Lorsqu’on demande aux responsables des écoles taurines française si leurs élèves sont exposés à des vrais animaux qu’ils s’entraînent à tuer, la réponse est unanime : non, cela n’arrive jamais. Et quand on soupçonne, parce que c’est simplement logique, que ces apprentis tortionnaires se font la main dans des arènes privées, même dénégation. De fait, il n’existe aucune preuve filmée de tels agissements dans le domaine public.

Pourtant, il suffit de quelques secondes pour apporter la preuve que tout cela est bien vrai. C’est ce que nous avons fait en recherchant des informations publiques sur la carrière d’Andy Younès, né le 30 mai 1997. Pourquoi lui ? Parce qu’il était l’un des novilleros dans l’arène de Rions-des-Landes le jour où un peu plus d’une cetaine de militants anticorrida l’ont envahie, puis encerclée pendant des heures malgré les violences policières à leur encontre. A l’époque de ces faits, nous avions eu accès à son contrat, qui faisait figurer aussi bien sa date de naissance que celle de la novillada où il allait tuer un veau âgé de 3 ans environ.

Il se trouve qu’Andy Younès a ensuite poursuivi sa carrière en devenant officiellement matador de taureaux fin 2017. Et donc, que sa biographie est facilement accessible sur internet. Nous avons donc vérifié s’il avait bien toréé et tué des veaux avant cette novillada de Rions où il avait 16 ans à peine révolus.

Les informations qu’il donne lui-même sont sans aucune équivoque.

  • Il a bien été exposé à des animaux vivants et non des mannequins sur roulettes dès l’âge de 13 ans : “Durant cet hiver 2010, le maestro Thomas Dufau l’invita à plusieurs reprises à des tentaderos lui permettant ainsi de se retrouver face à des bêtes“.
  • Il a mis à mort son premier jeune veau alors qu’il avait 13 ou 14 ans (becerro = veau âgé de 1 à 2 ans, une pratique qui soi-disant n’existe pas en France selon les aficionados) : “En 2011 […] il put mettre à mort son premier becerro de la ganaderia Mari Carmen Camacho chez Roumanille“.
  • Il a tué au moins quatre autre veaux à l’âge de 15 ans dans une arène privée : “En 2012, à nouveau il toréa une quinzaine de capéas, participa à 5 classes pratiques et mit à mort 4 becerros en privé.
  • Il a bien sûr continué et multiplié les séances avec mise à mort quand il avait 15 ans : “En 2013, Andy toréa une quinzaine de capéas, n’ayant toujours pas l’âge légal pour participer à des Novillades. Le 16 juin 2013, il débuta en novillade sans picadors à Aire sur l’Adour où il coupa 2 oreilles aux « erales » des Frères Bats. Durant cette temporada, il toréa 5 autres novillades, 2 classes pratiques et un festival.
  • Et il a suivi de nombreuses “préparations” avant d’avoir 16 ans avec entre autres Juan Bautista et Sébastien Castella : “2014 fut pour Andy une année de préparation des plus intenses […].  Au cours de cette période, le maestro Juan Bautista à nouveau l’aida et l’appuya le faisant « tienter » à ses côtés à de nombreuses reprises et l’aiguillant pour le futur de sa jeune carrière. Les préparations au « campo » s’enchaînèrent, notamment avec le maestro Sebastien Castella, des préparations qui se déroulèrent en France mais aussi en Espagne“.

Il est donc clairement établi qu’en France, à notre époque, des jeunes commencent à affronter des animaux à partir de 13 ans, s’entraînent à les tuer dans des arènes privées et se forment en ce sens avec des toreros professionnels avant d’atteindre l’âge de 16 ans, seul âge légal auquel ils ont le “droit” de se produire dans des arènes publiques.

Roger Lahana
Secrétaire fédéral de la FLAC