Un collectif de vétérinaires opposés à la corrida s’est constitué en France

A l’image du collectif de vétérinaires espagnols AVAT, 170 vétérinaires français opposés à la corrida ont constitué un collectif et souscrit à la déclaration suivante :

« En tant que vétérinaires, nous nous déclarons opposés à la corrida. Cette pratique, qui consiste à supplicier des taureaux en public doit disparaître de nos sociétés. La souffrance qu’elle fait endurer à ces animaux est injustifiable. L’évolution des connaissances scientifiques ainsi que l’évolution des mentalités rendent désormais nécessaire la mise en oeuvre de mesures visant à supprimer de tels spectacles. »

La corrida a été introduite en France à partir des années 1850, et reste de nos jours autorisée, au titre de la « tradition », dans certaines zones de 11 départements du sud de la France, soit moins d’un dixième du territoire. Cette curieuse dérogation à la loi commune, contre laquelle s’élève un nombre croissant de parlementaires, se trouve dans un alinéa de l’article 521-1 du Code pénal consacré aux « sévices graves » et « actes de cruauté » envers les animaux domestiques.

Au cours d’une corrida, six taureaux sont successivement tués, au terme d’une mise en scène codifiée durant une vingtaine de minutes pour chacun. Pendant le « tercio de piques », le picador à cheval enfonce des lances terminées par des pointes d’acier dans le dos du taureau. Pendant le « tercio de banderilles », les banderilleros plantent trois paires de harpons dits banderilles dans le dos du taureau. Pendant le « tercio de mort », le matador enfonce une épée dans le dos du taureau pour le tuer. La mise à mort, souvent longue et laborieuse, se prolonge par l’emploi d’une épée spéciale, puis de la puntilla (poignard), à la base de la nuque.

En Espagne même, son pays d’origine, cette pratique est de plus en plus contestée. Une organisation de vétérinaires opposés à la corrida a vu le jour en 2008 : l’AVAT. En Catalogne Espagnole, deuxième province du pays, plus de 70 municipalités se sont déclarées anticorrida, dont la capitale Barcelone, et le Parlement catalan doit prochainement débattre de la suppression de cette pratique courant 2010.

Les opposants à la corrida reçoivent l’appui croissant de spécialistes de divers horizons, tant du coté des sciences humaines que des disciplines biologiques. Ainsi, de nombreux vétérinaires ont décidé de répondre à l’appel lancé par le Pr Jean-François Courreau, vétérinaire à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort et adversaire convaincu de la corrida, Nathalie Milhas, vétérinaire qui s’est opposée à la corrida dans sa commune en Haute-Garonne, et JP Richier, psychiatre préoccupé par la violence envers les animaux.

Un site internet des veterinaires anticorrida est dédié à cette démarche, et les vétérinaires qui partagent ce point de vue sont instamment invités à le contacter.

Les associations nationales de lutte contre la corrida, ainsi que de grandes organisations de défense animale, ont apporté leur soutien, à la fois à cette initiative et à la nouvelle proposition de loi collaborative élaborée par le Groupe parlementaire d’études sur la Protection des animaux :

Le mot des intervenants

Jean François Courreau  vétérinaire,  professeur à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort Professeur de Zootechnie

Je suis admiratif des qualités développées chez le Toro Bravo par la sélection empirique et sensible à l’aspect économique que représente son élevage. Naturaliste, je n’oublie pas non plus l’entretien de certains écosystèmes par la pratique de l’élevage extensif. D’aucuns disent que le taureau de combat à une très belle vie avant de mourir. Sans doute. Et aussi que les traditions doivent être préservées coûte que coûte. Et que la corrida  est  magnifique d’esthétisme. Peut-être… Mais, j’ai fini par trancher et je me suis engagé parce que je pense qu’il est tout simplement inadmissible que l’homme se permette de tuer un animal pour le plaisir d’un spectacle, d’autant plus quand la souffrance précède la mort.

Nathalie Milhas , vétérinaire praticienne, présidente de l’association « Fenouillet Anti Corrida ».

