Une pratique qui ne se transmet pas, vous appelez cela une tradition ?

« Jusqu’aux banderilles, ces horribles instruments de torture, qu’on orne de rubans de couleur et de je ne sais quelles cochonneries frisottées (tradition !) dignes d’un mirliton, dissimulant l’engin sadique sous l’accessoire de cotillon… Le jeune futur matador aux fesses bien moulées dans sa culotte à la con (tradition !) qui se dresse gracieusement sur la pointe des pieds pour enfoncer rituellement ses deux javelots enguirlandés dans la nuque offerte, et puis fait un non moins gracieux saut de côté pour éviter les cornes du « fauve », oh que je le hais ! »

Voilà un excellent passage du non moins excellent Coups de sang écrit au début des années 90 par le regretté Cavanna, journaliste de talent s’étant illustré durant des décennies au sein d’Hara-Kiri puis de Charlie Hebdo, dont il fut l’un des fondateurs. Cet extrait est tiré d’un chapitre nommé L’habit de lumières, lui-même faisant partie de la section du livre baptisée Les assassins tranquilles. À l’époque déjà, Cavanna relevait de manière satirique l’argument fallacieux de tradition avancé depuis toujours par l’aficion afin de justifier le maintien de la barbarie des arènes.

Qu’est-ce qu’une tradition ? Si l’on se réfère au Larousse, il s’agit soit de l’ensemble de légendes, de faits, de doctrine, d’opinions, de coutumes, d’usages, etc., transmis oralement sur un long espace de temps, soit d’une manière d’agir ou de penser transmise depuis des générations à l’intérieur d’un groupe.

Avec la corrida, on s’inscrirait plutôt dans le cadre de cette seconde définition et sa légitimité découlerait donc d’une transmission intergénérationnelle à l’ancienneté avérée.

Mais combien de générations nécessaires pour obtenir cette recevabilité ? Une ? Deux ? Dix ?

Certainement beaucoup plus, puisque les traditions multiséculaires qu’étaient le bûcher, l’esclavage, le harcèlement sexuel, l’homophobie, l’incapacité civile des femmes, etc., n’en affichaient déjà pas assez pour ne pas échapper à leur interdiction par la loi.

Pourquoi ? Parce que, fort heureusement, la longévité de ces sinistres pratiques était un critère de leur maintien pesant bien moins lourd que la volonté générale d’élévation du degré de civilisation de notre société.

Alors la corrida, beaucoup plus jeune que toutes ses cousines susmentionnées et non moins horrible, ne dispose d’aucune raison pour ne pas subir le même sort.

Cependant, faisons œuvre pour une fois de charité intellectuelle et acceptons, le temps de quelques minutes, que cette tradition tauromachique existe bel et bien, et qu’elle s’avère recevable par le seul biais de son ancienneté. Nous sommes alors en présence d’une pratique tellement ancrée dans les mœurs qu’elle génère nombre de vocations parmi la population (soi-disant nombreuse) qui l’adoube.

Quel n’est donc pas notre étonnement à la lecture de cet article consultable depuis le 3 avril sur le site de France bleu Landes portant sur l’absence probable de corridas cet été dans le Sud-Ouest, et plus généralement dans le sud, en raison des mesures restrictives pour endiguer l’épidémie du coronavirus. On y apprend que tous les représentants de ce petit monde (organisateurs, gestionnaires d’arènes, membres de commissions taurines) soulignent que « la frontière espagnole fermée durablement, il est très difficilement imaginable d’envisager organiser une saison, même au cœur de l’été« .

Quel peut bien être le rapport entre cette frontière fermée et la tenue de corridas en France ? Puisqu’il s’agit d’une tradition implantée depuis la nuit des temps, elle n’a théoriquement besoin d’aucun élément venant de quelque pays que ce soit pour exister.

