La FLAC et No Corrida suivent le CAP

Dans le courant de l’été, No Corrida et la FLAC ont été sollicités par les fondateurs de CAP (Convergence Animaux Politique), Melvin Josse et Jean-Luc Vuillemenot, et ont aussitôt accepté d’en devenir membres. Cette nouvelle structure a pour but de faciliter les contacts entre associations de protection animales et parlementaires, en vue de contrebalancer plus efficacement les groupes d’influence basés sur l’exploitation animale.

Les missions de CAP

CAP va constituer un réseau de parlementaires sensibles à la condition animale. Avec le renouvellement en profondeur des députés depuis les dernières élections, il est plus important que jamais d’identifier qui pense quoi à l’Assemblée sur les sujets relatifs à la condition animale. L’objectif d’ici 2018 est d’avoir rencontré 150 parlementaires en ce sens.

CAP veut aussi se positionner comme un point de repère :

  • Etre le relais entre élus et associations.
  • Favoriser les échanges et créer des liens de confiance :
    • Entre politiques sympathisants qui ne se connaissent pas cette sensibilité commune,
      entre politiques et associations au quotidien,
    • entre politiques, associations et experts au travers de l’organisation de 4 événements annuels pour se rencontrer.
  • Contribuer à la pérennité du groupe d’études de l’Assemblée Nationale sur la protection des animaux.
  • Susciter la création d’un groupe identique au Sénat.
  • Créer un réseau d’influence auprès des cabinets des différents ministres concernés (Agriculture, Transition écologique, Intérieur, Justice, Santé, etc.)

L’équipe de CAP

Financement

CAP est financée par ses organisations-membres et par une campagne de crowdfunding à laquelle nous vous encourageons à contribuer.

Vous pouvez trouver toutes les informations nécessaires en cliquant ici.

Quand le fisc passe, la corrida trépasse

Cinq longues années : c’est le temps qui aura été nécessaire au fisc pour mettre fin à la rétention illégale de TVA pratiquée par la société de Simon Casas, dans le cadre de la délégation de service public dont il bénéficie pour les arènes de Nîmes.

La confirmation par le Conseil d’État le 27 juillet 2016 de la non-inscription définitive de la corrida au patrimoine culturel immatériel français a anéanti les derniers espoirs infondés de Simon Casas de pouvoir conserver les 2 millions d’euros de TVA qu’il n’avait pas reversés au Trésor public depuis 2011.

Un naufrage financier

L’année 2016 a donc été synonyme d’un gros chèque de régularisation qui, forcément, débouche sur une situation financière catastrophique, pour ne pas dire apocalyptique. En effet, fin 2015, la société Simon Casas production pouvait s’enorgueillir d’une trésorerie affichant un solde positif de 1,6 million d’euros. De quoi faire pâlir de jalousie n’importe quel entrepreneur. Oui, sauf que ce niveau remarquable avait pu être atteint grâce au non-reversement de 2 millions d’euros de TVA précédemment évoqué.

Dès lors, lorsque la situation est régularisée, ce n’est plus la même chanson : il reste à la société de Simon Casas un peu plus de 3 000 euros sur deux comptes bancaires et 6 700 euros en caisse. Soit à peine 10 000 euros qui apparaissent terriblement ridicules en comparaison des 1,6 million affichés un an avant. Mais bon, comme le dit l’adage, le ridicule ne tue pas (contrairement aux sévices graves et actes de cruauté perpétrés dans les arènes) et après tout, il vaut toujours mieux un petit solde positif qu’un gouffre financier négatif. Hé bien justement, là est le problème : il existe un troisième compte bancaire ouvert auprès de la Société Marseillaise de Crédit qui présente un découvert de 149 000 €. La situation financière globale de la SAS Simon Casas production présente donc un solde négatif de 140 000 € au 31/12/2016.

Et pour régulariser sa situation auprès du fisc, vider ses comptes et obtenir un tel niveau de découvert n’a pas été suffisant : Simon Casas a dû bénéficier d’un apport de 180 000 € de la part de la SCP Zaragoza (une filiale espagnole) et d’un autre de 150 000 € d’une structure dénommée Magiva.

Ce qui se traduit par un état d’endettement colossal, atteignant les 3,4 millions d’euros.

Une reconversion en vue ?

Côté chiffre d’affaires, là non plus pas de bonnes nouvelles à attendre : une baisse globale de 6,5 % par rapport à l’année précédente (où une diminution de 20 % avait déjà été constatée). Mieux encore (ou pire, si l’on est aficionado) : la part du chiffre d’affaires concernant la corrida chute de 11 %.