On entre dans la lutte contre la corrida par compassion pour le taureau (et quoi de plus naturel pour un vétérinaire que d’aimer les bêtes ?) On y reste parce la tauromachie symbolise à elle seule toutes les bassesses humaines : cruauté, orgueil, hypocrisie et faux-semblants, corruption intellectuelle voire financière, magouilles législatives et judiciaires. Et on finit par plaindre l’Homme…

Marie-Claude Bomsel , vétérinaire, professeur au MNHN, chroniqueuse TV, auteur d’ouvrages

Si on peut comprendre qu’au temps de la domestication des bovins, il y a quelques milliers d’années, le combat entre le taureau et l’Homo sapiens ait entraîné de la cruauté du fait de la méconnaissance de l’animal et de sa physiologie, il est inadmissible qu’à notre époque, heureusement soucieuse du bien-être animal, la corrida puisse exister. Quant à se réfugier dans une phraséologie soi-disant culturelle ou pseudo-scientifique (la joie de la souffrance confirmée par la présence d’endorphine, censée être l’hormone du plaisir ! ? !) cela dépasse l’entendement.

Jean-Paul Richier  psychiatre, praticien hospitalier

Au fur et à mesure que les mentalités évoluent, le monde de la corrida échafaude de savants arguments pour justifier cette pratique. Sont ainsi déclinés des arguments esthétiques, culturels, historiques, anthropologiques, ou encore économiques, écologiques, voire biologiques. Mais en contrepartie, un nombre croissant de professionnels de divers horizons réprouvent fermement la corrida. On y trouve des psychiatres et des psychologues, des philosophes, des historiens, des juristes, des biologistes, des éthologues… Et bien sûr des vétérinaires, les premiers concernés par la souffrance animale.

Michel Klein , vétérinaire, chroniqueur audiovisuel, auteur d’ouvrages

J’ai approché et touché des vaches reproductrices de futurs taureaux de combat, ainsi que des camarguais, pas faciles à manipuler. Les banderilles et  les gestes du picador provoquent des souffrances inutiles, plutôt que de prouver de la bravoure. Le jeu du matador est souvent assez esthétique, il est exposé à un risque, mais son intrépidité n’apporte aucune preuve quant à la supériorité de l’homme par rapport à la bête.

Francesco Minguell , vétérinaire espagnol, représentant de l’AVAT

L’Association des Vétérinaires pour l’Abolition de la Tauromachie (AVAT) a été mise en place en Espagne en 2008 pour faire savoir au grand public et aux législateurs que les taureaux souffrent énormément pendant la corrida. Nous rappelons qu’un des héritages scientifiques importants du XXe siècle a été la démonstration que les mammifères éprouvent la souffrance de la même façon que les humains, et nous appelons à ce que ce spectacle cruel soit aboli

 

Le taureau qui rentre dans une arène est seulement un bovin… pas un fauve ni un animal sauvage

Lors des débats sur l’abolition des corridas au Parlement de Catalogne, l’éthologue Jordi Casamitjana a présenté au Parlement Catalan une étude scientifique du comportement des bovins qui fait s’effondrer les principaux argumentaires des aficionados.

Science : le taureau est un être sensible à la torture des corridas

Ethologie : signifie étymologiquement « science des mœurs ». Il s’agit de l’étude objective et scientifique du comportement animal tel qu’il peut être observé chez l’animal sauvage en milieu naturel, chez l’animal sauvage en captivité, chez l’animal domestique en milieu naturel et chez l’animal domestique en captivité.

Voici le discours de l’éthologue Jordi Casamitjana au Parlement de Catalogne, le 3 mars 2010

Le comportement des taureaux dans la corrida

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, les organisations, et le public,

Le but de ma participation à ces sessions sera d’aider à apporter un étayage scientifique à la motion visant à interdire les corridas. De manière spécifique, ma contribution concernera le champ de l’éthologie, la science qui traite de l’étude comparative du comportement animal.
Quand un gouvernement envisage la possibilité d’interdire une activité qui comporte l’existence possible de sérieux problèmes concernant le bien-être animal, l’opinion des éthologues est très pertinente.
Dans ces cas, la question que les politiciens devraient poser aux éthologues est : en observant le comportement des animaux en question et en le comparant avec le comportement d’autres animaux, est-il possible d’arriver à la conclusion que de tels animaux souffrent d’un point de vue individuel et ou d’un point de vue collectif ? Je répondrai à cette question au cours de mon intervention.

