychologique que vous dénoncez à juste titre, malgré des enseignants pourtant compétents et humanistes.
Est-ce bien le rôle de Monsieur Jacques HINTZY d’être aussi suffisant et discourtois ? Remplit-il ses missions en considérant comme négligeables la violence objectivement véhiculée par le “spectacle” de la “corrida espagnole” et la violence de l’apprentissage de la mise à mort des taureaux dans les écoles de tauromachie ?
Monsieur le Président, je vous demande donc d’examiner la possibilité d’inscrire la corrida au programme d’une prochaine réunion de l’UNICEF, et de prendre position sur la “corrida espagnole” ainsi que sur les écoles de tauromachie 0ù on apprend aux enfants à tuer. La tolérance de ces réalités est-elle compatible avec les devoirs moraux et humanistes de l’UNICEF ? Pourquoi une telle complaisance ?
En espérant que vous voudrez bien prendre ma demande en considération, je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de ma plus haute considération et d’agréer l’expression de mes sentiments les plus respectueux.
Hubert MONTAGNER.
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