Tractage devant le spectacle « petits toros » de Boulogne

Publié par Guillaume, Noëlla, Laetitia et Elliot.

Boulogne(92), où avait lieu la représentation.

Les nouveaux militants de la FLAC apportent une contre-information aux spectateurs de cette représentation théâtrale qui banalise la corrida auprès des enfants.

Samedi 10 mars 2012. Nous sommes arrivés à 16h30 soit une demi-heure avant la représentation du spectacle « Petit cirque et les petits toros » à Boulogne-Billancourt, pour une action  informations et tractage  auprès des parents accompagnant leurs enfants à ce spectacle.

Nous nous sommes séparés en deux binômes et avons touché une trentaine de personnes très souriantes et réceptives à notre message. Aucune confrontation n’a eu lieu.

Une anecdote assez surprenante tout de même, alors que nous distribuions nos tracts, un homme portant un casque de scooter nous observait sur un banc, il nous a interpellés nous en demandant pourquoi nous faisions ça. Nous lui avons donc expliqué les répercussions de ce spectacle sur l’enfant.  Cet homme sympathique nous dit qu’il avait  vu ce spectacle dix ans auparavant et qu’il le défendait. Nous avons donc entamé une discussion intéressante sur le sujet et il a fini par avouer qu’il considérait ce spectacle positivement, et n’avait jamais réfléchi à l’impact négatif sur l’enfant de la corrida. Il semblait assez troublé et concerné par ce point. Nous ne savions pas ce qu’il faisait là à nous observer jusqu’à ce qu’il nous salue et  parte en courant rejoindre le spectacle qui allait commencer,  toujours casqué…

Tout s’est donc très bien déroulé, nous étions tous les quatre contents d’avoir une fois de plus permis de diffuser une vraie contre-information aux personnes qui ne se doutent pas que ce spectacle masque la terrible cruauté des corridas.

Merci à la FLAC de nous avoir fait confiance

Laetitia, Noella, Eliott et Guillaume.

>> voir le compte-rendu des 2 premiers tractages “petits toros”.

Merci à tous les quatre pour avoir passé une partie de votre week-end à diffuser notre message.

Vous aussi, aidez les jeunes de la FLAC afin que plus jamais on ne glorifie la corrida. Aidez-nous !

La corrida néfaste pour l’enfant : Hubert Montagner rejoint la FLAC

Hubert Montagner, psychophysiologiste, éthologue et spécialiste de la relation enfant-animal, rejoint la FLAC, estimant que ce spectacle « est une forme de violence néfaste pour l’enfant ». L’ancien directeur de recherche à l’INSERM a intégré notre comité d’honneur.

Hubert Montagner « souhaite voir interdire l’accès aux corridas aux enfants de moins de 16 ans ». Il explique très clairement ses motivations : « Les blessures portées au taureau avec les banderilles puis l’épée, le sang qui coule, les conduites désespérées du taureau pour échapper aux souffrances menant à la mort de l’animal perturbent de très nombreux enfants, en particulier ceux qui sont émotifs, anxieux et angoissés. » Selon lui, « la mort d’un animal s’accompagne toujours chez l’enfant d’un trouble du sommeil et les blessures infligées au taureau peuvent être ressenties comme un véritable traumatisme ». Hubert Montagner a par ailleurs écrit au président d’UNICEF France pour demander « de mettre fin à leur présence à la Feria des enfants de Nîmes et de reconsidérer l’attribution du label “Villes amies des enfants” ». Selon lui, le choix de cette ville de soutenir les écoles tauromachiques est incompatible avec les principes éducatifs et humanistes de l’ONU, de l’Unesco et du Conseil de l’Europe.

>> Lire “La corrida serait néfaste pour l’enfant” sur lequotidiendumedecin.fr, 11 janvier 2012
>> Lire “Le professeur Hubert Montagner rejoint les anti-corrida”, Romandie News 11 janvier 2012

Collectif de professionnels soutenant la motion de demande d’interdiction des corridas aux moins de seize ans

Jean-Paul RICHIER, Psychiatre, Praticien Hospitalier, est responsable d’un Collectif de professionnels (psychiatres & psychologues) soutenant la motion de demande d’interdiction des corridas espagnoles et portugaises en France aux moins de seize ans.