I – De nos jours, nous savons qu’il y a trois types de souffrance animale : physiologique, neurologique et psychologique. La première est créée quand il y a une maladie physique, la seconde quand il y a douleur, et la troisième quand il y a un état de stress, de dépression ou de maladie mentale. Nous, les éthologues, pouvons détecter ce type de souffrance grâce aux outils qui sont nôtres : expressions faciales, vocalisations, langage du corps et comportement en relation avec l’environnement. J’ai utilisé ces quatre outils quand j’ai observé les taureaux.
I.1 – Les expressions faciales sont beaucoup plus utiles en ce qui concerne les « espèces sociales » chez lesquelles la vision est le sens le plus développé, comme c’est le cas des primates.

Un taureau ensanglanté dans les arènesQuant aux taureaux qui sont une espèce de l’ordre des artiodactiles, quoiqu’ils soient vraiment « sociaux », leur sens de la vision n’est pas très développé, c’est pourquoi ils ont moins d’expressions faciales. Néanmoins, quand j’ai observé en détail les enregistrements de corridas auxquelles j’avais assisté, j’ai trouvé des expressions de douleur (gueule ouverte, yeux fermés, etc…) spécialement lorsqu’ils sont transpercés par les armes (pique, banderille, puya).
Mais il y a une expression faciale qui peut être observée chez tous les taureaux au cours des corridas, qui indique une souffrance physique. Vers la fin de la corrida, dans le troisième tercio, on peut voir le taureau la gueule béante et la langue pendante. C’est l’expression faciale de l’épuisement qui montre que la physiologie de l’animal a des difficultés pour garder la température de son corps suffisamment froide afin d’éviter qu’il s’effondre. La famille des bovidés à laquelle appartiennent les taureaux n’ont pas vraiment de mécanisme très efficace pour réduire la température du corps quand il est en hyperthermie, ils ne transpirent pas beaucoup comme les chevaux et n’ont pas une très longue langue pour évacuer la chaleur comme les canidés (chiens ou loups). En d’autres termes, si on considère leur masse corporelle et leurs mécanismes de contrôle de la température, les bovidés s’épuisent très rapidement. Ce handicap est utilisé par les prédateurs naturels tels que les loups qui ont une endurance physique bien plus grande, et dans notre cas les toreros qui utilisent les deux premiers tercios pour épuiser le taureau.
I.2 – Comme l’ouïe est effectivement un sens développé chez les artiodactyles (étant donné qu’ils sont souvent la proie de prédateurs et c’est donc un sens utile pour se défendre), chez ceux qui sont « sociaux » comme c’est le cas du bétail, on pourrait s’attendre à des beuglements exprimant la souffrance. C’est précisément ce que j’ai trouvé.
Les beuglements qu’on entend pendant une corrida expriment clairement que le taureau est en situation de danger qu’il essaie d’éviter, ce qui est précisément la signification biologique et évolutive de la souffrance.
Clairement les mugissements apparaissent seulement quand le taureau s’est séparé de ses collègues de troupeau, et il qu’il fait front à une situation de danger qui peut être un environnement hostile ou inconnu, ou la provocation des hommes ou des chevaux.

