L’initiation à la violence : le scandale des écoles taurines
A l’heure où les finances de la France sont exsangues et alors que des écoles dignes de ce nom ferment leurs portes, des « écoles » taurines initient les enfants à la violence à grand renfort de subventions publiques. Bien qu’elles soient privées, les écoles de tauromachies sont subventionnées par l’argent public via les collectivités territoriales.
Qui fréquente ces écoles de la cruauté ? Généralement leurs élèves baignent dans le milieu tauromachique dès leur plus jeune âge, guidés par des adultes aficionadeaux. A 2 ans, certains ont déjà assisté à des mises à mort publiques en compagnie des mêmes personnes qui condamnent – à juste titre – d’autres formes de violence pourtant moins graves et susceptibles d’être vues par des adolescents affectivement bien plus matures.
L’enfant est charmé par l’ambiance, la musique, les costumes. Il est impressionné par ce taureau noir qui déboule du toril, entrant dans l’arène. Les adultes lui parlent en termes élogieux de la corrida en occultant la souffrance du taureau. Et s’il éprouve de la compassion pour l’animal, on lui ment en disant que le taureau est fait pour ça et on trouve mille excuses pour nier sa souffrance.
Le jeune grandit dans le déni et poursuit son apprentissage en vue de devenir tauréreau. Ce rôle comporte de grands risques, particulièrement lorsque l’apprenti n’a pas acquis suffisamment d’expérience. Poussé par la fierté de voir sa progéniture « réussir », dès l’âge de 5 ans pour certains, les parents inscrivent leur enfant dans une école taurine avec d’autres élèves. Ils commencent leur morbide formation en s’entraînant sur une botte de paille, puis sur le « carreton », engin mécanique muni d’une paire de cornes, d’une roue de bicyclette et de deux bras de brouette, que poussent ou affrontent les écoliers à tour de rôle. Le débutant rencontre son premier jeune veau lors d’une « capea » où la mise à mort est simulée, puis lors d’une « becerrada » où la mise à mort d’un « becerro » (jeune veau de moins de 2 ans) est bien réelle.
Le jeune, devenu « tueur » n’a pas toujours conscience de la portée de son acte, croyant même parfois que son « partenaire » s’endort pendant le « jeu », alors qu’il se meurt.
Les apprentis toreros étant inexpérimentés, les « becerradas » sont souvent de cruelles boucheries. Ainsi les organisateurs préfèrent-ils présenter une « capea » (sans mise à mort) à un public non averti ; les « becerradas » étant réalisées en privé.
Ensuite l’étudiant devenu « novillero » participe à des « novilladas » sans picador avec de jeunes taureaux ou « novillos » âgés de 2 à 3 ans ; puis des « novilladas » piquées avec des « novillos » de moins de 4 ans. Avec les « novilladas » commence le rituel de la mutilation de la victime. L’élève « méritant » a droit à ses premiers macabres trophées : 1 ou 2 oreilles, ou la queue, ou les 3.
Cultivant le culte de la personnalité et l’élitisme, seuls les « élus » reçoivent l’alternative au cours de laquelle ils sont reconnus « matador » et pourront tuer des taureaux plus âgés.
Un des fondements de notre société est d’endiguer la violence, surtout chez les jeunes. Nous portons une lourde responsabilité en encourageant et en incitant de jeunes enfants à infliger des sévices à des animaux avant de les tuer. Enfants parfois si jeunes que l’on falsifie leur âge afin de souscrire un contrat d’assurance, comme ce fut le cas avec la coqueluche des aficionados, El Juli. La médiatisation des plus angéliques n’est pas innocente ; la corrida doit soigner son image.
En outre, les écoles de tauromachie participent très souvent à des « Festivals taurins » au cours desquels les apprentis-tueurs toréent gratuitement, les fonds récoltés étant alors reversés à des associations caritatives. On se donne ainsi une image de respectabilité et d’honneur. Mais occasionner de la souffrance pour en atténuer une autre est un paradoxe que nous refusons.
Ces écoles sont donc celles du sadisme dans lequel bien souvent les enfants excellent spontanément. Les y encourager est donc doublement criminel. Et les pouvoirs publics qui subventionnent ou laissent faire sont complices de cette ignominie.
Il existe une demi douzaine d’écoles de corrida en France dont les plus connues, les plus actives, et les plus anciennes se trouvent à Arles, Béziers, Nîmes, et Cauna dans les Landes.