Voici 18 arguments type qu’utilisent les aficionadeaux (aficionados), notamment sur les forums Internet, auxquels la FLAC vous apporte des éléments de réponse (adapté d’un texte d’Estiva Reus).
Argument N°1 : Vous feriez mieux de vous préoccuper du sort des hommes, des femmes et des enfants qui souffrent au lieu de vous occuper des animaux
S’intéresser au sort des autres animaux n’implique pas de se désintéresser de celui des humains. Savez-vous par exemple que la corrida génère une accoutumance à la violence, et autres troubles psychologiques chez les enfants que l’on force à assister à ce genre de spectacle ? [1. La corrida, une éducation à la violence]
D’autre part, le fait que les humains souffrent n’est pas une excuse pour négliger les autres problèmes. Quand nous faisons nos achats, quand nous nous prélassons devant notre télé, personne ne nous reproche de ne pas penser aux populations en détresse. Serait-il mieux de ne rien faire que de se battre pour cette cause ? De plus, de nombreux militants anticorrida sont aussi engagés dans des œuvres caritatives.
C’est plutôt aux tortionnaires d’animaux qu’il faudrait s’adresser en leur disant qu’au lieu de passer leur temps à martyriser les animaux, ils feraient mieux de le consacrer à soulager la misère humaine. Au lieu de donner des subventions publiques pour la corrida, les politiques feraient mieux de les consacrer à de nobles causes.
Le professeur Théodore Monod, humaniste et savant, disait : «On voudrait ne plus voir ressasser indéfiniment, ad nauseam, l’objection banale : « avant de secourir des animaux, il faudrait songer aux hommes ». On voudrait être bien certain que les infatigables ressasseurs de ce misérable et si commode argument, s’ils refusent la pitié pour les bêtes au nom d’une autre priorité, se trouvent bien eux-mêmes aux avant-postes dans le combat pour l’homme : ce n’est pas tout à fait évident.
Pour beaucoup d’entre eux, ce n’est pas, on peut le craindre, l’un ou l’autre, mais bien : ni l’un ni l’autre ».
Argument N°2 : C’est de l’Art, c’est de la Culture.
On peut tout justifier avec l’Art. Sauf que la corrida n’en est pas un… Elle peut inspirer l’Art (le vrai : la photo, la peinture…), qui heureusement garde cette liberté de se nourrir de tout – y compris du pire (guerres, génocides…). Les œuvres que certains artistes ont réalisé avec la corrida comme support peuvent être esthétiques sans pour autant rendre acceptable ou beau ce qui les a inspirées. On peut créer brillamment avec des sujets atroces.
La corrida est une injure à l’art. Sa violence exalte les plus bas instincts de l’homme. Et comment la corrida qui est punie par la loi de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende sur 90 % du territoire français pourrait-elle être un art ? Aucun Art ne peut être puni d’amende et d’emprisonnement.
Quant à la « culture », les taurins citent Hemingway, qui se délectait du « déboyautage des chevaux » et reconnaissait lui-même : « la corrida est indéfendable », ou Henry de Montherland qui finit par avouer que « la corrida est une vaste fumisterie, une granguignolesque mascarade »… En revanche de grands humanistes tels que Victor Hugo, Emile Zola… se sont prononcés contre la corrida.
Argument N°3 : Si on arrête les corridas, tout un pan de l’économie s’effondrera.
L’économie de la corrida est lourdement déficitaire en France. Les récentes crises (Fréjus, nov. 2010, Bayonne – 1,1M€ en 2011) ont mis à jour une infime partie du financement opaque de ces pratiques[2. Nice Matin : Le maire de Fréjus met à mort la corrida des arènes]. Seuls 36 taureaux sur les 1200 mis à mort dans les arènes en 2010 provenaient de France. Cette économie ne profite qu’à une poignée de nantis, sous formes de subventions publiques directes ou déguisées. L’argent des contribuables sert à payer les cachets scandaleux des tauréreaux (toréros)[3. Midi Libre, La tauromachie a toujours eu besoin de figuras] et finance les sociétés privées organisatrices de ces évènements[4. Midi Libre, José Tomás, un torero à part]. Les corridas ne peuvent subsister sans cet argent public.
Argument N°4 : Sans la tauromachie, la race des taureaux de corrida s’éteindra.
Le taureau de corrida n’est pas une race, c’est une sélection génétique issue d’élevages récents, que l’on peut recréer à tout moment[5. Wikipedia, Domestication de Bos taurus]. Si cette lignée ne sert qu’à être massacrée sous les yeux d’une foule manipulée, il vaut mieux pour elle (et pour nous) qu’elle disparaisse.
On disait aussi qu’avec l’invention du tracteur, les chevaux de trait étaient voués à disparaitre. Ce fut presque vrai en 1950-60, mais de nos jours, le cheval de trait connait un regain d’intérêt sous l’impulsion du développement durable et du bien-être homme/cheval[6. Site Cheval de trait service]. Pourquoi pas élever intelligemment les taureaux sans les massacrer dans l’arène ?