Comme le taureau est un animal social, le message des mugissements est destiné à ses collègues de troupeau (les autres taureaux qui ont voyagé avec lui jusqu’aux arènes depuis le pâturage, et dont le taureau peut encore percevoir l’odeur parce qu’ils sont proches), et il peut signifier aussi bien un message d’alerte (par exemple « ne venez pas ici parce qu’il y a un danger »), ou, plus probable, un appel à l’aide (par exemple « venez m’aider, je suis attaqué »).
Sans se préoccuper de leur signification précise, les mugissements informent d’une situation de danger que le taureau essaie d’éviter, et comme le résultat de ces vocalisations est un échec (d’autres taureaux ne viennent pas l’aider et la situation ne s’améliore pas), la frustration, ajoutée à la situation de danger elle-même, nous permet de conclure que ces vocalisations, quand elles ont lieu dans l’arène, sont une expression de souffrance.
I.3 – Le troisième outil éthologique, le langage corporel, nous amène à conclure aussi que le taureau souffre.
Cet outil analyse la position relative des différentes extrémités et des parties de corps les unes par rapport aux autres. En d’autres mots, les postures des animaux. Il y a une posture dans laquelle le taureau tourne la tête vers son dos. Cela se passe quand on vient de planter les banderilles ou l’épée. La fonction de cette posture est clairement d’essayer de sortir avec ses cornes ce qui lui produit une douleur. Cette interprétation est renforcée par l’autre comportement qui consiste à sauter et à bouger furieusement de haut en bas parce que nous savons que le taureau a beaucoup de récepteurs de la douleur dans la zone où sont plantées ces armes.
I.4 – Le quatrième et dernier outil éthologique est le comportement du taureau en relation avec son environnement.
Taureau tentant de fuir l'arèneSi un animal se trouve dans un environnement qui génère une souffrance, sa réponse comportementale sera ou bien d’essayer de changer d’environnement, en fuyant, ou bien de le modifier en éliminant les aspects de celui-ci qui sont la cause de la souffrance. C’est précisément ce que fait le taureau de combat. Il y a quelques cas documentés dont j’ai aussi été le témoin direct, qui montrent que si la possibilité de fuir de l’arène est donnée au taureau, il choisit de fuir. L’arène est précisément conçue pour ne lui pas donner cette possibilité. C’est pourquoi la porte du toril, d’où le taureau est sorti pour entrer dans l’arène, est camouflée par le reste de l’arène, et le taureau ne la voit pas une fois qu’elle est fermée. C’est pourquoi l’arène est circulaire, afin que le taureau perde son orientation et ne puisse se refugier dans un coin (comme il avait l’habitude de faire quand les arènes étaient carrées). C’est pourquoi la clôture en bois (las tablas) est très haute. Cependant, le désir d’échapper est si grand que quelques taureaux sautent par dessus la clôture, ils ne reviennent dans l’arène que lorsqu’ils y sont contraints par une plus grande douleur que celle qu’ils éprouvaient quand ils s’y trouvaient.
Etant donné que la possibilité de fuir n’est pas normalement donnée au taureau, la seule option qui lui reste est de modifier l’environnement en éliminant les aspects de celui-ci qui sont la cause de sa souffrance. Dans ce cas : les toreros et les chevaux. La charge des taureaux, souvent interprétée de façon erronée comme une attaque, est en réalité un comportement défensif destiné à écarter l’agresseur de l’environnement dans lequel se trouve le taureau.

Parfois, instinctivement, le taureau « avertit » avec une charge ritualisée qui correspond à ce que les éthologues décrivent comme « un comportement ambivalent ». Le taureau, sans changer de place, et en respirant bruyamment, gratte le sol avec ses pattes de devant, tête baissée, en direction de l’élément de l’environnement qu’il essaie de modifier (le torero ou le cheval). C’est ce que les aficionados appellent « escarbar ». Il s’agit d’une menace ritualisée réalisée dans l’espoir qu’un affrontement physique sera ainsi évité. Comme les chevaux ou les humains ne disparaissent pas avec ce comportement, il ne reste plus au taureau d’autre remède que de charger, en essayant d’écarter directement le danger avec ses cornes. Ce comportement est celui que le torero veut créer, et il ne cessera de provoquer le taureau jusqu’à ce qu’il se produise (et quand ça arrive, il « trompe » le taureau en lui faisant croire que c’est la capote ou la muleta qui le menace). Donc, la charge des taureaux dans l’arène est un comportement de défense qui indique que le taureau souffre, tant psychologiquement que physiquement. Psychologiquement déjà depuis le début de la course, puisqu’en plus de la peur éprouvée en se trouvant dans un lieu entouré de gens qui crient et où il ne peut ni fuir ni se cacher (ce qui est spécialement négatif dans le cas des taureaux de combat qui ont été élevés dans des conditions où ils avaient peu de contact humain et peu de restriction physique), nous devons ajouter le stress causé par le transport, la séparation du reste de troupeau, et la situation de confinement extrême dans les espaces où on met le taureau immédiatement avant de le laisser sortir dans l’arène.

On trouve la confirmation que la charge du taureau est un mécanisme de défense quand nous comparons le comportement du taureau de combat au comportement d’autres animaux en situations similaires. Par exemple, nous avons le cas des cerfs, qui appartiennent aussi à l’ordre artiodactyles et qui, bien qu’ils appartiennent à une autre famille (les Cervidés) ont aussi le problème de s’épuiser rapidement à cause de l’hyperthermie. Quand des cerfs sont chassés par des loups, ou aussi quand ils sont chassés par des humains, comme dans le cas de la chasse à courre – qui était très traditionnelle en Angleterre mais qui a été interdite en 2004 ainsi que la chasse au renard et la chasse au lièvre – leur comportement de défense est divisé en deux phases. D’abord, en courant pour essayer d’échapper au prédateur. Ensuite, quand ils sont déjà épuisés et qu’ils ne peuvent plus courir, en se retournant pour essayer de charger les chiens ou les loups avec ses bois, parfois avec assez de succès en les blessant mettant ainsi fin à la poursuite. Les chasseurs anglais appellent cette deuxième phase « stag at bay » qui peut se traduire par « cerf aux abois », et c’est quand le chasseur s’approche avec un fusil et tire sur le cerf. Par conséquent, ce que nous voyons dans les courses de taureaux est l’équivalent du « taureau aux abois », la dernière phase de défense qui se manifeste comme un dernier recours quand le taureau n’a plus d’autre option.