On nous donne la réponse quelques lignes plus bas : « Alors, des toros en France cet été ?… Il faudrait pour ce faire la fin du confinement espagnol, la réouverture de la frontière et la capacité à organiser dans des conditions qui seraient de toute façon très particulières. Quant à faire éventuellement avec du bétail français, dans l’hypothèse d’une fin de pandémie chez nous, la France ne dispose pas de vingt lots de toros à proposer. »

Mais où sont donc passés les centaines d’élevages français liés à cette activité ultra-florissante d’un point de vue économique selon ses adeptes ?

Et le meilleur est à venir : « Et avec quels toreros si les professionnels espagnols, matadors, banderilleros, picadors sont toujours confinés ?« 

Bon, là on nous dit clairement que le monde professionnel d’origine française lié à cette belle tradition soit se compte sur les cinq doigts de la main, soit est composé à 99 % de branquignols tellement talentueux qu’il est nécessaire d’avoir recours à de la main d’œuvre espagnole.

Si l’on fait une petite synthèse de cette noble activité selon l’analyse même du monde de l’aficion :

  • elle est vouée à disparaître si les ponts sont coupés avec l’Espagne ;
  • les éleveurs français savent fournir en victimes bovines à peine 2 % des corridas organisées ;
  • sans la participation des tortionnaires hispaniques, il y a pénurie quasi-totale de main d’œuvre.

Alors, tradition ? Non, importation devenue imposture.

David Joly
Trésorier FLAC et No Corrida

Nouveau succès pour l’expo itinérante de la FLAC à Villeneuve-lès-Avignon

Alors que l’exposition « L’autre réalité de la corrida » de la FLAC se termine à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), la soirée de vernissage qui s’est tenue le 8 février 2020 a rencontré un vif succès, comme cela a déjà été le cas à Bordeaux et à Béziers. En effet, une centaine de personnes sont venues à cette occasion, avec un grand nombre de personnalités de premier plan, en particulier de divers partis politiques. Rappelons que la FLAC ne soutient aucun courant politique en particulier en raison de son statut associatif, mais salue volontiers les représentants de tous les partis sans exception qui affichent leurs convictions anticorrida.

Le 8 février à Villeneuve, le premier d’entre eux à s’être présenté dans la magnifique salle Fernand Martin était le maire Jean-Marc Roubaud (LR), qui s’est publiquement déclaré anticorrida depuis de nombreuses années à l’époque où il était député. Il apporte ainsi la preuve, s’il en est besoin, qu’on peut très bien être élu et ré-élu à de multiples reprises tout en étant anticorrida dans le Gard, département taurin de premier plan pour le mundillo. Deux de ses adjoints ont également assisté à la soirée et aux débats, Xavier Belleville (Premier adjoint) et Nathalie Le Goff (adjointe).

Jean Marc Roubaud, maire de Villeneuve-lès-Avignon, en compagnie de Roger Lahana

Une forte délégation d’EELV était parmi nous. On a pu assister depuis déjà longtemps et plus particulièrement depuis l’été dernier à une montée en puissance de la cause animale en général et de l’anticorrida en particulier chez les militants, élus et cadres de ce parti, dont certaines et certains sont venus de très loin pour être avec nous à Villeneuve-lès-Avignon. Nous avons accueilli avec plaisir Sandra Régol, secrétaire nationale adjointe d’EELV, Annie Lahmer, conseillère régionale Île-de-France, Sylvie Fare, conseillère départementale du Vaucluse, Jean-Pierre Cervantès, tête de liste écologiste à Avignon, Pauline Couvent, responsable de la Condition animale EELV, et Anne Daniel, tête de liste EELV à Villeneuve-lès-Avignon.

Le Parti Animaliste était représenté entre autres par Eddine Ariztegui (Montpellier) et Denis Schmidt (Avignon). Des militants de la France Insoumise étaient également venus, ainsi que le candidat LREM aux municipales de Villeneuve-lès-Avignon, Florent Lemont.