Car ce qu’il faut retenir, c’est que si Simon Casas clame officiellement que la corrida se porte bien et qu’elle a de l’avenir (selon son rapport annuel de gestion, cette baisse trouve uniquement son origine dans les mesures d’état d’urgence imposées par l’État tout au long de l’année 2016), officieusement il en est tellement persuadé qu’il diversifie de plus en plus l’activité de sa société… au détriment de la partie corrida, notamment pour organiser des courses camarguaises (il nous expliquera au passage pourquoi les mêmes prétendues mesures d’état d’urgence se traduisent miraculeusement par une hausse de 711 % du chiffre d’affaires de ces courses). On ne peut cependant que lui reconnaître un soupçon de lucidité sur ce coup, lorsque l’on constate notamment le niveau de rémunération des toreros (1,7 million d’euros en 2015 et 1,4 million en 2016).

Merci qui ? Merci la SMC !

Il n’aura en tout cas pas fallu attendre longtemps pour que les fournisseurs de la SAS Simon Casas production prennent la mesure de la situation. Les retards de paiement les y ont très certainement aidés : l’endettement fournisseurs a bondi de 52 % en un an pour s’établir à presque 2 millions d’euros. Dès lors, beaucoup d’entre eux exigent qu’une partie de leurs prestations soient payées à l’avance, ce qui explique le million d’euros d’acomptes supplémentaire qui a dû être versé sur l’exercice 2016 pour la saison 2017.

La question finale qui se pose est on ne peut plus simple : comment la structure de Simon Casas fait-elle à ce jour pour ne pas être en cessation de paiement ? La réponse a été donnée précédemment : grâce à la Société Marseillaise de Crédit (SMC). Non contente d’avoir octroyé une autorisation de découvert abyssale, elle s’est également portée caution à hauteur de 922 000 euros sur les 2 millions de TVA non reversées au fisc.

Pourquoi cette banque a-t-elle pris un tel risque, le redressement étant inéluctable – ce qu’a probablement dû lui signifier son service juridique – et la faculté de remboursement du découvert improbable ?

Le petit monde de la tauromachie a décidément cette tradition financière sibylline qui lui colle à la peau…

David Joly
Trésorier No Corrida

Les petits secrets du sieur Margé

Voilà un comportement qui va en surprendre plus d’un : alors qu’il est connu dans le monde de l’aficion comme quelqu’un d’extravagant et muni d’un caractère bien trempé, Robert Margé est pris subitement d’une envie de discrétion. Oh, pas pour la promotion de son élevage de victimes destinées à la torture, mais pour les comptes annuels de la SAS du Plateau de Valras dont il est le dirigeant et qui bénéficie de l’organisation des corridas dans les arènes de Béziers depuis de nombreuses années, dans le cadre d’un accord avec la SA des Arènes de Béziers, qui loue les arènes à la ville, qui les sous-loue à la société de Margé.

Des comptes (presque) confidentiels

En effet, en déposant les comptes de son exercice 2016, cette société a eu recours à une déclaration de confidentialité. Késaco ? Depuis le 7 août 2016, les entreprises françaises peuvent demander à ce que leur compte de résultat, déposé obligatoirement avec d’autres documents officiels, ne puisse plus être visible par tout un chacun dès lors qu’il en passe commande auprès du greffe du tribunal de commerce. Une mesure mise en place par le ministre des Finances de l’époque, un certain Emmanuel Macron.

Dès lors, la question est la suivante : quels sont les éléments dérangeants que Robert Margé veut garder confidentiels ?

Le chiffre d’affaires de sa société qui fond comme neige au soleil ? On peut en douter, car il a indiqué lui-même dès le mois d’août 2016, dans les colonnes du Midi Libre, une baisse de fréquentation des arènes de 25 %. À moins que la baisse réelle soit beaucoup plus conséquente et donc inavouable.

Autre hypothèse : cacher une aide extérieure qui serait venue compenser cette baisse substantielle de chiffre d’affaires. Une aide qui prendrait la forme, à tout hasard, d’une subvention municipale. Robert Ménard, l’édile local, a plus d’une fois affiché ouvertement son soutien à la tenue de corridas au sein des arènes biterroises, tentant même de les légitimer par la tenue d’une messe catholique. Ce pourrait donc être une hypothèse tout à fait plausible.

Le problème, c’est qu’à ce jeu des suggestions, nous pouvons tout imaginer car l’unique objectif de ce nouvel outil de confidentialité du compte de résultat est bel et bien de tenir secret ce genre d’éléments qui deviennent très délicats lorsqu’ils sont connus.

Fort heureusement, il reste encore un peu de transparence financière dans ce pays (pour le moment) et si, nous, combattants de la barbarie des arènes, devons désormais nous passer de certaines informations concernant les organisateurs de sévices graves et actes de cruauté sur bovins, il en reste d’autres qui continuent de nous apprendre des choses bien intéressantes.

