En Espagne, à Tordesillas (Castille-et-Leon), la barbarie à l’encontre des taureaux atteint son point culminant une fois par an, lors du tournoi du “Toro de la Vega” (le taureau de la plaine).

Cette coutume particulièrement barbare remonte au Moyen-âge, au 15ème siècle (qui pourrait même s’en étonner ?) et consiste dans le lâcher d’un taureau dans les rues de cette petite ville de la province de Valladolid, puis dans la poursuite de ce taureau par une foule armée, à pied comme à cheval. L’animal, fou de peur, s’enfuit et est poursuivi par une horde hurlante jusqu’à ce que, amoindri par les nombreux coups portés et épuisé par sa course effrénée, il en vienne à être achevé par un des participants, qui aura donc l’honneur d’être le nouveau “champion” de ce tournoi sadique. En 2011 le pauvre “Toro de la Vega” aura d’ailleurs dû encaisser des coups de tournevis, un participant ayant cet outil sous la main pour tenter de l’achever… Rappelons que ces “festivités” d’un autre temps sont pratiquées en l’honneur de la Vierge !

La victime bovine désignée de 2014 est nommé “Elegido”. Il sera supplicié au prétexte d’un culte à la Vierge, et pour le plus grand plaisir d’une meute de sadiques, le 16 septembre prochain. Cette année encore une opposition très forte et nombreuse se mobilise : pétition, manifestation le 13 septembre à Madrid et présence annoncée sur place de nombreux citoyens qui dénonceront l’horreur de Tordesillas.

Elegido, la victime désignée de septembreCette année Tordesillas accueillera une personnalité qui est loin de nous être inconnue : André Viard, torero raté, chroniqueur taurin et président de l’organisme de lobbying tauromachique ONCT (Observatoire National des Cultures Taurines). Choisi pour annoncer l’ouverture des festivités de 2014 et fier comme Artaban, le représentant auto-proclamé de la tauromachie française a aussitôt publié sur son site un éditorial particulièrement fumeuxdestiné à annoncer sa participation et à glorifier un des pans les plus abjects des pratiques et “festivités” taurines…

Cette annonce qui a suscité des réactions scandalisées de la part des abolitionnistes français, a recueilli un accueil nettement plus mesuré de l’autre côté des Pyrénées, où certains défenseurs des animaux et opposants à la corrida ont vu dans ce choix de Tordesillas un mauvais coup involontairement porté au “Toro de la Vega”. André Viard, considéré par nos camarades espagnols comme le représentant de la tendance la plus extrémiste et fanatique de la tauromachie française, désigné par certains comme un “fondamentaliste taurin”, et reconnu par les espagnols comme l’auteur de “nombreux mensonges”, serait ainsi un porte-parole peu recommandable pour cette pratique, déjà très largement condamnée par l’opinion publique.

Du côté français nous pouvons effectivement confirmer que André VIARD et son ONCT ont déjà fait preuve d’un goût prononcé pour les méthodes douteuses et les déclarations plus que nauséabondes. On pourra ainsi citer une liste falsifiée de psychiatres certifiant que la corrida a un effet positif sur les enfants, liste heureusement dénoncée par la FLAC. Ou rappeler les récentes déclarations d’André Viard visant à faire passer les tortionnaires de bovins et leurs supporters pour équivalents aux populations juives persécutées par les nazis !

Le soutien – au travers de son président – de l’ONCT à une pratique aussi cruelle, archaïque et controversée que le “Toro de la Vega” de Tordesillas a pourtant un mérite ! Il permet d’attirer l’attention de tous ceux que cette barbarie révulse sur ce qui fait l’essence même des pratiques tauromachiques avec mise à mort, et qui constitue plus qu’un signe de parenté, un fondement et une nature commune. Toro de la Vega, corrida (espagnole, ou hypocrite corrida portugaise), il s’agît toujours d’affronter dans un combat inégal, de blesser, supplicier et finalement tuer un autre être vivant, un taureau, pour le plaisir. Cette violence est exercée à l’encontre de l’autre, du différent, de celui que l’on estime plus fort que soi et que grâce au soutien de la foule, à la maîtrise de techniques d’affrontement, à l’aide d’une équipe de picadors et toreros, on finit par mettre à terre, assassiner et mutiler afin de prouver à ceux qui entourent – participants actifs ou passifs -, que l’on a su en finir avec cet autre, cet animal, et ainsi satisfaire leur plaisir…

Car, si la corrida a depuis son apparition pu et voulu se créer le cadre d’une mise en scène ritualisée et bien réglée. Si elle a su mettre en avant ses uniformes, ses musiques et sa terminologie propre. Si elle a su (c’est bien plus récent) recouvrir les appels au voyeurisme et à se réjouir de la mort des taureaux, de l’éventration des chevaux et des accidents rares des toreros d’un habile vernis culturel et philosophique plus apte à faire accepter la torture auprès des crédules, le Toro de la Vega reste bien ancré dans l’hyper brutalité et démontre ainsi que les véritables racines de la “culture” de la corrida sont la violence (http ://www.flac-anticorrida.org/corrida-culture-de-la-violence/), la fureur, le sang et la mort… et l’excitation que la foule trouve à ce spectacle.

Et après toutes ces horreurs, ils osent prétendre aimer et respecter le taureau...

Toro de la Vega et corrida : un même combat pour l’abolition !