Toutes ces personnalités ont pu prendre la parole, après la projection d’autres messages de soutien en vidéo : Xavier Bigot pour la liste Carcassonne autrement, Magali Croziers (LFI Béziers), Thierry Antoine (EELV Béziers), Aurélien Grimaud (Archipel Citoyen, liste d’union EELV – LFI – Place publique – Ensemble – Toulouse idées neuves – Nouvelle Donne – Parti Pirate, Toulouse), Hélène Cabanes (Archipel Citoyen, Toulouse), Manuel Leick-Jonard (Archipel Citoyen, Toulouse), sans oublier un message très chaleureux de soutien de Nathalie Dehan, partenaire de longue date de No Corrida, qui se présente comme tête de liste Métropole Lyon Sud-est pour la liste « Maintenant la Métropole pour nous Les Écologistes avec Bruno Bernard ».

Côté associatif, nous avons eu le plaisir d’échanger avec des militants de diverses organisations : plusieurs d’Adeo Animalis, Chantal de PETA (qui nous a parlé de la fin du soutien financier de Pernod-Ricard à la tauromachie en France, pour laquelle PETA US a été particulièrement active auprès de l’actionnaire américain), Sophie-Maffre-Baugé du COLBAC, Catherine et Corinne du Var, Sarah du Vaucluse, plusieurs membres du CLAN (CLub des Amis de la Nature et des animaux) dont le siège est à Villeneuve -Lez-Avignon), le collectif Tous Terriens des Alpes Maritimes, des militants du CRAC et de l’AAC, et, bien sûr, plusieurs de No Corrida qui était co-organisateur de l’événement comme pour les expos précédentes (dont Rosy Gonzalez venue de Bordeaux, Joël Lunel de Tarascon, Dominique Arizmendi d’Arles et Roger Lahana de Nîmes, liste non exhaustive). Le chanteur Jacky était aussi des nôtres.

Le film de Thierry Hély « Juste pour le plaisir » a été projeté avant de lancer le débat avec tous les participants présents. Rappelons que ce film, aux images extrêmement éprouvantes, tourné le 12 août 2000 montre l’alternative de Sébastien Castella à Béziers, qui va « fêter » ses vingt ans de tueur de taureaux l’été prochain. Chaque nouvelle blessure infligée aux taureaux déclenche des applaudissements de la foule. Parmi les rares moments de silence, on peut entendre les animaux suppliciés gémir de façon épouvantable avant de succomber.

Les échanges étaient supervisés par Thierry Hély et Roger Lahana, ce dernier donnant des nouvelles réjouissantes de la morosité et de la déprime de plus en plus marquées des taurins, non seulement en France (PPL de Samantha Cazebonne, tableau apocalyptique de la fin proche de la tauromachie dressé par la FSTF), mais aussi en Espagne (création de la Direction de la Protection Animale et disparition de l’émission Toros de la radio Ser), en Colombie suite à la percée des candidats animalistes aux dernières municipales et au Mexique.

En conclusion à la soirée, un buffet a été proposé aux personnes présentes. Il était composé de produits à 100 % végétaux, la plupart bio et locaux (terrines végétales, pains, fruits secs, pâtisseries, jus de fruits).

A lire en complément : « Pourquoi il rit, le monsieur ?« 

Roger Lahana
Secrétaire fédéral de la FLAC, président de No Corrida

 

Exposition « L’autre réalité de la corrida » du 5 au 10 février 2020 à Villeneuve-lès-Avignon (30)

La prochaine édition de l’exposition itinérante « L’autre réalité de la corrida » organisée par la FLAC avec la participation active de No Corrida se tiendra du 5 au 10 février 2020 dans le Gard à Villeneuve-lès-Avignon, à une trentaine de kilomètres de Nîmes. Particularité de cette commune qui nous a séduits, son maire, Jean-Marc Roubaud affiche ouvertement son engagement anticorrida depuis longtemps.

Malgré les pressions de son puissant voisin, Nîmes, cela ne l’a pas empêché, à chaque municipale, d’être réélu de manière magistrale. Comme quoi, être anticorrida dans le Gard, département où se trouve l’une des toutes premières villes tauromachiques de France, ne fait pas perdre des voix, bien au contraire.

D’ailleurs, le maire a récemment signé le manifeste de la FLAC contre l’accès des mineurs aux corridas, rejoignant ainsi les rangs de ceux qui soutiennent l’initiative législative de Samantha Cazebonne en ce sens.

