Comment est-ce possible ?  Pourquoi cette question ? La réponse : il suffisait de voir le visage de celles et ceux qui assistaient à la projection du film de Jérôme Lescure le soir du 24 mai à Cannes : le sang du pauvre taureau qui giclait à gros bouillons, ses beuglements de détresse et de douleur, et surtout, son regard pathétique, en gros plan, qui semblait implorer et demander pourquoi il méritait un tel supplice aussi cruel ? Certains spectateurs, la tête baissée, se bouchaient les oreilles tellement les scènes étaient insupportables.

Et le pire, peut-être, était d’entendre la foule applaudir toutes ces atrocités. Au vu de ces images, il n’y a plus de doute, la corrida est vraiment le dernier vestige des jeux du cirque ! Dans Arènes sanglantes, Biasco Ibanez écrivait : “lors d’une corrida, la bête n’est pas où l’on croit ; elle n’est pas dans l’arène mais bien dans les gradins : c’est la foule, sans pitié, lâche et grossière, qui vocifère son plaisir, bien à l’abri, devant un tel carnage !”. Nous laissons les amateurs de corrida méditer sur cette phrase qui les met face à leur conscience… La corrida étant une offense à la dignité humaine.

Un grand merci aux quatre personnalités qui nous firent l’honneur de leur présence :  Muriel Marland-Militello, première parlementaire à avoir déposé en 2004 une proposition de loi pour l’abolition de la corrida, Pascal Durand, député européen, Yves Paccalet, philosophe, écrivain, ancien navigateur aux côtés de Jacques-Yves Cousteau et Francis Lalanne, chanteur, auteur, compositeur, interprète et candidat aux élections législatives.

De gauche à droite et de haut en bas : Muriel Marland-Militello, Thierry Hély, Pascal Durand, Yves Paccalet, le public,
Jean-Michel Drechsler, Francis Lalanne, Roger Lahana, une scène d’Alinéa 3

Leurs interventions furent remarquables !  Muriel Marland-Militello nous rappela ce qu’elle subit en 2004 de la part de députés dans l’hémicycle : insultes machistes indignes, demandes de radiation de son parti et, pour certains, menaces physiques… Son courage est à saluer. D’autant plus que sa narration n’était pas dénuée d’humour. Pascal Durand, au bord de la nausée face à de telles images, outre ses précieuses informations par rapport au Parlement européen, n’avait pas de mots assez durs contre les aficionados. Un véritable nectar de l’entendre. Yves Paccalet nous démontra avec brio la sensibilité de tous les êtres vivants. Sa démonstration au sujet des cétacés harponnés qu’il connait très bien fut passionnante. Et enfin, Francis Lalanne nous lut avec beaucoup de talent et d’émotion, la lettre (on la voyait aussi sur écran géant) qu’il avait adressée à Emmanuel Macron au sujet de Marie Sara…  Là aussi, nous avons vécu un moment très fort. Résultat : grâce à ce débat passionnant et au film courageux de Jérôme Lescure, l’émotion était souvent à son comble.

Autre moment très fort :  la projection du clip vidéo extraordinaire de Jean-Michel Drechsler, aux plus de 10 millions de vues sur les réseaux sociaux dans le monde entier. L’auteur nous expliqua avec beaucoup de précision sa genèse. Merci à lui.

Nous avons cité les personnalités ne pouvant être présentes ce jour là mais qui tenaient à nous encourager pour cette soirée :  Hubert Reeves, Rama Yade, Yolaine de la Bigne, Hubert Montagner, Stone, Aymeric Caron, Corine Pelluchon, Allain Bougrain-Dubourg, Matthieu Ricard et Mylène Demongeot.

Nous précisons que dans un souci de dialogue, nous avions également invité officiellement des personnalités taurines afin qu’elles défendent leur cause. C’était paru dans la presse. Mais comme d’habitude, alors qu’elles n’ont que le mot “courage” et “bravoure” à la bouche, elles ne sont pas venues…

En tant que président de la FLAC, je remercie infiniment toutes celles et ceux qui, parfois, venaient de loin, surtout en plein Festival. Une centaine, environ, dont plusieurs candidats du Parti Animaliste. Et, bien évidemment, l’association membre de la FLAC, No corrida, pour sa présence et son précieux concours.

Dans la salle de projection, outre les représentations d’instruments de torture de la corrida, nous avions affiché sur les murs des photos agrandies de personnalités ayant rejoint notre cause publiquement. Parmi lesquelles, des politiques. Entre autres : Simone Veil, Michel Rocard, Rama Yade, Pascal  Durand, Jean-Marc Governatori. Et parmi les stars du cinéma : Danielle Darrieux (à qui nous avons rendu hommage pour son centenaire), Brigitte Bardot, Alain Delon, Mireille Darc, Sophie Marceau, Mylène Demonjeot, Jean-Luc Godard, Michèle Morgan, Robert Hossein, Lambert Wilson, Jean-Paul Belmondo, Annouck Aimé, Jean Rochefort, Richard Borhinger et bien d’autres…

Il y avait également quelques dessins anticorrida agrandis de Cabu, Tignous et Honoré, avec une petite pensée émue pour Charlie Hebdo…

Brèves de Croisette :  pendant trois jours, arpentant la Croisette afin de distribuer les invitations, nous avons fait les rencontres suivantes :

Claudia Cardinale prend notre invitation à la projection-débat devant son hôtel

Claudia Cardinale, la reine de ce Festival, qui prit notre invitation avec un grand sourire (nous savons que la corrida n’est pas sa tasse de thé…), Frédéric Beigbeder, Edouard Baer, Tomer Sisley, Franck Provost et Michel Denisot. Ces deux derniers, aficionados, nous ont déclaré ne plus aimer la corrida et ne plus y aller… Pas étonnant, quand on sait qu’il y a de moins en moins de peoples dans les arènes afin de ne pas ternir leur image… Ce qui désole au plus haut point les organisateurs de corridas dans les grandes villes taurines françaises. Il faudra qu’ils s’y fassent…

Nous avons également croisé Alexandre Arcady à qui nous avons remis une invitation en main propre, ainsi que d’autres personnalités.

A notre agréable surprise, un membre de l’hôtel Le Martinez, nous ayant vus avec nos invitations, nous demanda de nous en laisser une pile afin d’en diffuser le plus possible. Résultat, le lendemain, cette personne nous affirma que notre invitation avait circulé au maximum dans ce célèbre palace.

Bilan de cette action à Cannes à l’occasion du 70ème anniversaire de son Festival :  une tache de sang est venue souiller les strass et les paillettes… Car la corrida, aussi incroyable que cela puisse paraître, est toujours une triste réalité en France. En 2017…

Encore merci à tous !

Thierry Hély, président de la FLAC

De nombreuses autres photos et des détails complémentaires sont disponibles sur le site de No Corrida.

Crédit photos : Cyril Vaucelle, Roger Lahana, Stéphanie Lahana