En fait, dans le passé nous pouvions voir tout le processus défensif complet, puisque autrefois les taureaux n’étaient pas transportés à l’arène dans des véhicules, mais on les faisait « fuir » vers l’arène avec les « encierros » (la première phase de défense), et alors on les séparait et on les tuait lors de la course de taureaux où le taureau charge les attaquants (la deuxième phase de défense). Précisément comme on peut le voir encore aujourd’hui à Pampelune.

Donc, à partir du point de vue éthologique, je n’ai pas de doute sur le fait que tous les taureaux souffrent en tant qu’individus dans la corrida, et qu’il n’existe pas de modification des pratiques actuelles dans l’arène qui puisse totalement éliminer cette souffrance.

II – Cela nous laisse avec la deuxième partie de question initiale : les taureaux souffrent-ils d’un point de vue collectif ? Pour répondre à cette question nous devons vérifier ce que signifie le groupe des « taureaux ».
Pour cela nous devons voir quelle est la catégorie taxinomique du taureau de combat. C’est un sujet encore débattu dans la communauté scientifique, qui ne semble pas être d’accord sur la classification précise de ces animaux, mais il y a un consensus concernant leur appartenance à l’Ordre des Artiodactyles, à la Famille des Bovidés, à la Sous-famille des Bovinés, et au genre Bos. Les divergences commencent au niveau de l’espèce, de la sous-espèce, de la race, de la variété, etc… Aujourd’hui la majorité des hommes de science s’accordent pour dire que le taureau de combat appartient ou à l’espèce Bos taurus ou à Bos primigenius, et la sous-espèce Bos taurus taurus ou Bos primigenius taurus, selon l’espèce qui est acceptée. Mais il est important de souligner que tous les taureaux domestiques occidentaux, tant ceux de combat que ceux élevés pour leur viande, appartiennent à ces sous-espèces, donc nous devons aller encore plus en bas dans le classement pour trouver les taureaux de combat. C’est à ce niveau que les opinions divergent concernant la race ou la variété à laquelle ils appartiennent. Il n’y a même pas d’accord pour affirmer que tous les taureaux de combat forment une race à part. Par conséquent, l’unique chose que nous pouvons dire avec assurance de la « catégorie » des taureaux de combat consiste en ce que c’est un groupe de bovins domestiques créés par l’homme par des sélections artificielles (comme tous les taureaux qui existent dans le monde aujourd’hui) et qui sont utilisés dans la tauromachie.

Un groupe de taureau dans leur parcPar conséquent il n’y a pas de doute : les taureaux de combat ne sont pas une espèce, ni une sous-espèce, et ils sont un produit de l’activité humaine, non de la nature. Cela est important parce qu’un des problèmes possibles d’une « catégorie » d’animaux est le danger d’extinction, mais celui-ci ne peut s’appliquer aux taureaux de combat puisque c’est un concept qui ne peut seulement s’appliquer qu’aux sous-espèces, aux espèces, et d’autres taxons supérieurs. Ayant ceci à l’esprit, étant donné que l’espèce à laquelle le taureau de combat appartient a actuellement plus de 1300 millions d’individus dans le monde, dont seule une minorité est utilisée dans des activités taurines, le danger d’extinction, avec ou sans tauromachie, n’est pas l’un des problèmes du taureau de combat.

Ce qui peut également poser problème pour un collectif animal, c’est la longévité. Si une population d’animaux a sa longévité moyenne considérablement réduite par un motif quelconque, cela affecte sa capacité à se reproduire, et on pourrait dire que la population « souffre » d’un problème démographique. Ce qui est certainement un sujet applicable au taureau de combat, puisque la longévité des individus sélectionnés pour les courses de taureaux reste radicalement réduite au moins à un tiers de la longévité qu’ils pourraient avoir. Les taureaux de combat sont tués quand ils ont trois, quatre, cinq ou comme beaucoup, six ans d’âge, mais si la tauromachie n’existait pas ces individus pourraient vivre vingt ans ou plus. En fait, la longévité moyenne des mâles de l’espèce à laquelle les taureaux appartiennent est de vingt ans en captivité.