Argument N°5 : Au moins les taureaux de corrida ont une vie heureuse pendant 3 ans.
Le fait qu’on leur procure de bonnes conditions de vie ne rend pas moins insupportable le sort final qu’on leur réserve. Quel mépris pour ces animaux magnifiques que les charcuter à l’arme blanche devant une foule hurlante alors qu’on leur a fait l’honneur d’une vie paisible depuis leur naissance.[7. Site Sauvons un taureau de corrida]
Argument N°6 : Le « taureau bravo » est fait pour combattre, c’est un tueur.
Le taureau est un herbivore qui ne charge que lorsqu’on l’empêche d’appliquer sa tactique de défense naturelle : la fuite. Dans l’arène, les hommes entrainés et suréquipés ne lui laissent pas d’autre choix. L’homme utilise sa « supériorité intellectuelle » contre le taureau pour le pousser au massacre au lieu de le glorifier intelligemment sans le faire souffrir. Pas de quoi être fier de notre « intelligence » lorsqu’elle est aussi mal utilisée[8. Le Monde de l’intelligence – n°13- septembre/octobre/novembre 2008]. Le taureau lorsqu’il rentre dans l’arène cherche la sortie, tente de fuir de l’arène. D’où certains accidents, où le taureau saute dans les gradins[9. Le Point : Un taureau saute dans les gradins].
Argument N°7 : C’est comme ça, c’est une tradition !
La corrida n’est pas une tradition mais une importation iberique. Interdite sur le territoire français, elle n’est que tolérée depuis le début des années cinquante dans une petite partie du Sud de la France.
En Espagne la corrida a été interdite par décret en juillet 1937 par le « Fronte Popular » puis remise au goût du jour par le dictateur Franco. A l’heure actuelle, même l’Espagne d’où vient la corrida, ne veut plus de cette pratique. La Catalogne espagnole, région phare de l’Espagne, l’a interdite en 2010.
Le respect des traditions peut mener loin dans l’abjection. Les mentalités évoluent, de nombreuses traditions ont été abolies pour le grand bien de nos sociétés (brûler les sorcières, cantonner les femmes à la cuisine, faire travailler un enfant dans les mines, clouer une chouette au portail de la grange…). Lorsque les progrès sociaux, scientifiques et éthiques rendent obsolète une pratique, même millénaire, alors elle doit s’arrêter.
Argument N°8 : Il faudrait empêcher la mise à mort, mais pas interdire la corrida…
Ça consisterait en quoi, une corrida « sans mise à mort » ? On maintiendrait le toril, la pique et les banderilles ? Rien ne justifie de faire souffrir un animal pour une simple distraction. Quand bien même les taureaux seraient graciés (ce qui est très loin d’être le cas), les blessures qu’ils subissent leur génèrent d’atroces souffrances. Horriblement mutilés, ils n’ont aucune chance de s’en remettre. Quant à la corrida portugaise, on pourrait la croire « sympathique », sans mise à mort[10. « Après la pega, le taureau est ramené au touril puis, en principe, emmené à l’abattoir pour y être abattu. » – Wikipedia, Course portugaise]. Mais les taureaux sont suppliciés, puis achevés en coulisses après le « spectacle ». C’est pire que la corrida espagnole.
Argument N°9 : Au lieu d’interdire les corridas, vous devriez aller dans les abattoirs ! (avec la variante halal, ou le fait d’être ou non végétarien…)
Des taurins qui se soucient du bien-être animal, n’est-ce pas l’hôpital qui se moque de la charité ?
Le fait que de nombreux animaux subissent des atrocités dans les abattoirs ne justifie pas ce qui se passe dans les arènes. Dans les abattoirs des lois existent, et le but n’est pas de faire souffrir les animaux. Ces lois sont, certes, très insuffisantes, mais elles ont au moins le mérite d’exister. Au moins, les travailleurs de ces lieux terribles essaient-ils (sans y arriver toutefois) de faire souffrir les animaux le moins possible. Dans la corrida, le but est de maintenir l’animal affaibli en vie longtemps (20 minutes) pour pouvoir faire mumuse avec lui et montrer qu’on a beau avoir un collant rose, on est plus viril que lui. Olé !
De plus, dans les abattoirs, il n’y a pas de public pour applaudir à chaque fois qu’un animal perd la vie.
Quant aux allusions au végétarisme, le régime alimentaire des anticorridas n’a rien à voir avec le sujet, merci pour eux. Cela dit, les nombreux détracteurs de la corrida sont très souvent les mêmes que l’on retrouve lors des manifestations contre la fourrure, la vivisection, la chasse à courre… ça s’appelle la protection animale, et bizarrement, on n’y a jamais vu un aficionadeau (aficionado).
Curieux également de parler « d’art » puis d‘abattoirs… La corrida est soi-disant un « art » ? Aucun art n’est comparable aux abattoirs.