En effet, si le principe de confidentialité ne permet plus d’avoir le détail du résultat dégagé au cours d’un exercice, il n’empêche aucunement de connaître le montant de ce résultat, puisqu’il est inscrit noir sur blanc au sein du bilan qui, lui, reste accessible publiquement.

446 455 € de perte en 2016

Et c’est là que nous trouvons un début d’explication à la volonté de Robert Margé de dissimuler la performance de sa société réalisée en 2016 : une perte de 446 455 €. Oui, oui, vous avez bien lu : cette activité indispensable au tissu économique local (dixit les rentiers de la torture) est à l’origine de presque un demi-million d’euros de déficit sur la seule année 2016.

Autre document toujours consultable : le traditionnel rapport du commissaire aux comptes. Ce dernier nous révèle l’origine d’une bonne partie de cette perte abyssale : une provision de 204 000 € correspondant à la TVA encaissée par la société en 2014 et indûment conservée. L’année précédente, la SAS du plateau de Valras s’était dispensée de constater cette provision. Cette comptabilisation signifie en tout état de cause un fait très simple : au 31 décembre 2016, le Trésor public n’avait toujours pas récupéré la somme qui lui est due depuis deux ans.

Et plus de 710 000 euros de TVA à rembourser

Qu’est-ce qui a donc pu motiver la société de Robert Margé à provisionner cette somme ? La réponse se trouve potentiellement dans un autre élément constituant les comptes annuels : l’annexe du bilan. Il s’agit d’un document indiquant diverses informations relatives à certains postes du bilan et du compte de résultat. Au sein de cette annexe figure un tableau intitulé « Charges à payer » qui liste, selon leur nature, l’ensemble des provisions comptabilisées, autrement dit des charges non échues et non réglées au 31 décembre.

Dans cette liste se trouve une ligne intitulée « Charges à payer CF 2016 » et valorisée à hauteur de 710 481 €. Que faut-il entendre par « CF » ? Contrôle fiscal ?

La trésorerie de la société ayant fondu de presque 300 000 € en un an, il n’est pas impossible que Robert Margé ait réglé, totalement ou en partie, les 403 000 € de fraudes à la TVA relatives aux années 2012 et 2013 et redressées par le fisc en 2014. Il resterait alors encore cette somme de 710 481 € à solder.

Quoi qu’il en soit, cela va s’avérer être une mission très compliquée avec un peu moins de 400 000 € dans les caisses.

Vous l’aurez compris : il suffit que Bercy exige le recouvrement de sa créance et la société de Robert Margé est liquidée sur le champ.

Pourquoi un tel attentisme après cette multiple récidive avérée ? La FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas), dont No Corrida est membre, a déjà posé la question par écrit au ministère concerné. À ce jour, le silence semble d’or.

David Joly
Trésorier de No Corrida

Chronique d’une mort annoncée de la corrida dans Le Canard !

Il fut un temps où le Canard Enchaîné comptait parmi ses journalistes de nombreux aficionados. Mais, fort heureusement, les moeurs évoluent et les vérités finissent toujours par éclater.

Dans son dossier de juillet 2017 consacré à la maltraitance animale, le Canard estoque la corrida en reprenant et confirmant tout ce que nous disons et écrivons depuis des années : oui, la corrida est une barbarie, oui c’est un gouffre financier, oui son public vieillit, oui les « pipoles » n’osent plus s’y montrer parce que ça fait tache, oui de nombreux spectateurs se sont lassés de recevoir des lacrymos et de se faire huer par des manifestants anticorrida. Bref, d’être leur mauvaise conscience…

En prime, une magnifique confirmation de Simon Casas : « Nous sommes tous déficitaires depuis cinq ans ».

On ne vous le fait pas dire. Nous, cela fait cinq ans qu’on le dénonce.

Roger Lahana
Secrétaire fédéral de la FLAC

Béziers, retour vers le passé…

Le 2 juin 2017 avait lieu au Palais des Congrès de Béziers l’inauguration de l’expo itinérante organisée par André Viard au sujet de la prétendue filiation de la corrida avec les peintures rupestres de Lascaux, une énormité qui a provoqué la franche hilarité de Jean Clottes, préhistorien éminent, et la colère de nombreux spécialistes de la préhistoire. Il faut dire que la vraie origine de la corrida est nettement moins prestigieuse – des bouchers qui prenaient plaisir à torturer des taureaux en public dans leur arrière-cour au 16e siècle pour  donner des frissons de plaisir malsain aux spectateurs. Origine beaucoup moins prestigieuse que celle de Lascaux…

Une délégation de trois militants de la FLAC et de No Corrida (Thierry Hély, Cyril Vaucelle et Roger Lahana) s’est donc rendue à la fumeuse exposition pour faire entendre son point de vue, en l’occurrence celui de la vérité historique. Et, pour bien montrer qu’il ne s’agissait là que de défendre la vérité sur l’absence totale de lien entre les hommes préhistoriques de Lascaux et les tueurs en collants roses, nous portions des t-shirts montrant non pas des logos anticorrida, mais, tout simplement, l’un des taureaux que l’on peut admirer sur les fresques rupestres vieilles de 23 000 ans. Nous avons aussi distribué plusieurs exemplaires d’un article de Paris Match dénonçant cette appropriation intellectuelle.

