Il y a quelques semaines, le FBI américain a pris la décision de considérer comme une infraction majeure les crimes commis sur des animaux. Il s’agit là d’une reconnaissance évidente par une autorité de premier tout à la fois de la nature criminelle et cruelle des actes de sévices perpétrés contre des animaux, mais aussi du lien existant entre ces crimes et ceux commis à l’encontre d’êtres humains.
Ce lien est désormais établi par de nombreuses études et travaux. Aux Etats-Unis la « National Link Coalition » étudie et alerte sur ces actes de cruauté envers les animaux qui souvent sont le signal d’alarme indiquant l’existence ou l’apparition prochaine d’actes de maltraitance vis-à-vis d’êtres humains. Cela a notamment été mis en lumière dans le cadre des violences familiales. Eleonora Gullone, spécialiste et professeur de psychologie renommée a déclaré : « il est incontestable que l’agression dirigée vers les animaux et l’agression dirigée vers les humains ne constituent pas deux comportements distincts : de façon prévisible, les deux comportements sont liés. (…) En fait, la maltraitance des animaux peut servir d’indicateur des autres types de violence avec une précision remarquable, qu’il s’agisse de la violence familiale, de la criminalité ou de la maltraitance des enfants. »
Cette problématique particulièrement sensible avait déjà été évoquée en France lors d’un colloque dont la FLAC était partenaire.
A tout le moins, et sans avoir besoin d’être un professionnel de la psychologie ou de la criminologie, il semble être parfaitement de bon sens d’estimer que celui qui éprouve du plaisir à battre, torturer ou tuer un animal, peut effectivement développer en lui un penchant menant à commettre des actes similaires envers des êtres humains. Si bien évidemment cela ne peut être considéré comme une généralité, le doute et le simple principe de précaution devraient conduire nos sociétés à surveiller au plus près les auteurs de tels actes, afin de prévenir non seulement la récidive mais aussi d’éventuelles futures brutalités à l’encontre d’enfants, femmes ou hommes, dans le cadre familial ou non.
Des études menées sur ce sujet ont permis d’apporter une première estimation chiffrée concernant les corrélations entre sévices visant des animaux et actes criminels à l’encontre d’êtres humains. On retiendra que les auteurs de crimes contre des animaux représentent la moitié de condamnés pour viol, la quasi-totalité des auteurs d’homicides sexuels, plus de 70 % d’auteurs de crimes sadiques récidivistes, et près de 60 % des délinquants violents !
Bien sûr, tous les auteurs d’actes violents à l’encontre d’animaux ne deviennent pas également des tortionnaires ou criminels ayant des êtres humains pour victimes. Les auteurs d’études sur ce sujet soulignent que certaines particularités émergent des observations afin de désigner comme indicateurs forts la répétition de ces comportements, ou encore le fait que l’auteur a déjà un lien avec ses victimes animale (animaux domestiques, chiens, chats)…
Dans le cadre de la corrida, on peut donc légitimement se poser la question du rapport entre la mise en scène et la glorification de la violence de ce spectacle, et les risques de voir ses spectateurs tendre ainsi plus facilement vers des actes de violence contre d’autres hommes ou femmes. En aucun cas, la vision d’un être vivant supplicié et mis à mort dans un but de divertissement ne peut constituer une valeur éducative pour les enfants. La corrida ne présente pas seulement la violence et la mort, elle les glorifie et fait de l’auteur de ces actes une figure exemplaire ! L’ONU a récemment émis une recommandation visant à en éloigner les enfants. Cet organisme a fort justement estimé que le fait d’inciter et d’emmener de jeunes enfants voir de tels spectacles (considérés par le code pénal comme des « actes de cruauté et sévices graves ») allait à l’encontre de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.
Pour les adultes, la problématique peut sembler différente. Et quant aux enfants, de nombreux défenseurs de la corrida se citent volontiers en exemple en indiquant que malgré leur présence répétée aux corridas depuis leur enfance, ils ne sont en rien des « tueurs psychopathes » ou autres « détraqués » mais au contraire des citoyens respectables et bien intégrés à leur communauté. Nous leur répondrons que le lien pointé plus haut par des spécialistes n’est en rien systématique, mais aussi que la vision des violences perpétrées par des spectateurs de corrida lors de manifestations d’opposants, qui vont de l’insulte au tabassage pur et simple, à coups de poing et de pieds, à coup de barre de fer et qui ont fait de nombreux blessés ne plaident pas en faveur de l’équilibre psychologique d’une partie des adeptes de ces spectacles barbares. Devant ces actes d’une brutalité inouïe (les aficionados ont été jusqu’à jeter par-dessus les rambardes des gradins un manifestant, gravement blessé, dans le but évident de lui occasionner le plus de dégâts physiques possibles, voire pire encore…) les autres spectateurs ne tentent pas d’y mettre un terme, bien au contraire on peut constater avec effroi qu’une partie d’entre eux encourage les auteurs de ces actes à frapper encore et encore, à aller plus loin dans la violence, y compris dans le cadre d’agressions ou menaces à l’encontre de femmes présentes qui se voient livrées à des agresseurs que la foule incite à déshabiller ou violenter leurs victimes…
On pourra visionner ces vidéos édifiantes :
Violences commises par plus de 30 aficionados à Rodilhan :
Lynchages et incitations à toujours plus de coups à Maubourguet :
Ce triste constat de la brutalité humaine, qui par sa répétition ne permet plus de penser à une dérive isolée mais au contraire à un penchant fort présent chez une partie non négligeable des habitués de la corrida, vient renforcer notre détermination à lutter contre cette pratique sanguinaire. La corrida, ainsi que la FLAC l’a toujours pointée du doigt, constitue évidemment une violence à l’encontre de l’animal, mais aussi une violence à l’encontre de l’homme, et plus particulièrement des enfants qui représentent la cible privilégiée, la plus facile et malléable du prosélytisme tauromachique. Les déclarations sur ce sujet par des pro corrida (et notamment celles effectuées lors du dernier congrès de la Fédération des Sociétés Taurines de France – FSTF) mettent l’accent sur le fait de mener des actions enfants voir une corrida. Pas de les accompagner ou de les encadrer dans le cas où ces jeunes souhaiteraient y assister de leur propre chef. Non, il s’agît là de les mener à la corrida. Il y a là une évidente volonté de prosélytisme et d’embrigadement. Ces intervenants ne sont pas là pour aider à expliquer la tauromachie à un enfant qui est décidé à entrer dans une arène, mais pour déculpabiliser les parents qui envisagent d’y emmener leurs enfants dans le but de leur faire partager et donc soutenir leur passion. La priorité n’est pas à l’éducation mais au « militantisme » tauromachique.
La décision d’un organisme tel que le FBI est donc doublement importante : pour la lutte contre les crimes à l’encontre des animaux aux Etats-Unis bien sûr, mais aussi pour témoigner sur le fait que la violence commise à l’encontre d’animaux ailleurs (en France notamment), ne sont jamais loin de celle qui peut prendre pour cible les hommes, les femmes, les enfants…