L’exposition, qui s’est déjà tenue à Bordeaux et à Béziers, ouvrira ses portes du 5 au 10 février 2020, salle F. Martin, allée Pierre-Louis Loisil, Villeneuve-lès-Avignon. Un vernissage en présence de nombreuses personnalités aura lieu le 8 février à 19 h. Un buffet le clôturera. L’entrée est libre et gratuite.

L’autre réalité de la corrida…

La FLAC présentera un autre visage de cette pratique si controversée et en plein déclin. Nous dénoncerons, entre autres, les dangers que représente pour les enfants cette violence sanglante bien réelle et non virtuelle. Autre controverse : de grands préhistoriens réfutent l’appropriation intellectuelle de Lascaux par la corrida. “Lascaux, c’est la vie, la corrida, c’est la mort” (Norbert Aujoulat, spécialiste de Lascaux). Avec de la documentation scientifique rigoureuse, des visuels percutants et des œuvres artistiques, la FLAC rétablira certaines vérités bien dissimulées…

Du 5 au 10 février 2020, salle F. Martin, allée Pierre-Louis Loisil, Villeneuve-lès-Avignon.
Vernissage le 8 février 2020 à partir de 19 h en présence de nombreuses personnalités.
Un buffet clôturera le vernissage
Entrée libre et gratuite.
VENEZ NOMBREUX !

Cédric Villani signe le manifeste de la FLAC

Nous avons le très grand plaisir d’annoncer que Cédric Villani vient de signer le manifeste de la FLAC demandant l’interdiction d’accès des moins de 16 ans aux corridas et par conséquent l’interdiction des écoles de tauromachie. Il confirme ainsi son engagement, déjà montré au sein du groupe d’étude Condition animale présidé par Loïc Dombreval à l’Assemblée, dont l’une des vice-présidentes est Samantha Cazebonne.

Avant d’embrasser une carrière politique au sein de LREM et de présenter sa candidature à la mairie de Paris pour les prochaines municipales de 2020, Cédric Villani est devenu mondialement connu en tant que mathématicien. Titulaire en 2010 de la prestigieuse médaille Fields (équivalent du prix Nobel pour les mathématiques), il a plus précisément travaillé sur les problèmes issus de la physique statistique, de l’optimisation et de la géométrie riemannienne.

Il est issu d’une famille d’universitaires de haut niveau et d’artistes réputés. Concernant son parcours scolaire, ce surdoué a toujours eu les notes maximales en mathématiques dès le collège et a eu son Bac C avec 18 de moyenne générale. Il a été directeur de l’Institut Henri-Poincaré de 2009 à 2017, date à laquelle il a démissionné de son poste après avoir été élu député. Il est également membre de l’Académie des sciences, du Conseil stratégique de la recherche et du Conseil scientifique de Wikimédia France. Depuis 2010, il s’est investi dans la vulgarisation scientifique et mathématique au travers de diverses initiatives visant le grand public.

Colloque du 17 octobre 2019 à l’Assemblée nationale : Protection de l’Enfance contre toutes les formes de violence

Des animaux et des petits d’hommes

A la demande de Madame Samantha CAZEBONNE, députée, la FLAC1 est intervenue à l’occasion du Colloque sur la protection de l’Enfance contre toutes les formes de violence et nous tenons avant tout à la remercier pour la noblesse de son initiative. C’est pour nous un honneur qu’elle nous ait choisis pour l’accompagner dans son projet sur lequel Roger LAHANA, secrétaire de la Fédération, a travaillé. Lors de cet évènement, c’est David JOLY, trésorier de la Fédération – à qui nous devons de brillants dossiers relatifs aux diverses fraudes liées au milieu de la corrida – qui a présenté un dossier sur les mineurs exposés à la violence des corridas en tant que spectateurs ou en tant qu’acteurs (dans les écoles de tauromachie). La cause que nous portons est essentielle, fondamentale et il suffit de se référer aux paroles fortes prononcées à l’occasion de cet évènement, tout autant que de confronter celles-ci à la science pour s’en convaincre définitivement. Ainsi, combattre la corrida est un devoir moral incontestable. Madame Simone VEIL, à laquelle il est proprement indigne d’opposer l’absence de mobilisation humaniste envers ses semblables, tout comme de nier l’intense souffrance de sa destinée, s’était engagée par écrit en faveur de l’interdiction des mineurs aux corridas. Madame Samantha CAZEBONNE l’a d’ailleurs rappelé lors de son discours de clôture.