De toute évidence, nous étions attendus. Normal, le Midi Libre avait annoncé notre venue. En dehors d’André Viard qui faisait des efforts désespérés pour ne pas nous voir, tous les autres représentants de l’aficion biterroise présents louchaient sur nous en échangeant des commentaires à mi-voix. De toute évidence, nous dérangions, même (surtout ?) avec des t-shirts à l’effigie de Lascaux. Hugues Bousquet, alias Lo Tore Roge, était à l’entrée. Il nous a dit presque en murmurant qu’il ne serait pas possible de nous laisser entrer avec ces t-shirts. Nous lui avons demandé en quoi une peinture de taureau de Lascaux était une provocation dans une expo parlant des taureaux de Lascaux. Il a admis que finalement, on pouvait garder nos t-shirts.

Nous avons parcouru l’enfilade de panneaux retraçant l’histoire de l’humanité de Lascaux à nos jours avec, pour fil conducteur, les relations supposées universelles entre l’homme et les taureaux qu’il tuait à travers les âges, mais attention, ce n’est pas par cruauté mais parce qu’il les vénère, bien sûr. Les textes d’accompagnement étaient émaillés de perles sur lesquelles il faudra qu’on revienne un jour, tellement certaines sont énormes. Exemple du décalage considérable de cet amalgame Lascaux/corrida :  Jean Clottes nous avait bien précisé au téléphone que les animaux représentés dans les grottes de Lascaux avaient tous, sans exception, une attitude pacifique. Et en particulier des taureaux au regard doux et à la tête relevée. Rien à voir avec ceux montrés par les taurins où, l’air furieux, ils chargent tête baissée. Aux yeux de Cro-Magnon, dans cette fameuse grotte, régnait un climat de paix, de sérénité et de spiritualité. Aucun rapport avec ce rituel de férocité, de sauvagerie, de carnage, de cruauté et de mort qui se déroule dans une arène lors d’une corrida. Ce sont deux mondes diamétralement opposés !

La foule pendant les discours. Attention, un anticorrida s’est glissé parmi les aficionados (indice : il a une casquette)

Est venu le moment des discours, entre autres celui de Hugues Bousquet qui a dénoncé les « liberticides » (tout le monde nous a regardés en ricanant d’un air entendu), d’André Viard qui a mis en garde le public de ses fans sur le fait que l’évolution des mentalités rendait leur passion de plus en plus compliquée à célébrer (ça ne va pas s’arranger) et de Robert Ménard qui a tressé lyriquement des couronnes de laurier à André Viard, à la tauromachie, aux hommes politiques de tous bords qui oublient leurs différences dès lors qu’ils aiment la corrida, et encore à André Viard.

Thierry Hély demanda la parole. Bien évidemment, André Viard la lui refusa… Le président de la FLAC lança à haute voix : « Il vous faut savoir que la ville de Montignac qui recèle les grottes de Lascaux s’est déclarée officiellement ville anticorrida !  Lascaux est anticorrida !« . Ce qui généra un brouhaha et quelques rictus d’irritation. 

Bon, on a gardé l’essentiel pour la fin. Dans cette ville, considérée comme la place taurine la plus prestigieuse en France après celle de Nîmes, alors que tout le gratin taurin biterrois était là, que la presse en avait parlé largement pour attirer le maximum de gens et de visiteurs à cette inauguration, devinez à combien s’élevait le nombre de personnes qui se sont pressées à cet événement qui devait être spectaculaire, gratuit et avec apéro offert, dans le prestigieux Palais des Congrès de Béziers la Merveilleuse ?

Une quarantaine. Au plus haut. Nous y compris. Alors que la corrida est censée être solidement ancrée dans la culture biterroise. Nous rappellons que Béziers compte 74 000 habitants. Cherchez l’erreur ? De l’avis du personnel technique des lieux, c’était, comment dire, hé bien, un bide total. C’est André Viard qui devait être content : lui qui s’est pris sur le tard de passion pour la préhistoire, il va bientôt finir par en faire partie…

Roger Lahana et Thierry Hély