Argument N°10 : Pour le taureau, il vaut mieux mourir en héros dans l’arène que finir en steak à l’abattoir.
Tiens, revoilà l’abattoir ! Vous êtes décidément très concernés par la souffrance animale, ça fait plaisir… La seule issue agréable pour les taureaux c’est de finir leur vie dans les champs, heureux, comme les chevaux soignés et aimés jusqu’à leur mort naturelle ou comme Fadjen, taureau de corrida sauvé des arènes[11. Site Sauvons un taureau de corrida]. Le taureau n’a cure d’être mis en pièce par le plus habile des tauréreaux (toréros), et qu’on applaudisse son cadavre mutilé. Il n’y a pas d’héroïsme chez le taureau, c’est une invention des partisans de cette supercherie qu’on appelle tauromachie.
Argument N°11 : C’est votre droit d’aimer les animaux, moi leur souffrance ne me touche pas…
Il n’est pas nécessaire d’aimer un individu pour le respecter. Ne pas aimer les enfants ou les Américains n’est pas une raison pour leur faire du mal, c’est la même chose pour les animaux. Ne pas être sensible à la souffrance quelle qu’elle soit n’est pas une qualité, c’est un manque de sensibilité.
Argument N°12 : C’est un beau spectacle, j’aime bien voir ça.
Il y a un moment où il faut savoir mettre en balance ses propres intérêts (ici le plaisir de voir un spectacle), avec ceux des autres (ici l’intérêt à ne pas souffrir et ne pas être tué).
Le spectateur est prisonnier du décor, des flonflons, de la musique, de l’ambiance… Mais si on enlève le décor, la mise en scène d’un goût douteux (le toréreau en bas roses), il ne reste que le sordide. Les taurins ont beau le dissimuler le sordide par une mise en scène bien orchestrée, ils ne peuvent pas le supprimer.
Argument N°13 : On va vers une uniformisation des cultures.
Réduire la culture du sud de la France à la seule corrida est un non-sens. Il existe bien des façons d’honorer les Landes, Midi-Pyrénées ou le Languedoc Roussillon. Le patrimoine culturel de ces régions est immensément riche et gagnerait à être débarrassé de la tauromachie qui le gangrène[12. http://www.herault-location-vacances.com/tourisme/decouverte.html]. La réputation des villes tauromachiques est altérée, les touristes évitent ces endroits, une mauvaise ambiance s’installe. La corrida n’est pas un sujet consensuel, il s’ensuit inévitablement des tensions dans ces villes.
Argument N°14 : Si ça ne te plait pas, ne vas pas aux corridas et laisse moi pratiquer ma passion si j’en ai envie !
Ce n’est pas une question de choix personnel comme la religion ou les goûts vestimentaires. L’enjeu est la souffrance d’êtres vivants. « Je respecte le fait que vous ne battiez pas votre femme, mais moi j’aime battre la mienne, respectez mon choix ! » Qui aujourd’hui accepterait un tel discours ? Chacun fait ce qu’il veut… tant que cela ne nuit pas aux autres. En allant aux corridas, nous cautionnons et encourageons la torture et le meurtre des taureaux dans de grandes souffrances… Est-ce que cela ne compte pas ? Rester indifférent à la souffrance, c’est en devenir complice.
Argument N°15 : Je déteste qu’on me dise ce que je dois faire et qu’on essaie de m’influencer !
Alors c’est l’occasion de réfléchir au conditionnement que tu subis dans l’arène ! La musique, les flonflons, la foule, la codification, les rituels, le langage élitiste, la semi-déification du tauréreau, la diabolisation de l’animal (le mal absolu, bouuuuh !), tout cela a un parfum de manipulation de masse (souvent imbibée d’alcool). Ces artifices sont destinés à faire perdre au public toute empathie envers le taureau, à le « désanimaliser », en faire un élément factice d’un tableau savamment mis en scène. Sauf que le taureau est bien vivant, lui, et il souffre. On apprend aux enfants à respecter les animaux, on leur lit des histoires de petits veaux très sympathiques, puis on les emmène voir… une corrida, et on leur affirme que c’est normal, que ça n’a rien à voir. Adultes, nous pouvons nous poser ces questions, et comprendre que quelque chose cloche quelque part.
Argument N°16 : Vous manquez de respect envers les humains torturés en employant le mot « torture ».
Faire le rapprochement des atrocités que subit un animal n’enlève en rien l’horreur de ce que subissent aussi les humains. La définition du Larousse : « Tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales sont intentionnellement infligées » s’applique très bien à tout être sensible. Simone Veil, signataire du manifeste de la FLAC et rescapée des camps de la mort, ne contredira pas.[/learn_more]
[learn_more caption= »Argument N°18 : De toute façon, la corrida, j’y vais pas… »] Mais vous la financez avec vos impôts ! Deux raisons de plus pour s’opposer totalement à la violence qu’elle génère.
>> A lire absolument, l’article Les sophisme de la corrida de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer.