Lettre ouverte : réponse de Hubert Montagner à M. William Lucas

 Monsieur,

Je ne peux accepter votre texte “Pour en revenir aux propos de Monsieur Montagner” car il est fondé sur des amalgames désobligeants, malhonnêtes et diffamatoires. Quant au docteur PON, votre référence, il a triché et commis un faux. On verra les conséquences.

Tout d’abord, je n’ai jamais évoqué votre “état d’esprit complètement ravagé par la mafia taurine”, et je n’ai jamais insulté vos parents pour vous “avoir amené… voir un spectacle barbare qui forme les enfants à la violence”.  Ces mots et jugements ne font pas partie de mon vocabulaire, de ma personnalité, de ma mentalité ni de ma philosophie. En outre, je ne vous connais pas et j’ai à priori le plus grand respect pour vos parents… plus généralement pour tous les parents et toutes les familles. C’est aux personnes qui vous ont écrit qu’il faut répondre.  

Tant mieux si votre “vie d’adolescent” n’a pas été perturbée par “aucunes peurs, aucuns blocages affectifs, états d’anxiété, angoisses et désordres psychophysiologiques” (je cite). Mais, que vous le vouliez ou non, le spectacle de la souffrance animale est très insécurisant, anxiogène et/ou angoissant pour de nombreux enfants, surtout les plus fragiles et vulnérables (je vous renvoie à mes publications et livres). En conséquence, j’ai décidé de combattre toutes les formes de violence qui sont infligées aux animaux et qui peuvent générer ou renforcer les difficultés psychologiques des enfants, y compris la tauromachie. J’ai vu des enfants traumatisés par les blessures dues aux  banderilles, par le sang qui coule et par la mise à mort de taureaux dans l’arène. Tous n’étaient pas accompagnés par un adulte rassurant et sécurisant… c’est le moins qu’on puisse écrire.

Vous me calomniez et vous m’injuriez quand vous écrivez que je suis le “chef d’orchestre de cette nouvelle campagne de propagande qui vise à manipuler l’opinion des gens à travers des écrits mensongers qui sont fondés sur de faux arguments sortis d’on ne sait où”. Cette accusation mensongère est grave. En réalité, j’ai accepté de faire partie du comité d’honneur de la FLAC parce que son combat contre la violence de la corrida rejoint le mien contre les violences de toutes “natures”, que la victime soit un humain ou un animal. Pour moi, il n’y a pas de violences qui seraient acceptables et “nobles”, et  et de violences qui ne le seraient pas. Je ne saurais me substituer aux dirigeants de La FLAC, ni à ses militants. Parfaitement responsables, ils prennent leurs décisions en toute indépendance dans un combat qui les honore. Ils n’ont pas besoin d’un “chef d’orchestre”.

Quant à mes écrits qui seraient mensongers, c’est une accusation grave. Je vous mets au défit d’étayer un tel jugement. En fait, vous essayez de vous dédouaner par des amalgames aberrants et insensés en dénonçant les spectacles télévisuels “avec tous ces jeux 0ù les candidats sont sélectionnés suivant leur niveau de débilité ou d’agressivité, les chaînes espérant ainsi le clash qui fera “péter l’audimat” ou comme on dit maintenant le “Buzz”. Quelle vulgarité ! Pourquoi regardez-vous ces spectacles ? Il suffit de changer de chaîne, de lire un livre, de participer à un jeu de société, de jouer avec vos enfants ou d’autres… Pourquoi ne protestez-vous pas auprès des directeurs de chaîne ?  Faites comme moi… ne les regardez pas. Mais, apparemment, vous êtes un spectateur assidu de ces émissions “débiles “ et “agressives”, et aussi, semble t’il, “des tueries collectives organisées par des gosses influencés par leur console de jeu”. Je ne vous ai pas attendu pour m’élever contre les tueries en SYRIE et ailleurs, contre l’exploitation des enfants et contre les violences aux personnes de tout ordre dans la société française (et ailleurs). Je pense que je connais mieux que vous ce qui se passe en classe et à l’école. Je n’ai jamais hésité à dénoncer les différents facteurs et événements qui peuvent engendrer des conduites violentes chez les enfants dans leurs différents lieux de vie. Décidément, vous mélangez tout quand vous posez la question “allaient-ils aux corridas ?” au sujet des enfants qui ont commis des actes de violence. Je ne vois pas la pertinence d’une telle interrogation. Elle n’a aucun sens. Je vous suggère de poser la question “allaient-ils aux corridas ?”  pour les “enfants-soldats” qui font la guerre et tuent (que l’on contraint à faire la guerre et à tuer), notamment à l’UNICEF.

Avant d’écrire n’importe quoi, vous seriez bien inspiré de vous informer et, si possible, de réfléchir un peu sur la condition humaine. Même si vous ne lisez pas de publications ou de livres, vous pouvez consulter les sites internet appropriés ou simplement, puisque je suis concerné, former mon nom dans la fenêtre google ou yahoo de votre ordinateur. 

Vous ne manquez pas de souffle en m’accusant “d’utiliser votre statut de psychologue pour donner des leçons” et en m’intimant de me proclamer  “défenseur des animaux”. Au nom de qui, de quoi et de quel droit voulez-vous m’enfermer dans une telle case  ? Si vous étiez mieux informé et plus honnête, vous sauriez que je défends à priori toutes les formes de vie, y compris la vie animale (ma discipline, la psychophysiologie, fait partie des neurosciences), sans éprouver le besoin de “’donner des leçons”.

Quant à “laissez nos enfants tranquilles”, je ne suis pas de ceux qui portent atteinte à la tranquillité des enfants. Vous feriez mieux de vous préoccuper des enfants qui fréquentent les écoles de tauromachie 0ù on leur apprend à tuer, surtout quand ils n’ont rien demandé, et plus encore quand ils ont été contraints de s’y rendre. Il serait étonnant qu’ils soient tous tranquilles. 

Quant à ma réponse à Monsieur HINTZY, je l’ai informé que je ne l’avais pas attendu pour apporter ma contribution, certes modeste mais entière, non pas seulement à “l’aide alimentaire dans la corne de l’Afrique” et au “droit à l’éducation pour tous les enfants”, mais aussi au droit à la santé, à la sécurité affective et à un toit, non seulement dans cette région, mais aussi dans d’autres pays africains et ailleurs. J’ai contribué à la formation d’étudiants africains, brésiliens… dans les domaines du développement de l’enfant, de ses conduites, de ses systèmes de communication, de ses rythmes et de ses capacités d’adaptation non seulement en France mais aussi en Afrique, au Brésil…

Monsieur, je pourrais demander réparation à la justice pour diffamation et injures. Je ne le ferai pas, car votre écrit est pathétique. Apprenez à respecter autrui et vous serez alors digne de respect.

Je vous plains.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués

Hubert MONTAGNER    dr ès-sciences

Professeur des Université en retraite

ancien Directeur de Recherche à l’INSERM

ancien Directeur de l’unité “enfance inadaptée” de l’INSERM

 

  >> téléchargez la lettre de M. Hintzy, directeur de l’UNICEF, qui, en réponse à Hubert Montagner, annonce que l’UNICEF ne participera plus à la « féria des enfants » et reconnait ouvertement que la lutte contre la cruauté de la corrida est un « honorable combat ».

 

 

 

Méfaits de la corrida sur les enfants : le Pr Montagner hausse le ton.

De plus en plus isolés sont ceux qui persistent à nier que la corrida est un spectacle cruel et violent.

Il est maintenant largement admis -particulièrement dans le milieu psychiatrique- que ce spectacle, en plus de sa cruauté envers les animaux, est générateur de traumatismes importants chez l’enfant.

Seuls quelques psychiatres -aficionados- préfèrent protéger leur coupable distraction au détriment de leur crédibilité, de leurs engagements moraux et du bon développement des enfants. Les échanges de courriels ci-dessous, que la FLAC est autorisée à publier par le Pr Montagner, parlent d’eux-mêmes.

Voyez de quel côté est la raison et l’intelligence, et de quel coté se situe la sauvegarde d’intérêts personnels au détriment de la protection de nos enfants.

 

COURRIEL à Monsieur Mocrane ABBAR, chef de service au CHU de NIMES et Monsieur Philippe COURTET, chef de service au CHU Lapeyronie de MONTPELLIER

Monsieur, cher collègue,

ayant appris que votre nom figure sur la liste des pédopsychiatres et psychiatres qui auraient signé le communiqué du 11 février 2012 de l’ONCT en faveur de la corrida, je vous envoie en pièce jointe ma réponse à ce communiqué.
Il n’y a pas de doute que la très grande majorité des enfants soit affectée par la souffrance animale comme l’attestent les études et les témoignages sur les perturbations des comportements, émotions, affects et perturbations du rythme veille-sommeil chez ceux qui ont vécu la souffrances d’animaux malades, stressés ou blessés, mais aussi leur mort (les paroles et les écrits des parents sont particulièrement émouvants, surtout quand ils doivent aider leur enfant à faire “son” deuil, même si l’animal n’était pas le “sien”). Je ne comprends donc pas l’engagement de quelques psychiatres ou pédopsychiatres dans la défense du “spectacle” sanglant de la corrida espagnole. Je ne comprends pas davantage “l’argument” selon lequel elle contribuerait à la “formation” des jeunes (formation de quels aspects du psychisme ? formation à quelles compétences ou au développement de quelles ressources morales, intellectuelles… ?).
Je vous informe que, après vérification, y compris par des journalistes, de nombreux psychiatres ou pédopsychiatres dont le nom figure sur la liste des signataires du communiqué du 11 février 2012 en faveur de la corrida, n’ont pas signé ce texte et/ou ont retiré leur signature alors qu’ils ne s’étaient pas engagés ou qu’ils y étaient opposés.

Je vous prie d’agréer, Monsieur, cher collègue, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
 
Hubert MONTAGNER
Docteur ès-Sciences
Professeur des Universités en retraite
ancien Directeur de Recherche à l’INSERM
 
REPONSE DE MONSIEUR PHILIPPE COURTET
 
Monsieur,
 
Merci de cette information qui m’intéresse.
Il est évident que cette polémique n’a aucun sens puisqu’il n’existe pas d’étude. Comme d’habitude chacun y va de la sienne sans fondement.
Par ailleurs, les opposants au mauvais traitement à enfants, devraient selon moi s’intéresser à de vrais problèmes : abus de toute sorte extrêmement fréquents, y compris les négligences affectives et carences éducatives qui sont elles nuisent à la santé.
 
Bien à vou
 
Pr Ph Courtet
Université Montpellier
Département d’Urgences &  Post-Urgences Psychiatriques, Pôle Urgences, Hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier, 34295 Cedex 5
INSERM Unité 1061 « Neuropsychiatrie : Recherche Epidémiologique et Clinique »
 
 
REPONSE DE HUBERT MONTAGNER A MONSIEUR PHILIPPE COURTET
 
Monsieur Philippe COURTET,
 
je n’avais pas l’intention de réagir à une éventuelle réponse de votre part. Mais, je ne peux accepter votre reproche, critique ou accusation implicite et “sans fondement”… en fait, une injure. En effet, pendant quarante ans, et à partir des données de la recherche fondamentale combinées aux observations cliniques, je n’ai cessé, avec des équipes pluridisciplinaires, de travailler sur “de vrais problèmes” de l’enfance afin de contribuer à réduire “les négligences affectives et les carences éducatives qui nuisent à la santé”… ce que je n’ai pas toujours constaté chez les cliniciens, notamment à MONTPELLIER (j’en ai la preuve audiovisuelle avec les milliers de vidéos réalisées). Ayant en permanence le souci de mieux comprendre le développement, les processus d’attachement, les conduites, les systèmes de communication et les rythmes de l’enfant dans ses différents lieux de vie (famille, crèche, école…), je n’ai pas de leçon de morale ou professionnelle à recevoir de vous.
Je vous renvoie à mes livres et à mes publications, parues le plus souvent dans des périodiques et ouvrages internationaux à comité de lecture, c’est-à-dire jugées et validées par des pairs, ce qui n’est pas le cas des pédopsychiatres gourous, notamment ceux qui paradent dans les médias français en affirmant tout et son contraire…
“sans fondement” (qu’ont-ils apporté à la connaissance de l’enfant ? tout n’est que bla bla, suffisance et égocentrisme). Vous devriez apprendre ou revoir la bibliographie.
Je vous renvoie aussi à mes réalisations, en particulier les crèches et les écoles que j’ai aidé à conceptualiser en France et à l’étranger (un nouvel exemple sera bientôt porté à la connaissance du public). Et vous, qu’avez-vous fait et que faites-vous… concrètement ?
Cela ne m’empêche pas de combattre l’ensemble des “formes de mauvais traitements à enfants” que vous dénoncez, et donc le “spectacle” sanglant de la corrida qui est aussi un “vrai problème”, et non une polémique. Ne vous en déplaise, la plupart des enfants sont très touchés, parfois traumatisés, par la souffrance animale, sans compter les écoles de tauromachie 0ù les enfants apprennent à tuer ou à former l’idée qu’ils sont autorisés à tuer. Au nom de qui et au nom de quoi un pédopsychiatre pourrait-il accepter ces réalités ? Avez-vous déjà vu un enfant en détresse devant un animal qui souffre ? Vous devriez lire les publications internationales dans lesquelles cette question est développée. Je ne crois pas que les “mauvais traitement à enfants” que sont la corrida et l’apprentissage à tuer dans les écoles de tauromachie, soient compatibles avec la déontologie et l’éthique de tous ceux qui oeuvrent à la protection de l’enfance, et à la préservation des équilibres psychoaffectifs et biopsychologiques des enfants. La très grande majorité de vos collègues partagent mon avis.
Vous écrivez qu’il “n’existe pas d’étude”, sous-entendue sur les effets ou méfaits de la corrida. C’est une imposture. En vous abritant derrière ce prétexte, comme l’ONCT, vous montrez en effet que n’avez pas la moindre idée de la faisabilité d’une étude qui ait du sens, c’est-à-dire réalisée au moyen d’une méthode et de protocoles reproductibles qui peuvent conduire à des données vérifiées et vérifiables, et donc fiables. Tout vrai scientifique vous dirait qu’une telle investigation est impossible à mener, tellement les variables et paramètres sont nombreux, fluctuants et volatiles, passés et actuels. Il n’est pas interdit d’avoir un minimum de culture scientifique.
 
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
 
Hubert Montagner
 
 
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