Cette réduction artificielle de longévité a une autre conséquence pour la catégorie des taureaux de combat. Il a un effet négatif sur la structure sociale des groupes. Toute espèce sociale assume son équilibre social dans une combinaison spécifique de membres d’âges et de genres différent. Si un groupe démographique spécifique est systématiquement éliminé, comme c’est le cas des mâles de plus de six ans, le groupe ne peut pas obtenir la stabilité sociale idéale et il est toujours dans une situation constante de réajustement, ce qui explique pourquoi il y a parfois beaucoup de bagarres entre des mâles dans le pâturage. Ces bagarres font que les éleveurs séparent les mâles du groupe, ce qui n’aide pas toujours à générer une stabilité. Ajouté à cela, comme au terme de générations de sélection artificielle, les éleveurs de taureaux de combat ont essayé de créer des individus qui ont plus tendance à se défendre en chargeant qu’en courant, cela a généré une réponse inadéquate et non naturelle aux confrontations entre les mâles, pour les femelles ou par dominance : ou bien ceci crée plus de bagarres et de blessures entre des individus (une souffrance physique), ou bien ceci oblige les éleveurs à séparer plus de groupes (une souffrance sociale).

En conclusion, d’un point de vue éthologique et zoologique je n’ai aucun de doute sur le fait que les taureaux de combat souffrent individuellement et collectivement pendant la corrida, et c’est pourquoi l’interdiction de ces activités est l’action la plus cohérente qu’une société – à qui importe le bien-être animal et qui valorise le patrimoine naturel- puisse faire.

Merci beaucoup Madame la Présidente, et Mesdames et Messieurs les députés.

Jordi Casamitjana
Ethologue
Animal Protection Consultancy
info@animal-protection-consult.com
www.animal-protection-consult.com
Tel : +44 (0) 7515 797470
London, UK.

La FLAC aux universités d’été d’Europe Écologie les 20, 21 et 22 août 2009

Des anti-corrida chez les verts

La FLAC était présente aux « Universités d’été des Verts » qui se sont déroulées à Nîmes du 20 au 22 août dernier. Nous étions au rendez-vous et en effet les seuls représentants de la protection animale, avec l’association L214, à avoir été retenus par les organisateurs pour participer à ces journées.

Mais si nous sommes des « anti corrida », ou contre les corridas, c’est seulement parce que les corridas sont des séances de maltraitance et de torture animale et que nous sommes contre toute torture animale et pour que l’application de la loi soit égale partout sur le territoire de la république, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une torture est une torture quelque soit le lieu géographique où elle est pratiquée. Ce qui, selon la loi, est une délinquance au Nord l’est également au Sud… Le prétexte de la torture « tradition » faisant force de loi est tout simplement une honte pour ce pays.

Bien sûr, beaucoup de contacts ont été pris durant ces 3 jours. Résultat : 32 personnalités politiques ont signé notre manifeste particulièrement ciblé sur le scandale de la présence des enfants dans les arènes les jours de corridas, et à terme bien entendu l’abolition de celles-ci. Parmi les signataires : Noël Mamère, Yves Cochet, Pierre Rabhi, José Bové, Cécile Duflot

Tous ceux que nous avons rencontré nous ont félicité de participer à cet évènement mais aussi pour les actions que nous menons au quotidien et en particulier pour notre politique de rassemblement des associations dans l’objectif de renforcer la lutte contre la maltraitance et la torture d’animaux dans les arènes.

Deux médias ont relayé la présence de la FLAC chez les Verts : La Provence et Sud Ouest.

La présence des enfants dans les arènes est dénoncée aux infos de France 3

Historique ! Le 8 mars 2007, une courageuse journaliste de France 3 réussit à faire accepter à sa rédaction son reportage consacré à la présence d’enfants assistant à des corridas. Ce reportage à charge est diffusé sur le régional et le national à la grande fureur des taurins. Ces derniers tentent de faire pression sur la journaliste… Mais sa hiérarchie reste solidaire. Voir lien ci-dessous.