Nous sommes à une époque où les débats sur la corrida prennent de l’ampleur dans tous les pays où elle est pratiquée, portés par de profondes mutations à la fois dans le rapport de l’individu contemporain à la violence et dans la relation entre hommes et animaux. Nous sommes aussi à une époque où on se préoccupe de façon croissante de la violence dont les jeunes peuvent être témoins, victimes ou auteurs, cela d’autant que les chiffres des violences aux personnes augmentent en France au fil des années.
Le moment est donc venu de prendre en compte l’impact de ce spectacle sur les enfants et les adolescents.
En effet, il y a dans la corrida une violence et une souffrance qui associent certaines caractéristiques fondamentales :

  • elles sont imposées dans le cadre d’un rapport radicalement inégal, à savoir par des hommes à un animal contraint à être présent ;
  • elles n’ont pas d’utilité concrète, elles ont pour unique raison d’être le plaisir de l’homme ;
  • elles sont constituées en spectacle.

D’une façon générale, il est légitime de redouter chez le jeune spectateur de corridas les conséquences suivantes :

  1. Des effets traumatiques : La réaction normale d’un enfant à la vue d’un animal saignant sous les coups d’un homme est toujours au départ une réaction de rejet, de gêne, et de peur. Certains enfants dans une corrida vont être heurtés par certaines scènes, et pourront d’autant moins en faire part que leur entourage adulte déniera le caractère traumatisant du spectacle en alléguant l’art, la tradition et la culture.
  2. Une accoutumance à la violence : Les adultes qui emmènent des enfants à des corridas les entraînent qu’on le veuille ou non à une forme de violence très crue, réelle et non pas fictive même si elle est circonscrite à l’arène, et pour tout dire la leur enseignent en alléguant l’art, la tradition et la culture.
  3. Une fragilisation du sens moral : On constate abondamment que bien des difficultés dont souffre notre société ont pour racine des incohérences du système de règles de l’individu. Il semble difficile d’apprendre à nos enfants, dans les écoles et dans les familles, que la violence est condamnable et qu’on ne doit pas faire souffrir les autres êtres, mais qu’à côté de cela la violence gratuite peut être légitime voire recommandée et qu’on a le droit de faire souffrir certains êtres en alléguant l’art, la tradition et la culture. L’enfant voit parfaitement que le taureau a été contraint à venir dans l’arène et qu’on lui inflige longuement des blessures puis la mort, sans motif de défense ou de protection. Cela peut déstabiliser les critères du juste et de l’injuste.
  4. Une perturbation des valeurs : Il n’est pas anodin de présenter à des enfants le spectacle de la souffrance, du sang et de la mort en le justifiant par une valeur esthétique, qui primerait donc sur tous les autres aspects, en le légitimant par une tradition, qui devrait donc l’emporter sur tout autre type de considération, en l’associant à une identité culturelle, alors même que l’enfant est en quête de modèles identificatoires. Enfin, il n’est pas anodin de présenter à des enfants le spectacle d’hommes tourmentant, et de plus sans motif, un animal jusqu’à la mort, alors même que notre société est en train de repenser en profondeur nos rapports avec les animaux et avec la nature.

Il va de soi que ces réflexions s’appliquent à plus forte raison à l’entraînement à la pratique de la corrida, notamment dans le cadre de ce qu’on appelle les “écoles taurines“. Ces écoles existent en France à Arles, Nîmes, Béziers ou Cauna (Landes), les enfants peuvent y être admis à 10 ans voire moins, et ne tardent pas à s’exercer sur des veaux.

On ne manquera pas de nous rétorquer que les cahots éducatifs et moraux qui secouent nos sociétés ressortissent à des facteurs causaux bien plus vastes et complexes. Nous en sommes bien entendu conscients, mais ceci ne saurait tenir lieu de réponse à la préoccupation ici exprimée.

En tant que psychiatres et psychologues, nous demandons en conséquence que le spectacle de la corrida, ainsi que l’entraînement à sa pratique, ne soient plus autorisés aux moins de seize ans.

>> Voir le Collectif de professionnels soutenant l’interdiction des corridas aux moins de seize ans.