Des paroles fortes

Lorsque les simples mots font défaut pour traduire un phénomène, la métaphore vient au secours pour nommer les ressentis. Ainsi, Madame Laurence PARISOT2, en introduction à cette journée, a défini la tauromachie espagnole : « La corrida, c’est la pornographie de la cruauté […] c’est la manifestation d’une violence inouïe […] une exhibition de la barbarie ». Madame Claire BRISSET3 a appelé à « se mettre au niveau de l’enfant » et a indiqué que les plus jeunes « font peur aux adultes car ils nous rappellent que nous sommes mortels ». De fait, nous sommes ambivalents vis-à-vis des plus petits car nous tenons à distance ce que nous aimons le plus. Ambivalence consacrée également par le fait que s’ils nous rappellent la mort, ils sont aussi notre continuité.

Ainsi, « chaque enfant est le patrimoine suprême de l’Humanité » et Matthieu RICARD4 en appelle à la modestie puisqu’en ramenant l’existence de la Terre à 24 heures, l’Homme n’est présent que depuis… 5 secondes ! Il est donc parfaitement illusoire de penser que les créatures avec lesquelles nous partageons cette planète y ont été placées par rapport à l’Homme. Il établit un parallèle entre les enfants-soldats et la tauromachie et précise que les quatre premières années de vie sont les plus importantes et les plus formatrices.

« Science is on our side » – Marta ESTEBAN5

En effet, c’est avant 4 ans que « les impressions s’impriment » et, égratignant FREUD et LORENZ, Matthieu RICARD indique que bien loin de la croyance selon laquelle la violence serait innée, les études relatives à l’humain (et à l’animal) attestent que les enfants sont « de grands coopérants », avant tout portés par l’empathie et que la violence est un apprentissage. Marta ESTEBAN vient corroborer ce propos en démontrant, toujours selon des études scientifiques, que l’enfant a une tendance naturelle à protéger. Dès lors, comment un enfant vit-il le fait de voir son père frapper un chien, ou bien celui de voir ses parents applaudir devant un taureau agonisant ? En outre, la détection des psychopathes comprend, comme marqueur, les antécédents de cruauté sur les animaux selon l’enquête française BLITZ (2019), soutient Laurent BEGUE-SHANKLAND6. A contrario, la bienveillance envers les animaux est un marqueur d’empathie, y compris envers ses semblables.

« On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas » nous a légué LAMARTINE. Cette citation est désormais validée par la science. Le FBI a introduit les abus d’animaux dans ses fichiers et il a été établi qu’en Inde et aux USA, les zones les plus violentes sont celles où se trouvent des abattoirs. Certains Etats mexicains devenus abolitionnistes ont vu baisser leurs chiffres d’actes violents depuis la fin des corridas. La violence est une ; et porter attention et bienveillance aux animaux revient à apporter cette même attention et cette même bienveillance aux humains. A l’inverse, la violence envers l’Animal désensibilise à l’empathie, provoque une accoutumance à la violence – parfois mécanisme de défense face à la détresse émotionnelle provoquée par la cruauté exercée ou visualisée – qui se muera en fascination puis en addiction, définition même de « l’aficion » (passion de la corrida, les adeptes se définissant eux-mêmes « aficionados ») souligne Jean-Paul RICHIER7.

