Ce 8 octobre, il y a quatre ans, à l’initiative du CRAC Europe pour la protection de l’enfance, en partenariat avec Animaux en péril (Belgique) et Droits des animaux, les arènes de ce petit village, près de Nîmes, ont été envahies par des militants anticorrida.
L’objectif était d’empêcher la finale de « Graines de toreros », tournoi où de jeunes apprentis toreros, sortis des écoles taurines (on est bien en France), se « font la main » à l’arme blanche sur de jeunes taureaux. Communiqué de l’époque de Jean-Pierre Garrigues, alors vice-président (président depuis janvier 2014) du CRAC Europe pour la protection de l’enfance, et tabassé comme tout le monde :
« À 15 h 50, 30 militants ont déployé dans les gradins une quinzaine de banderoles pendant que 65 autres pacifistes allaient s’enchaîner sur le sable. C’est alors que le monde de la tauromachie a montré une fois de plus son vrai visage : celui de la haine, de la violence ; celui de la barbarie. Les 65 militants ont été tout simplement roués de coups : coups de pied et coups de poing à la tête et dans le dos. Bras, pieds et jambes tordus. Certains militants ont été traînés par les cheveux. Des spectateurs sont descendus dans l’arène pour participer à la curée. D’autres debout, le bras tendu, poing serré et pouce vers le bas, demandaient notre mise à mort. Cette sauvagerie, cette pluie de coups a duré près d’une demi-heure pour celles et ceux qui ont résisté le plus longtemps. Aucun militant n’a répliqué, aucun militant n’a insulté. Les consignes étaient claires et ont été respectées à la lettre.
Ivres de haine et aussi d’alcool pour bon nombre d’entre eux, des spectateurs se sont attaqués à un caméraman de France 3 (info diffusée sur France 3 Sud samedi 8 octobre, au journal du soir). Vingt militants portent plainte dès aujourd’hui et font constater leurs blessures. Une militante a le pied fracturé, de nombreuses contusions, elle est en état de choc et vient d’obtenir une ITT de plus de huit jours.
Nous n’en resterons pas là, d’autres actions viendront, plus fortes, plus nombreuses, toujours pacifiques. Faudra-t-il que des militants soient gravement blessés ou y laissent leur vie pour qu’enfin les politiques prennent leurs responsabilités ? Manuel Valls, grand défenseur de la corrida, en ce jour de primaire socialiste, se met clairement du côté de la populace violente et haineuse. Du côté des tortionnaires, des sadiques et des assassins en puissance. Quand on est capable de torturer des animaux pour le plaisir, on est capable de s’attaquer à des militants pacifistes qui ne se défendent pas non plus. Le monde de la corrida est le monde de la lâcheté et de la violence ! »
Certains militants ont été aspergés à la lance d’arrosage — un soutien-gorge arraché et exhibé, en trophée. Lynchage dans les règles. Une extrême violence, exercée sur des humains pacifistes, sans défense. Alors quand les journalistes et la justice parlent des « violences de Rodilhan », qu’ils ne se trompent pas d’agresseurs… Comme l’avait écrit justement Cavanna à l’époque, il aurait pu y avoir des morts ce jour-là, et pas seulement les six taurillons, qui furent malgré tout massacrés. Quatre ans plus tard, toujours pas de procès : qu’attend la justice ?
Enfin ! Après une courte mais fructueuse campagne du CRAC Europe sur Twitter (#RodilhanDeniDeJustice) et une lettre ouverte, le 31 août 2015, de l’association à la procureure de Nîmes, France Bleu Gard Lozère a annoncé que le procès aurait lieu en janvier 2016, sans toutefois qu’une date soit précisée. Pour 30 agresseurs identifiés, seulement 18 convoqués — dont le maire de Rodilhan, Serge Reder, et un torero —, pour 70 plaintes déposées (fractures, attouchements sexuels…), une quarantaine de retenues. J.-P. Garrigues est, lui, poursuivi pour « manifestation non déclarée ».
Dimanche 4 octobre — Journée mondiale des animaux — aura lieu un « bolsin »— qui n’est autre qu’une « graines de toreros » déguisée —, annulé en juin dernier sous la pression des anticorrida. Une manif est prévue, de 9 heures à 19 heures, organisée par le CRAC Europe.
Important : Bus au départ de plusieurs villes. Soyons nombreux contre la barbarie, nous avons besoin de vous, nous comptons sur vous !
ABOLITION !
Luce Lapin
Directrice de campagne
CRAC Europe