Combattre la corrida : un devoir moral

« Notre civilisation nous conduit à éliminer la barbarie […], interdire la corrida aux mineurs c’est le b.a-ba, c’est le bon sens, c’est faire de la protection de l’Enfance », affirme Laurence PARISOT qui enfonce le clou en souhaitant que la France cesse d’accepter l’ignoble « avec bonhommie et grivoiserie ». Marta ESTEBAN tient le même discours : non seulement développer la compassion envers les animaux est un antidote à la violence mais faire preuve de bienveillance est un puissant stimulant neuronal. Matthieu RICARD précise que la corrida est un « hiatus considérable », une réification de l’animal, qui, même s’il ne peut intellectuellement exprimer qu’il ne souhaite pas mourir, n’en est pas moins un « sujet de vie ». Nous sommes intrinsèquement des individus de justice et de morale ; est-il juste et moral de tuer un animal pour se divertir ? « Si vous trouvez un argument contre ça, je vous attends », termine Matthieu RICARD.

Pourtant, aussi invraisemblable que cela paraisse, les associations qui luttent contre la corrida doivent faire face à un prosélytisme des plus décomplexés à l’endroit de l’Enfance. Écoles taurines, présence d’enfants dans les arènes, exposés dans les établissements scolaires : le monde de la défense animale est laissé seul face au lobby pro-corrida. Pourtant, le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU a épinglé la France concernant la corrida et les mineurs, rappelle Philippe JAFFE8. Il précise que si la France se présentait à ce Comité, ce qui devrait intervenir prochainement, cela provoquerait immanquablement des « étincelles ». La protection de l’Enfance est mise en cause par la pratique de la corrida et, selon l’intervenant « la France se rend complice d’une inversion des valeurs ». Jean-Paul RICHIER cite les témoignages de personnes traumatisées durant l’enfance par ce « spectacle » et Thierry HELY corrobore ce fait par le témoignage de Marina RUIZ-PICASSO, petite-fille du célèbre peintre qui a adressé à la FLAC un billet émouvant où elle fait état de l’aversion et de la souffrance qu’elle ressent encore aujourd’hui alors que son père l’a « initiée » à la tauromachie espagnole.

La science a abondamment démontré que la violence a des effets importants et durables sur la santé. Somatisation, augmentation du rythme cardiaque, détresse émotionnelle, traumatismes, angoisses, dépression jusqu’à impacter l’épigénétique. Les violences exercées sur les animaux sont de la même veine que les violences exercées sur l’homme. Celui qui fait preuve de cruauté envers un animal exerce, en réalité, sa cruauté sur son semblable. La corrida n’a aucune justification éthique et la science ne fait que démontrer le lien qui unit l’homme – et particulièrement l’enfant – à l’animal. Si notre nature profonde est bienveillante, la violence est acquise et non pas innée. Ainsi, nul besoin de se « purger » d’une prétendue violence accumulée de façon naturelle : en d’autres termes, la violence a des causes et peut – doit – être éliminée. Les valeurs cathartiques prêtées à la corrida ne sont qu’un mythe et « l’aficion » n’est que la manifestation d’une addiction à la violence. « L’Enfance » ne concerne pas uniquement l’enfant en tant que tel, elle est une notion qui appartient à l’Humanité et qui concerne chacun d’entre nous au plus profond de sa personne. Or, l’intérêt supérieur de l’enfant prime sur l’autorité parentale, sur la liberté des parents d’éduquer leurs enfants, ainsi que cela est consacré par des textes sur le tabac, l’alcool, ou encore la sécurité routière. Suite à ce colloque, Madame Samantha CAZEBONNE annonce déposer une proposition de loi relatif à la protection de l’Enfance et notamment pour protéger ces derniers de la cruauté exercée sur les animaux lors des corridas. Notons le soutien extrêmement important apporté par Gilles LE GENDRE, président du groupe LREM à l’Assemblée, qui est venu s’exprimer en ce sens en conclusion du colloque.

Il est de la responsabilité de la société de se prononcer de façon claire et de ne plus laisser les associations seules à lutter pour faire reculer la barbarie. En conséquence, nous restons déterminés et mobilisés avec une attention soutenue quant à la suite qui sera réservée à ce texte par les politiques.